Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle

Les enfants, pourquoi avez-vous demandé à communier ce matin pour la première fois ? Pour faire plaisir à vos parents ou grands-parents ? Pour faire une nouvelle expérience et voir « ce que ça fait » ? Pour faire une fête de famille et recevoir peut-être un cadeau ? Toutes ces raisons ne sont pas mauvaises, mais elles ne sont pas suffisantes. J’espère que la raison pour laquelle vous avez demandé à communier ce matin pour la première fois, c’est l’amour. Dieu est Amour, Il aime chacun et chacune d’entre vous infiniment, et Il désire que vous viviez dans l’Amour parce qu’Il sait que c’est ainsi que vous pourrez être heureux et devenir pleinement vous-mêmes. Lorsqu’on vient à la messe, ce n’est pas d’abord par obligation, même si nous obéissons ainsi au commandement de Jésus qui a dit : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Lorsqu’on vient à la messe, c’est d’abord par amour. Lorsque j’avais quelques années de plus que vous, j’ai été tenté de ne plus venir à la messe car j’étais de ceux qui y venaient avec les pieds de plomb. C’est alors que le Seigneur m’a offert une des plus belles grâces de ma vie : après avoir réfléchi, j’ai compris que Jésus était important pour moi et j’ai décidé de changer d’attitude. A partir de ce jour, j’ai participé à chaque messe activement, en chantant, en écoutant les lectures, l’homélie et toutes les paroles du prêtre… et j’y suis toujours venu avec joie ! Si le Seigneur vous invite à communier non seulement aujourd’hui mais tous les dimanches jusqu’à votre mort, c’est parce qu’Il vous aime, et parce qu’Il désire votre amour. Amour de qui ? De Jésus, de l’Eglise, et du monde. Méditons ensemble sur ces 3 dimensions de l’Amour.

 

Premièrement, nous sommes appelés à participer à la messe  par amour de Jésus. Certains chrétiens participent ou non à la messe en fonction du prêtre ou en fonction de l’animatrice de chant. Certes, le célébrant joue un rôle important, il représente Jésus et c’est pourquoi il doit bien préparer ses homélies et l’ensemble de la liturgie, et plus profondément se convertir sans cesse. Certes, l’animatrice de chant est importante parce que la musique aide les croyants à se tourner vers le Seigneur, et c’est pourquoi elle et la chorale (s’il y en a une) doivent bien se préparer. Tant mieux si l’on peut participer à une messe avec un prêtre et une animatrice de chants que l’on aime bien. Mais c’est parfois impossible, notamment dans certaines régions. Dans ces cas-là, le fait de participer à la messe fait encore plus plaisir à Jésus parce qu’on lui montre qu’on vient vraiment pour lui. Et on peut toujours profiter de la messe en priant, en  écoutant bien les lectures, la prière eucharistique…

Si Jésus souhaite venir en nous, c’est parce qu’il désire ne faire plus qu’un avec nous. Et comment ne pas aimer celui qui a donné sa vie pour chacun d’entre nous, au point de livrer son corps écartelé sur une croix et d’y verser son sang. La messe est à la fois un repas où je refais mes forces spirituelles et un sacrifice où je suis appelé à m’offrir à Dieu comme il s’est offert à moi. Si vous ne mangez pas plusieurs fois par jour, votre corps sera faible et vous manquerez de force pour vivre. Si vous ne communiez pas tous les dimanches, votre âme sera faible et vous manquerez de force pour aimer et vivre selon l’évangile.

Saint Philippe Néri aimait tellement Jésus que lorsqu’il célébrait la messe, il tombait souvent en extase. C’est pourquoi il mettait son chat sur l’autel afin de le ramener à la réalité… Thérèse, elle, a écrit à propos de sa 1° communion : « Ce fut un baiser d’amour, je me sentais aimée, et je disais aussi : ‘Je vous aime, je me donne à vous pour toujours’… Ils n’étaient plus deux, Thérèse avait disparu, comme la goutte d’eau qui se perd au sein de l’océan. Jésus restait seul, Il était le maître, le Roi »[i].

 

Deuxièmement, nous sommes appelés à participer à la messe par amour de l’Eglise. Le Corps eucharistique de Jésus et son Corps ecclésial sont parfaitement liés, à tel point que le Ressuscité a demandé à Paul : « pourquoi me persécutes-tu ? » (Ac 9,4) Nous ne venons pas à Sainte Thérèse comme dans un supermarché où chacun peut se servir comme il le souhaite, mais comme dans une famille où nous sommes solidaires les uns des autres. Imaginez une famille où il n’y a pas de repas commun, mais où chacun vient se servir dans le frigo et au micro-ondes lorsqu’il en a envie. Venir à l’église à tout moment de la semaine et de la journée pour prier ou déposer un cierge, c’est très bien, mais ça ne remplace pas la messe dominicale où nous nous rassemblons tous. Nous y sommes unis par la prière, mais aussi par le geste de paix, et ensuite par les échanges que nous pouvons avoir sur le parvis, que ce soit avec ou sans un verre dans la main.

Au temps de l’Empire Romain, quand les chrétiens étaient persécutés, saint Tarcisius, qui avait à peu près votre âge,  a offert sa vie par amour de Jésus et de ses frères chrétiens. Alors qu’il était parti pour donner l’eucharistie à ceux qui étaient emprisonnés, et que les gardes de la prison voulaient l’obliger à lâcher l’hostie consacrée qu’il tenait sur son cœur, au point de finir par le lapider, il a tenu bon jusqu’à la mort. Il nous rappelle que le véritable amour est une Alliance, comme celle Dieu que Dieu a conclue avec Moïse et son peuple, et dont le sang était le signe (1° lect.)… Lorsqu’on aime le Christ, on aime aussi son Corps. Sainte Jeanne d’Arc a dit à ses juges : « le Christ et l’Eglise, c’est tout un ». Et la petite Thérèse a écrit à propos de sa vocation : « dans le cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’Amour ». Aimer le Christ mais pas l’Eglise, c’est comme dire à quelqu’un : je t’aime, mais seulement avec ton esprit, pas avec ton corps. C’est bien le danger qui guette certains sur les réseaux sociaux…

 

Troisièmement, nous sommes appelés à participer à la messe par amour du monde. Les chrétiens ont une responsabilité envers les autres hommes, ils ont reçu un trésor qu’ils doivent partager avec tous. A l’école ou ailleurs, écoutez vos camarades, apprenez à connaître leurs trésors, ceux de leurs cultures, leurs religions, leurs passions… Mais aussi, n’ayez pas peur de leur parler de Jésus, de Marie, des saints… C’est le sens de l’envoi, à la fin de la messe : « allez dans la paix du Christ ». Allez témoigner de la Bonne nouvelle auprès de vos frères, et servez-les comme le Christ nous a servis !

A la suite de Mère Teresa, les missionnaires de la Charité placent au cœur de toutes leurs journées la messe et l’adoration du Saint Sacrement. Ainsi fortifiées, elles peuvent aller servir les pauvres dans des conditions qui pourraient sembler insupportables à d’autres.

 

Ainsi, les enfants, entendez bien l’appel de Jésus aussi souvent que vous le pourrez, et obéissez-y non par contrainte, mais par amour : de Jésus lui-même, de l’Eglise et du monde. Et lorsque vous le pourrez, n’hésitez pas à prendre des temps d’adoration de Jésus présent dans le Saint Sacrement, soit dans le tabernacle, soit exposé à nos regards. C’est ainsi que vous comprendrez vraiment le sens du mot « eucharistie » : action de grâce. Seigneur, MERCI de tout ce que tu fais pour nous[ii] !

P. Arnaud

[i] « Ce fut un baiser d’amour, je me sentais aimée, et je disais aussi : ‘Je vous aime, je me donne à vous pour toujours’. Il n’y eut pas de demandes, pas de luttes, de sacrifices ; depuis longtemps, Jésus et la pauvre petite Thérèse s’étaient regardés et s’étaient compris… Ce jour-là ce n’était plus un regard, mais une fusion, ils n’étaient plus deux, Thérèse avait disparu, comme la goutte d’eau qui se perd au sein de l’océan. Jésus restait seul, Il était le maître, le Roi. Thérèse ne lui avait-elle pas demandé de lui ôter sa liberté, car sa liberté lui faisait peur, elle se sentait si faible, si fragile que pour jamais elle voulait s’unir à la Force Divine ! »

[ii] Comme nous l’avons entendu dans la séquence avant l’évangile : « Louons-le à voix pleine et forte, que soit joyeuse et rayonnante l’allégresse de nos cœurs » !