Seigneur Jésus après ta résurrection, durant 40 jours tu nous visites avec cette vie nouvelle qui nous réjouit mais qui reste encore difficile à appréhender. Choses promises, choses dues tu vas bientôt nous gratifier de deux grâces inouïes. C’est le double effet de la Pâques.

Ne déflorons pas le sujet que nous découvrirons ce jeudi et 10 jours plus tard, pour notre fête patronale. Restons avec les paroles si fortes de cet évangile  de ton disciple Jean. Par lui, nous avons que, toi le chemin la vérité et la vie, tu nous promets ce matin l’Esprit de Vérité, tel un avocat, un défenseur, et un consolateur.

 

Voir et connaître
 «  l’Esprit de vérité,
lui que le monde ne peut recevoir,
car il ne le voit pas et ne le connaît pas ;
vous, vous le connaissez,
car il demeure auprès de vous,
et il sera en vous. »

Le voir et le connaître des hommes est impuissant à recevoir l’Esprit, l’Esprit de Vérité !
Le voir et le connaître du monde sont les portes d’entrée du monde pour saisir l’Esprit de Vérité , mais visiblement Jean nous dit que ces portes sont incapable de le recevoir.

Je prends l’image des portes, car la plupart d’entre elles ne s’ouvrent que dans un sens. Et donc une porte représente bien la façon de penser des hommes qui, la plupart du temps, fonctionne que dans un seul sens. La porte ne s’ouvre que d’un côté ! Le désir de voir et de connaître chez les hommes est mû par le désir de saisir, et de maitriser. La porte ne s’ouvre que pour prendre…

Or il faudrait ouvrir la porte dans l’autre sens. Saint Jean dit que l’Esprit de Vérité doit être reçu et non saisi, ou pris ! Le mouvement est inverse. En revanche si le voir et le connaître était respectivement contemplation et adoration, alors sans doute que les portes s’ouvriraient sur une connaissance profonde et l’Esprit de Vérité se révèlerai même à nos intelligences limités. En effet dans ce sens ce n’est plus notre capacité qui mesure le résultat mais l’ouverture de la porte c’est à dire notre décision d’accueillir. Il s’agirait ici davantage d’une question de volonté, et sans doute aussi d’affection, et pas qu’une question d’intelligence.

NB on a ici les 3 facultés de l’homme que l’on retrouve d’ailleurs représenté dans notre narthex (voir photo).

Je vous invite donc en ce dimanche pour nous préparer aux jours prochain à décider d’ouvrir toutes grandes les portes à l’Esprit de vérité. Alors se réalisera une ‘inhabitation’ mutuelle puisque Jésus nous promets que  l’Esprit de Vérité peut habiter en nous. « Il sera en vous » avons-nous entendu. Nous serons véritablement le temple de l’Esprit Saint.

 

Voir le Vivant (paragraphe non dit dans la prédication)
Promesse de voir Le Christ ressuscité.

C’est alors que Jean nous promets de voir le vivant. Attention pas n’importe quel vivant ! celui qui est l’auteur de la Vie, avec Dieu son Père et l’Esprit Saint, Celui qui était mort mais que la mort a été incapable de garder dans ses griffes, et enfin Celui qui redonne vie aux mortels ! Ce vivant-là devrait être totalement invisible à nos yeux de chair tellement sa puissance nous dépasse et relève d’une autre réalité ; et voilà que, parce que nous avons eu foi au Dieu invisible, soudainement se révèle à nous une nouvelle dimension de la Vie, qui nous est compatible.

Dans cette recherche de voir la Vie de recevoir la Vie , de vivre de cette Vie, quelle est la nécessité de recevoir l’Esprit de Vérité ?

 

L’Esprit de Vérité

Pourquoi l’Esprit de Vérité est-il si important ? Pourquoi faut-il qu’il soit spécifié ‘de Vérité’ ?
L’Esprit de Dieu est aussi l’Esprit de Vie, de lumière, de force…

Pourquoi l’Esprit « de Vérité » ?

1- Parce que la vérité est une pratique et pas seulement un concept, ou une idée. S’il n’y avait qu’une chose à retenir, ça serait celle-ci : la vérité n’est pas figée dans une idée ou un concept. La vérité est une pratique.

Incise pour les catéchumènes :  (…et pour tous ceux qui veulent renouveler la grâce de leur triple sacrement de l’initiation chrétienne : baptême confirmation et eucharistie)
au-delà des paroles de qui ont accompagné votre catéchuménat, il y a l’apprentissage d’une vie chrétienne, d’une pratique chrétienne. C’est là le lieu test de notre attachement au Christ.

La Parole de Dieu nous invite donc faire la vérité. On peut la faire avec des mots certes, mais aussi avec ses mains, avec son oreille, son nez, ses jambes, etc… Faire la vérité est donc un vrai travail. D’autant plus dur qu’il apporte la lumière et donc dérange ceux qui se contentaient de l’ombre et des ténèbres. « celui qui fait la vérité vient à la Lumière » (Jn 3,21).

2- Ainsi en est-il de Pilate. Même si sa question « Qu’est-ce que la Vérité ? » est politique et n’attend pas de réponse, il se heurte à la mise en pratique de la justice. Il condamne un homme en qui il ne voit « aucun motif de condamnation ». ( Jn 18, 32)
Il a voulu voir et connaître, mais en vain ! Il n’a pas su accueillir le Christ, qui est la Vérité.

3- Après le mauvais exemple, voyons celui de Pierre, qui n’est certes pas bien différent des autres hommes, à la différence que son cœur généreux sait s’ouvrir au Christ. Alors L’Esprit du Christ, l’Esprit de Vérité le purifie. Parce que la vérité a une fonction sanctifiante, purifiante. Dans sa prière finale Jésus demande au Père : « sanctifie-les (=nous) dans la vérité » (Jn 17,17. 19.)

 

Chrétien

Pour terminer avec Pierre, qui parle aux fidèles d’Antioche de Syrie (sur l’Oronte) dont il est devenu évêque après avoir quitté Jérusalem. C’est à eux qu’il écrit sans doute ce que nous avons dans la 2nde lecture. Depuis peu, les fidèles du Christ sont appelés par les païens « chrétiens » les disciples de ‘Chrestos’… une déformation de Christos. Mais ça faisait un joli jeu de mot car Chrestos signifie ‘brave gens’ !
1- C’est un peu condescendant, mais ça veut dire que dès les débuts de l’Église le mode de vie des chrétiens est plutôt altruiste et joyeux, il est donc perçut par ceux qui n’ont pas l’Esprit de Vérité comme une attitude ‘brave’.
2- Deuxième chose qu’on comprend c’est que les fidèles de ‘la Voie’, comme les chrétiens s’appelaient eux-mêmes au commencement, ne sont pas fans de Jésus, mais du Christ. Ils suivent celui qui a l’onction divine. Certes, Jésus et le Christ, c’est la même personne ; mais ce qui est reconnu, ce n’est pas l’attachement à un homme juif de Jérusalem qui aurait fondé une nouvelle religion (c’était assez à la mode à Antioche), mais l’homme ayant reçu l’onction. C’est l’onction de l’Esprit de Dieu qui est perçue. En effet « les nombreux miracles et de prodiges qu’opéraient les apôtres au milieu du peuple » (Ac 5, 12), sont le fait de la pratique de la Vérité, …de l’Esprit de Vérité. Les apôtres sont en constante relation avec le Christ. Ils vivent de l’amour que le Christ leur a témoigné.

« La grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ » (Jn 1,17)


Père Bruno Guespereau