La crainte est un mot qui fait peur, on imagine à tort que Dieu nous inspire la peur parce qu’il est terrifiant. Au contraire, la crainte de Dieu manifeste un grand respect rempli d’amour à l’égard de Dieu. Elle nous vient de notre condition humaine, face à la grandeur de Dieu.

 

Dans la Bible, on voit que chaque fois que Dieu se manifeste, cela commence par un réflexe de crainte de la part de l’homme :

– Adam pécheur a eu peur et s’est caché dans le jardin,

– Dieu dit à Moise que l’homme ne peut pas se tenir en sa présence et vivre,

– la Vierge Marie au moment de l’annonciation est bouleversée,

– les disciples sont dans une attitude de crainte au moment de la transfiguration sur la montagne quand ils voient cette nuée lumineuse qui passe.

 

Dieu est parfois présenté comme celui qui « punit ». Mais la colère de Dieu ne le met pas « hors de lui », à la façon des hommes. Il ne perd pas son sang froid. La sévérité divine est le signe d’une miséricorde inconditionnelle. Sans amour cette crainte ne serait que l’angoisse.

Heureusement que l’Esprit saint nous purifie de cette angoisse, en faisant naître en nous, non seulement une crainte qui est conciliable avec l’amour, mais qui est la conséquence : la crainte de faire de la peine à l’Etre aimé, de détruire par notre propre faute les fondements de l’amour. Celui qui aime Dieu sait que la seule angoisse est d’être séparé de lui.

 

Quand je cherchais ma vocation et me posais la question de la vie contemplative, ma seule crainte était de faire la moindre peine à Jésus qui a tant souffert à cause de nos péchés. Une peur de manquer aux exigences de cet amour, de ne pas en faire assez pour Dieu. Mais ce n’est pas la crainte d’être punie, ou de se faire mal, ou de se donner de la peine. C’est même juste le contraire. Dieu mérite qu’on le serve avec cette parfaite fidélité, et il nous donne sa grâce pour cela, la grâce des dons du Saint-Esprit. Dieu veut nous conduire à lui par amour, non par la force ou par peur. La peur fait fuir tandis que l’amour apaise et attire.

 

Plus j’avance dans ma vie de femme mariée, plus je me rends compte que Dieu nous laisse libre de choisir notre vocation et il nous donne la grâce de l’accomplir. J’ai vraiment reçu cette grâce en recevant le sacrement de mariage avec Jean.

 

C‘est la crainte que Saint Jean de la Croix a eu à l’âge de 5 ans, une peur de salir la Vierge Marie (une dame éblouissante de pureté et de lumière) qui lui tendait les bras pour le sauver de la mare boueuse, pleine de vase noire et sale dans laquelle il était tombé. Crainte de ne pas être assez pur pour toucher les mains de la Vierge Marie.

 

Le don de la crainte de Dieu nous rappelle au fond que nous sommes des hommes et femmes, tout petits face à la grandeur de Dieu. Se rappeler que nous sommes petits n’est pas dire que nous sommes moins que rien, mais au contraire c’est nous mettre à notre juste place.

Tout d’abord pour nous émerveiller devant un Dieu qui vient se mettre à notre portée en devenant petit enfant, en acceptant de mourir sur une croix pour nous, en nous parlant.

Puis, ce don nous aide à nous souvenir que le seul qui doit être adoré c’est Dieu. On n’a pas à rechercher dans l’autre, quelque chose que seul Dieu peut nous donner. On n’a pas à adorer les autres, par exemple mon époux ou les membres de ma famille ou de ma communauté pour qu’ils me comblent entièrement. Le seul qui peut nous combler entièrement c’est Dieu.

 

Le don de la crainte nous fait vivre dans une dépendance aimée, dans le désir inlassable et voulu du regard de Dieu. C’est exactement ce qui se passe pendant l’adoration. Quand j’adore Jésus, j’ai conscience de me laisse aimer de Dieu. C’est un don qui nous permet de nous tenir en présence de Dieu sans avoir peur et avoir la certitude de n’être jamais seul, ni abandonné et de vivre dans l’assurance d’être toujours aimé et protégé.

Nous ressentons le besoin de nous prosterner devant Jésus dans l’adoration, le silence admiratif est une adoration sans fin de l’Amour. Son regard d’amour nous protège, nous rassure et nous parle à travers sa parole, l’Eucharistie, sa providence. Ce don nous fait désirer la présence de Dieu.

 

Demander le don de la crainte de Dieu, c’est vouloir grandir dans un amour très profond pour Dieu qui s’est fait proche de nous, pour continuer à vraiment adorer Dieu. Qu’il nous donne cette crainte qui est pure et belle et qui nous rend vraiment enfant de Dieu. D’ailleurs, le don de crainte nous inspire cet esprit d’enfance qui n’a pas peur, qui se tient confiant et joyeux en présence du Père à l’exemple de Jésus. Ainsi toute peur est bannie.

 

Ashline WILSON-SOMME