Je n’ai pas été catéchisé enfant mais juste baptisé. C’est d’abord l’architecture qui a suscité la question de Dieu en moi. Je l’ai longtemps cherché et de toutes mes forces, mais surtout partout où Il n’était pas.

En 1997- j’ai alors 25 ans – un matin en allant à l’école d’architecture, je suis renversé de mon vélo par un camion. Fracture et tassement d’une vertèbre. Je me retrouve alité à l’hôpital sans pouvoir me lever. C’est impuissant dans cette chambre d’hôpital, que j’ai fait l’expérience de la présence du Seigneur. Je l’avais cherché de toutes mes forces et c’est alité et dépendant qu’il est venu me rejoindre. Il m’a fallu ensuite encore trois ans pour franchir la porte de l’église et demander la communion. Mais cette Rencontre a changé ma vie. Dès lors je ne pouvais plus me taire, j’étais intarissable et sans doute un peu agaçant pour mon entourage. J’ai eu de nombreux engagements en Eglise : animateur en aumônerie, responsable de groupe de jeunes professionnels, membre de l’équipe liturgique et du conseil pastoral de ma paroisse.

En 2012, j’ai vécu l’épreuve de la séparation et je me suis de nouveau retrouvé à terre. Ma vie s’est effondrée, je ne voyais plus d’avenir possible. La douleur était immense et m’a fait me taire. Le combat a été violent, je l’ai perdu. La guérison a été lente. Durant toute cette période, la foi, la prière, les sacrements (en particulier de réconciliation), les partages dans un groupe de parents seuls et l’accompagnement spirituel ont été une « ligne de vie ». Les grâces du Seigneur ont été nombreuses en particulier celle du Pardon.

En 2016, j’étais exsangue, épuisé, mon corps a lâché et je suis tombé malade. En août j’ai décidé de faire une retraite selon les exercices spirituels de St Ignace, à St Hugues de Biviers.

J’étais en prière, dans l’oratoire en haut, face au petit tabernacle. Le texte d’Isaïe 43, 1 est devenu vivant : « qui t’a créé ? », « qui t’a façonné ? ». L’interpellation m’a plongé dans la crainte et la réponse était de douceur : « Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi ». Puis tout a basculé dans une autre dimension et je n’ai plus rien maîtrisé…la Rencontre a d’abord commencé dans une infinie douceur et fraîcheur. Je ne connaissais pas cette délicatesse en Dieu. Puis il y a eu une grande chaleur, je me suis senti rempli d’amour et j’ai débordé, et débordé et débordé. J’étais en larmes, prosterné, le visage sur le sol. J’avais déjà fait l’expérience de l’amour du Seigneur, mais c’était incommensurable. J’avais déjà fait l’expérience d’une Présence, mais celle-ci était Même et Singulière. Dans ce temps avec l’Amour, j’ai reçu la certitude que le Seigneur avait entendu mes prières, accueilli mon désir de renouvellement de mes promesses de baptême.

Dans les jours qui ont suivi le Seigneur m’a permis des libérations intérieures, permis de distinguer un peu mieux ce qui venait de moi et ce qui venait de lui. Il m’a surtout montré le chemin que je devais prendre. Il était improbable et difficile mais c’était celui de la vérité. Venant après le pardon reçu et donné, ce Don nouveau a été le début de mon relèvement. J’ai reçu dans cette effusion la force de faire le premier pas puis de reprendre le Chemin. « Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi ».

Une vie est de nouveau possible, un chemin s’ouvre.

J’ai de nouveau ce grand désir de don et d’annonce…, avec beaucoup plus de douceur et d’humilité.

 

Cyril Boucaud