Ce dimanche de prières pour les vocations permet de se rapprocher d’un tableau célèbre que certains paroissiens ont vu lors du pèlerinage à Rome avec le père Stanislas en 2016 en l’église Saint Louis de Français.

Ce récit est présent dans trois textes : Mt 9,9 ; Mc 2,14 ;Lc 5,27 ; proches et brefs, disant ; « En passant, Jésus vit un homme du nom de Levi, assis au bureau des taxes. Il lui dit : « Suis-moi. ». Il se leva et le suivit. »

Sans entrer dans une description savante, que voit-on dans ce grand tableau (322 x 340cm) ?

Une fidélité aux récits évangéliques, malgré une certaine provocation dans la représentation des personnages.

Deux groupes : à gauche, sur les ¾ du tableau, cinq hommes, assis autour d’une table avec des attitudes très diverses. A droite deux personnages, debout : le Christ et devant lui St Pierre. Sur la moitié supérieure ne figure qu’une fenêtre dans laquelle les vitres forment une croix marquant la séparation entre les deux groupes. Et puis… un faisceau lumineux intense, venant de la droite, ne provenant pas de la fenêtre.

Comme dans tous ses œuvres religieuses, le peintre fait de la lumière le véritable protagoniste de son tableau. Cette lumière dont on ignore la source, attire l’attention du spectateur sur l’essentiel de la scène : elle affecte des endroits bien précis : une partie du visage du Christ, sa main, le dos de Pierre, sa main, les visages de quatre des personnages.

De toute évidence, cette lumière symbolise l’action de la grâce divine. « Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres ; il aura la lumière qui conduit à la vie. » (Jn 8, 12), et rejoint la pensée Augustinienne selon laquelle Dieu accorde le salut par la lumière de la grâce.

Mais qui est Matthieu ? La question divise. A première vue, le barbu au visage interrogatif ? mais son doigt désigne peut-être un des personnages du fond ? Le jeune homme de dos, prêt à se lever ?

Et si… toutes ces personnes représentaient diverses attitudes d’un seul et même Matthieu ? Hypothèse hardie ?

Après cette irruption imprévisible du Christ, l’homme, touché par cette lumière, avec la médiation de l’Eglise (présence de Pierre), doit pleinement assumer sa liberté par un acte d’acceptation ou de refus : un « oui » ou un « non ».

Caravage cherche ici une synthèse personnelle dans son expérience à se confronter avec le passage du Christ dans sa vie. Mais le passage de la grâce que le Christ adresse gratuitement à chacun de nous et qui illumine tout homme pour le sauver des ténèbres du péché, ne nous concerne-il pas personnellement ?

En conclusion, reprenons les termes du pape Benoit XVI dans son discours prononcé le 21 novembre 2009, dans la chapelle Sixtine devant 260 artistes : « L’art et la foi sont indissociables. L’art peut assumer une valeur religieuse et se transformer en un parcours de profonde réflexion intérieur et de spiritualité. »

J C Bonnefis