Je voulais tout d’abord, tout en vous souhaitant un bon temps pascal remercier l’équipe pastorale du Saint-Esprit, et à travers vous, toute l’Eglise, Eglise de Paris, de banlieue et de plus loin encore, pour nous avoir permis, en ces jours difficiles, par votre présence, même à distance, et votre prière à tous de vivre, malgré tout, la fête de la Résurrection. J’ai le sentiment que c’était une prouesse.

Au début du confinement, je pense que nous étions nombreux à nous demander si le monde athée dans lequel nous vivons, n’était pas parvenu à nous enfermer dans une petite boîte dans laquelle nous devrions tourner en rond pendant des jours et des jours, et voir passer la Semaine Sainte, Pâques, le temps pascal, comme si nous étions nous aussi confinés derrière une vitre, comme dans les EHPAD, nous d’un côté et le Christ de l’autre. Bref, nous avions l’impression de nous être fait « rouler »… Ce danger nous guettait mais je crois que l’Eglise est parvenue à le contourner.

J’ai compris que certainement, en nous retrouvant tous très nombreux à suivre pour commencer la bénédiction urbi et orbi exceptionnelle du Pape, le 27 mars, depuis la place Saint-Pierre complètement vide, qui avait été comme le coup d’envoi de cette semaine sainte très particulière, puis les célébrations qui ont suivi, diffusées à travers différents médias ici et là, et même tout simplement les rendez-vous où chacun savait qu’il serait en prière en même temps que d’autres, nous n’avions peut-être jamais vécu à ce point une telle communion à dimension quasi mondiale.

Je crois que ce temps d’épreuve, qui n’est pas terminé, nous est donné pour que nous méditions, nous chrétiens, sur ce qu’est finalement notre foi et jusqu’où nous sommes attachés au Christ. Mais aussi pour que nous nous posions la question de savoir comment aider nos frères athées aujourd’hui perdus devant leur peur de la mort et qui ne se décident pas à se tourner vers Dieu, ce « vieux ringard » comme on le leur a enseigné.

Il y a un an, Notre-Dame brûlait. Un an plus tard, nous sommes en pleine épidémie de coronavirus. Même ceux qui se moquent de la foi, ne peuvent s’empêcher de se poser des questions car leurs certitudes se défont.
Nombreux sont ceux qui s’aperçoivent que la technologie n’est qu’un outil qui ne sert pas obligatoirement à faire le bonheur de l’homme, et surtout que « la science est une méthode pour parvenir à la vérité, mais elle n’est pas la vérité ».

Et encore plus nombreux peut-être sont ceux qui se demandent si tous ces acquis scientifiques et technologiques ne sont pas mis aujourd’hui au service d’un seul Dieu : l’argent.

Et l’écologie ? Il me semble toujours qu’on met la charrue avant les boeufs quand on parle d’écologie. Je crois que tant que l’homme ne prendra pas soin de son âme, il ne sera pas capable de prendre soin honnêtement et durablement de l’environnement* : « Tu trouveras plus dans les forêts que dans les livres. Les arbres et les rochers t’enseigneront les choses qu’aucun maître ne te dira » disait saint Bernard de Clairvaux.

D’autres encore se demandent si Dieu n’a pas envoyé un châtiment sur cette humanité qui croit pouvoir se passer de Lui. Est-ce un châtiment ? D’après l’Ancien Testament, n’est-il pas vrai que Dieu peut se mettre terriblement en colère contre les hommes qui n’en finissent pas de le renier ?

Mais, finalement, ne sommes-nous pas, selon ce que nous apprend l’Histoire et nos histoires personnelles, assez forts, assez intelligents et assez savants pour nous punir tout seuls ?

Personnellement, je crois que Dieu, plutôt que de nous punir, nous avertit. Il ne cesse de nous avertir… « Revenez à moi de tout votre coeur… ».

Cependant, si le Royaume de Dieu n’est pas de ce monde et est éternel, notre temps à nous est limité. Il y a donc tout de même une limite…

Avec tout mon amitié et en union de prière.

Sylvie Kleczek