« Jusqu’où ouvrir le livre ? » Brève théologie des Ecritures

Emmanuel DURAND Ed du Cerf 2021-06-25

 

Le lecteur qui n’est pas théologien devra être sérieusement motivé pour aborder cet ouvrage difficile mais passionnant. Peut-on lui proposer une porte d’entrée pour aiguiser sa curiosité ?

Comment comprendre la présence dans la Bible de certaines pages d’une violence inouïes ? Certains épisodes paraissent très primitifs. Autant de sources d’incompréhension pour le croyant car à ses yeux la Bible est la Parole de Dieu. E. Durand le constate, mentionnant « les séquences de l’histoire racontée du peuple élu où Dieu commande – ou du moins est réputé ordonner – des actions excessivement violentes qui sont injustifiables à nos yeux. »

Dès lors il va nous proposer sa démarche en passant au crible de son discernement les explications qu’il juge insuffisantes et en nous invitant à « ouvrir le livre » avec lui.

Mais auparavant il se livre à une étude rigoureuse de la « Constitution sur la Révélation Divine » du Concile Vatican II (en latin « Dei Verbum ») 18 novembre 1965. Il la situe par rapport à la Tradition antérieure : le Concile de Trente, les encycliques… La réflexion sur la Parole de Dieu ne s’est pas arrêtée au Concile. Il nous fait bénéficier de l’apport de l’Exhortation post-synodale « Verbum Domini » du Papa Benoît XVI (2021) ainsi que de « l’interprétation de la Bible dans l’Eglise » de la Commission Biblique Pontificale (1993) parue en 2013 aux Ed. du Cerf avec une allocution de Jean-Paul II.

C’est ainsi que nous allons pouvoir réfléchir avec E. Durand autour de la doctrine de l’inspiration : comment comprendre que le livre ayant Dieu pour auteur est en même temps l’œuvre d’un auteur humain. Quelle place accorder à ce que ce dernier a voulu dire et même à ce qu’il a dit sans s’en rendre compte ?

C’est alors que nous pourrons aborder notre question de départ. Trois citations pourront nous donner une idée de sa réponse à la question-titre mais c’est bien une lecture intégrale et exigeante su livre qu’elles voudraient susciter :

« Lorsque Dieu donne la Loi à son peuple, lorsque la Sagesse est communiquée à Israël, Dieu engage un vivre ensemble de longue haleine avec l’humanité. La Bible est un témoin privilégié de cette « conversation » au double sens du dialogue et du partage d’une vie commune. » (p 145)

« Lors du procès de Jésus, même les incompréhensions, les caricatures et les détournements des opposants sont mystérieusement assumés et deviennent l’écrin paradoxal de la révélation divine. »(p 145)

« Bien des récits bibliques de l’Ancien Testament trouvent leur résolution ou leur correction par la figure unique du Christ Jésus ». (P 146)

Emmanuel Durand achève son ouvrage en invitant à lire les Ecritures avec l’Esprit du Christ ressuscité. Ce qui signifie pour lui plusieurs choses. Gardons l’une d’entre elles en conclusion :

« Il me semble, enfin, que lire les Ecritures avec l’Esprit du Seigneur suppose d’entendre, avec le Christ Jésus, le cri du monde… Assurément nos pensées, nos postures, nos entreprises et nos traditions ne sont pas encore pleinement converties. L e bruit du monde et la plainte des sans-voix en sont les signes dérangeants ». (p 195)

P. Christophe