Le magnifique chapitre 24 de Saint Luc raconte, à travers l’histoire des deux disciples d’Emmaüs, ce qu’est une messe, une liturgie eucharistique. Ne manque-t-il pas quelque chose dans nos messes ? Voyons cela. Vous aurez aisément repéré le rite de l’accueil qui nous met en présence de Dieu avec : « tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha ». Suit le rite pénitentiel avec le « je confesse à Dieu », que l’on retrouve dans la confession « des événements de ces jours-ci… ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth ». Le pardon peut se retrouver dans le témoignage des femmes et des anges « qui disent qu’il est vivant » ; voilà une belle consolation. Suit la liturgie de la Parole, dont l’homélie est faite par Jésus lui-même : « il leur expliqua, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. » (= la meilleur définition de l’homélie). La prière universelle correspond très bien à l’effort qu’ils font « de le retenir ». N’est-ce pas le sens de cette prière que de faire rester le Christ dans nos intentions, nos souffrances… notre humanité. Alors peut commencer la liturgie eucharistique, primitivement appelée « partage du pain ». D’abord, l’offertoire, où le pain est béni et offert ; puis l’anamnèse : « ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cÅ“ur n’était-il pas brûlant en nous » »â€¦ Alors devrait avoir lieu la communion ! Mais Jésus disparaît ! Il devient présent dans le pain. Les deux disciples ont-ils mangé le pain ? Ont-ils communié ? Une chose est sûre : ici l’envoi de la messe est explicite. Il est même doublé du témoignage sous la forme toute simple du partage de l’expérience personnelle de la rencontre du Ressuscité. Cette partie ultime de la messe ne manque-t-elle pas à nos eucharisties ?
Père Bruno GUESPEREAU