Lc 21, 5-11

Voilà la petite péricope eschatologique de Luc (cf. Mc 13 ; Mt 24-25). Le premier signe de ce temps final sera l’imposture d’une figure messianique qui rassemble les foules et fera des sortes de disciples (marchant derrière lui). Puis, la rumeur de guerre, puis la guerre elle-même qui semble totale, puis des catastrophes naturelles et surnaturelles (signes du Ciel). Combien de fois l’humanité a-t-elle traversé de drames qui lui ont rappelée ces paraboles du Christ ? La chute de l’Empire, les multiples invasions, les épidémies de peste ou autres épidémies comme celle que nous connaissons maintenant, la guerre de Cent ans et toutes les autres, la Réforme, avec autant de figures prophétiques qui déplaçaient les foules jusqu’à l’aveuglement total… tous ces fléaux ont poussé certains à s’attendre à un imminent retour du Christ et une fin du temps alors vécue. Pourtant Jésus a aussi dit que c’est au moment où l’on ne s’y attend pas que le Fils de l’homme viendra… Comment comprendre ? Une façon de maintenir le tout ce serait par exemple d’imaginer de telles catastrophes ayant lieu dans un monde sans foi, un monde qui a presque intégralement oublié le Christ et son Eglise, dans lequel cette Eglise est soumise à une grande souffrance. Quand ? La question des disciples reste sans réponse précise, à dessein. La réponse de Jésus invite plus à une attitude de vigilance quotidienne qu’à une prise de rendez-vous sur un calendrier. Plus particulièrement, une vigilance devant l’égarement des hommes à la suite d’une idole humaine. Les avertissements du Christ me questionnent sur ma propre faiblesse à suivre de faux prophètes, investir ma confiance dans une figure pleine de promesses, suivre une posture qui décevra inévitablement à cause du péché. Le Christ ne peut pas décevoir quiconque met sa confiance en lui parce qu’il est sans péché, sans aucune ambiguïté ni double discours, et que c’est dans sa faiblesse que se trouve cachée sa force invincible.

Demandons au Seigneur de ne jamais oublier la faiblesse des hommes et de ne jamais courir derrière eux sans supplier humblement la grâce de la prudence.

P. SFV