« ABUS ET SCANDALES DANS L’EGLISE : POUR UN DIALOGUE REPARATEUR »

 

22 MAI 2019

 

8, rue de la Durance. Paris 12ème

 

Organisé à l’initiative du Conseil Pastoral de la paroisse du Saint Esprit (Paris 12ème)

 

 

 

 

Suite aux abus et scandales qui frappent l’Eglise et à l’appel du Pape François (lettre au Peuple de Dieu du 20 août 2018), la paroisse du Saint-Esprit a organisé une soirée paroissiale le mercredi 22 mai 2019 de 19h à 22h rassemblant un peu plus de 60 personnes.

 

Tous les paroissiens avaient été largement invités à participer à cette soirée.

Tous les groupes de la paroisse avaient reçu une lettre d’invitation, les incitant à convier tous leurs membres et proches à s’associer à cette démarche.

 

Les participants ont eu à leur disposition comme textes de référence les lettres du Pape François (celle du 20 août 2018 au peuple de Dieu, et celle du 31 mai 2018, aux catholiques chiliens) qui étaient distribuées à l’accueil de la soirée. Ces textes étaient depuis plusieurs jours disponibles sur le site Internet de la paroisse et à l’accueil de la Paroisse.

 

 

On trouvera donc ci-après :

  1. Le texte de l’allocution d’introduction à la soirée.
  2. La synthèse et restitution finale des travaux en groupes.
  3. Le texte de la prière partagée tous ensemble.
  4. La conclusion de la soirée par le P. Arnaud Duban, curé de la paroisse du Saint-Esprit.
  5. Les deux textes de référence (lettres du Pape François).

 

 

 

 

 

************************

 

  1. Texte de l’allocution d’introduction à la soirée

 

Bonsoir à tous et bienvenue à cette soirée que notre comité d’organisation a souhaité intituler «  Abus et scandales dans l’Eglise, pour un dialogue réparateur ».

 

  1. Les raisons et le contexte de cette soirée  d’abord. Les objectifs et notre philosophie

 

Comme nous tous ici, nous avons été touchés par la succession de scandales et de dénonciations d’abus qui ont concerné l’Eglise ces derniers mois. Ces révélations ont suscité chez nous des réactions variées : déni, souffrance, incompréhension, indignation, révolte, sentiment de trahison ou peut-être encore soulagement de voir mis au jour des actes longtemps tenus cachés. Puis il y a eu la lettre de notre Pape François au cœur de l’été dernier, adressée à tous les membres du peuple de Dieu, et qui a résonné comme un appel au secours.

Plusieurs paroisses et centres de formation en France et en particulier à Paris ont alors décidé de proposer des rencontres et débats ouverts à tous sur ces sujets graves. C’est dans ce contexte que le Conseil Pastoral de notre Paroisse a pris l’initiative d’organiser une telle rencontre.

Un comité d’organisation s’est alors constitué : quelques membres du Conseil rejoints par d’autres  hommes et femmes engagés dans des activités paroissiales.

 

Forte de l’expérience vécue le 13 mars dernier avec la soirée « Dialogue citoyen », à laquelle certains d’entre vous ont peut-être participé, notre équipe est convaincue des bienfaits pour tous de la création d’un espace de dialogue, le temps d’une soirée, pendant laquelle la réflexion collective s’engage, par les échanges, avec bienveillance, écoute et respect de l’autre, pour conduire à l’apaisement des blessures et à la reconstruction.

« Quand il y a une blessure on commence par la nettoyer ». C’est ce que nous allons essayer de faire tous ensemble ce soir.

 

Ce soir c’est donc un « Dialogue » qui est proposé, une rencontre, un partage d’expérience, un témoignage, et non un débat. Ce soir il n’y aura donc pas de débat au sens propre du terme.

Chacun s’exprimera en son nom propre, dans son intime conviction, n’engageant que lui-même. Chacun accueillera les propos de l’autre sans les juger ni les commenter.

 

L’objectif de cette soirée est aussi de produire un document de synthèse.  Il s’agira de la contribution de notre communauté, même si elle est modeste par sa portée, à la « réparation » de notre Eglise. Cette synthèse sera largement diffusée ultérieurement à tous dans la paroisse et au-delà, comme nous l’avons fait pour le « Dialogue citoyen ».

 

Si vous souhaitez recevoir directement par mail ou par courrier cette synthèse, il vous suffit d’indiquer vos coordonnées sur la feuille à l’entrée.

 

Dans cet esprit d’ouverture et de contribution à la réflexion collective notre Comité d’organisation proposera au Conseil Pastoral une suite possible à cette soirée d’aujourd’hui à une date et dans une forme restant à définir.

Celle-ci pourrait prendre la forme d’une 2ème rencontre paroissiale à laquelle des intervenants extérieurs seraient invités à réagir, débattre avec nous tous de la synthèse qui aura été collectivement produite ce soir et des pistes pour l’avenir.

 

Il nous sera donc proposé dans quelques minutes de réfléchir ensemble, par un travail en petits groupes accompagnés d’un modérateur et de manière conviviale autour d’un buffet, aux 3 questions ci-dessous :

 

  1. La parole qui libère : s’exprimer, dire son ressenti à propos des évènements, écouter les autres, se sentir écouté (bienveillance, confiance et sans débat)
  2. Les temps des questions : quelles questions l’on se pose ou que l’on veut poser ?
  3. Ce que nous voulons, ce que nous pouvons faire au niveau personnel et au niveau de la paroisse et nos propositions au niveau de l’Eglise universelle

 

Nous souhaitons que règne dans ces petits groupes un climat qui permette les éventuels témoignages de victimes ou de leurs proches.

 

Une dernière chose avant de nous séparer en petits groupes. Je lisais l’autre jour dans l’Express (le numéro spécial consacré à l’incendie de Notre-Dame) l’interview du neuropsychiatre Boris Cyrulnik. Il disait la chose suivante à propos de la réaction de chacun, chacune, par rapport à cette tragédie « Quand on appartient à un groupe on se sent plus fort. Beaucoup de travaux ont été faits sur les peuples migrants, après une catastrophe naturelle ou une guerre. On constate que les migrants qui résistent le mieux à cette épreuve sont ceux qui partagent une tradition. A l’inverse ceux qui s’effondrent et manifestent le plus de souffrances psychiques sont ceux qui n’ont pas su partager ces traditions. » Et de conclure en disant « Ainsi, la plupart des gens qui ont pleuré, prié comme je l’ai fait, sont protégés par le partage d’un patrimoine commun même s’ils ne sont pas chrétiens. »

Notre communauté paroissiale, notre Eglise, notre foi commune de chrétien, sont plus qu’un patrimoine, plus qu’une tradition. Nous avons donc toutes les chances de réussir à réparer (nous-mêmes et en même temps l’Eglise) !  

 

  1. Programme de la soirée / Organisation / Modalités

 

19h : Salle Jean Eudes – Accueil. Intervention d’ouverture et de lancement. Formation des groupes.

 

19h30 – 20h45 : Echanges en petits groupes : les 3 questions.

Chaque groupe est assisté par un modérateur dont le rôle est de s’assurer que la parole puisse bien s’exprimer, de prendre des notes en vue de la synthèse finale ultérieure, de veiller au climat d’écoute et de dialogue. Le modérateur s’assurera qu’un rapporteur soit désigné afin de répercuter en session plénière les points forts que le groupe aura identifiés.

 

20h45-21h00 : Buffet-pause.

 

21h00-21h40 : Retour salle Jean Eudes.

Brèves remontées des groupes (4 mn environ par groupe),

Questions et dialogue : réactions de la salle par rapport aux remontées des groupes.

 

21h40-22h00 : Temps de prière, de chants et d’action de grâce.

 

22h00 : Clôture (P. Arnaud Duban, curé de la paroisse)  Prière du Notre Père (tous ensemble)

 

22h15 : Fin de la soirée. 

 

 

 

  1. SYNTHESE GENERALE : synthèse et restitution finale des travaux en groupes

 

La synthèse ci-dessous reprend pour chacune des 3 questions citées précédemment ce qui a été dit dans chacun des 6 groupes de discussion.

Il convient de souligner qu’il s’agit de propos individuels qui ne sauraient en aucun cas être considérés comme une prise de position de l’ensemble des participants.

Enfin il faut noter que la majorité des groupes ont passé beaucoup de temps sur la première question, ce qui est révélateur d’un besoin de s’exprimer sur ce sujet.

 

  • La parole qui libère, le ressenti de chacun
  • Un soulagement, une satisfaction, que l’on en parle enfin et que le silence ait été brisé par le Pape ; la vérité éclate non seulement en France mais partout dans le monde sur des sujets dont on connaissait l’existence mais depuis trop longtemps enfouis. L’abcès est percé et un « système » est dénoncé.
  • La stupéfaction et l’atterrement face à un sujet que l’on découvre et face à son ampleur.
  • Une certaine réticence, au début, à y croire.
  • L’agacement vis à vis de ceux qui sont dans le déni.
  • De l’incompréhension : pourquoi l’institution a-t-elle mis autant de temps à réagir ? ça pose question. C’est presque impardonnable !
  • La révolte contre une organisation (L’Eglise ?) et (certains de) ses représentants qui ont pu couvrir les faits par un silence coupable.
  • On éprouve un sentiment de trahison quand on s’est trouvé en présence d’évêques qui semblaient sincères et qui pourtant couvraient des abus criminels dont ils avaient connaissance.
  • La stupéfaction que l’on ait pu cacher plutôt que dire ou dénoncer ce qui était un crime.
  • Le temps qu’il a fallu pour que la vérité éclate au grand jour.
  • L’étonnement d’apprendre la légèreté avec laquelle les solutions ont été apportées : simple déplacement de certains auteurs d’actes pédocriminels.
  • Le choc d’entendre que certains crimes auraient été justifiés soi-disant au nom de Dieu.
  • La question que pose l’incohérence, la contradiction entre le fait du crime commis en tant que tel et le milieu dans lequel celui-ci a été commis qui par définition est celui d’un environnement hautement spirituel d’où un sentiment parfois de trahison de la confiance.
  • La confiance abusée des victimes souvent déjà les plus vulnérables, les plus « petits » d’entre les membres de la communauté chrétienne qui avaient le plus besoin de soutien, de modèle pour grandir et qui se voient devenir les victimes de ceux-là mêmes à qui ils avaient confié leurs espoirs, leur confiance.
  • Une grande peine et une pleine compassion pour la souffrance des victimes, leur nombre important, la prise de conscience des séquelles qu’elles supportent toute leur vie.
  • On salue (et admire même) le courage des victimes qui ont osé s’exprimer sur ce qu’elles ont subi et qui pour certaines d’entre elles ont réussi à conserver la foi.
  • Une grande peine qui rejaillit sur toute la communauté chrétienne et face à cette épreuve qui entache une Eglise déjà affaiblie. De la douleur en solidarité avec notre Eglise : « j’ai mal à mon Eglise ».
  • Depuis ces révélations, le regard que me portent les autres est difficile à vivre ; d’où ce besoin que j’ai de regarder l’Eglise dans les yeux pour qu’elle me dise comment on peut en arriver là. Je veux qu’elle me dise quoi faire et qu’elle me le dise en termes clairs, qu’on puisse comprendre et pour qu’on puisse répondre aux questions que me posent les autres.
  • Pour une grande part, l’impact qu’ont eu l’émission d’Arte sur les religieuses abusées et le film Grâce à Dieu de François Ozon.
  • On est abattu par le contenu du livre Sodoma.
  • Des noms reviennent dans plusieurs groupes : les légionnaires du Christ (P. Marcial Maciel), les frères de Saint Jean (Fr. Marie-Dominique Philippe).
  • Une certaine déficience de charité à l’égard de personnes accusées de dissimulation des faits et traitées aujourd’hui comme si elles en avaient été les auteurs ; discerner entre la réelle responsabilité et celle supposée (se garder de faire des boucs émissaires).
  • Les dérives de la pédocriminalité existent dans de nombreux systèmes (l’Education Nationale par exemple) et milieux (show biz) mais l’Eglise a plus que les autres un devoir d’irréprochabilité morale car elle relève d’un domaine à part qui est le spirituel. Ceci étant l’Eglise est une institution : l’Eglise c’est aussi nous les chrétiens. Les laïcs ne sont ils pas aussi coresponsables ? S’il est vrai que tout le monde savait, pourquoi n’avoir rien dit ? Et moi si j’avais été au courant qu’aurais je fait ?
  • On se dit rétrospectivement qu’on aurait dû réagir quand on a constaté que certains prêtres faisaient preuve « d’autoritarisme » sans aller forcément jusqu’aux abus dont on parle dans l’actualité.
  • Ces abus sexuels ne sont que l’aspect le plus terrible d’une attitude plus large qui consiste à vouloir imposer une autorité morale excessive sur les consciences des laïcs.
  • Se pose la question du distinguo que l’on peut faire entre l’autorité morale et spirituelle d’une part et l’autorité « matérielle et/ou organisationnelle et /ou managériale » d’autre part. Une même personne peut/doit-elle cumuler les deux autorités ?
  • Ne pas faire l’amalgame entre ce qui relève de la morale et ce qui relève d’un crime ou délit. La loi punit le délit et chaque citoyen est concerné par la bonne mise en œuvre et l’application de la loi.
  • Alors que le Christ a établi le principe de séparation foi/cité (« Rendez à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César »), il est désolant que l’Eglise n’ait pas appliqué ce principe à ses propres déviances.
  • Se garder de généraliser à une organisation, un ensemble ou un groupe humain les faits déviants et condamnables de quelques uns ; faire un effort de discernement.
  • Une amplification exagérée de faits isolés par les réseaux sociaux et les médias.
  • Le besoin et la nécessité de prier pour les victimes, mais aussi pour les auteurs, pour la communauté chrétienne rassemblée dans notre Eglise, pour les prêtres et leur ministère, pour que de cette grande épreuve sorte un renouveau meilleur pour le bien de toutes et de tous. Et qui participe de la construction du royaume de Dieu sur la terre.

 

 

  • Le temps des questions

Les victimes

  • Comment aider les victimes ?
  • Comment et dans quel type de lieu peuvent être accueillies la parole des victimes et/ou celle des auteurs des abus ?

L’Eglise 

  • Pourquoi la Conférence des Evêques de France a mis autant de temps pour réagir ?
  • Comment se fait-il que certains prêtres ou évêques n’ont pas pris la mesure des dégâts de tous ordres causés sur les enfants abusés par des prédateurs (prêtres ou encadrants laïcs)
  • Pourquoi l’Eglise a-t-elle couvert tout cela ? Qui a ordonné de couvrir ?
  • Comment l’institution a-t-elle écouté les « lanceurs d’alerte » ou les laïcs qui s ‘inquiétaient de certains débordements depuis longtemps ?
  • L’obéissance en Eglise : quid en cas de conflit entre l’obéissance à sa conscience et l’obéissance à son supérieur ?
  • Le secret de la confession : un prêtre qui reçoit une confession lourde (exemple confession d’un crime), qu’en fait-il ? Y a-t-il des cas pour lesquels le secret de la confession peut être levé ?
  • Où se sont déroulés ces abus ? N’est-ce pas surtout là où les prêtres sont seuls et débordés ?
  • Jésus a expulsé les marchands du Temple. Par rigueur et cohérence il a transgressé les règles juives de l’époque. Pourquoi l’Eglise ne fait-elle pas preuve des mêmes rigueur et cohérence ?
  • L’Eglise est dans le monde. Est-ce au monde de changer l’Eglise ou à l’Eglise de changer le monde ?
  • L’Eglise, à travers l’épreuve qu’elle traverse aujourd’hui (comme elle en a traversé d’autres dans le passé), n’est-elle pas conduite à exercer une certaine « (auto) purification sociétale » ?

Hiérarchie et cléricalisme

  • Comment sortir du cléricalisme ?
  • Comment permettre à tous les baptisés de s’exprimer ?
  • L’organisation hiérarchique et sociale actuelle de l’Eglise n’est elle pas surannée ? La question de l’autorité collégiale en particulier celle associant clercs-laïcs n’est elle pas à envisager, inventer, définir et mettre en œuvre ?
  • La confusion entre l’autorité spirituelle et managériale ou matérielle n’est–elle pas à remettre en cause ? Le Droit Canon interdit la confusion entre autorité hiérarchique et autorité spirituelle, est-ce toujours bien respecté ?

La formation des prêtres

  • Ce sujet est-il abordé aujourd’hui dans la formation des séminaristes ? L’était-il auparavant ?
  • Quel discernement est réalisé à propos de celui qui entre au séminaire ? Par qui, quand et comment, tout le long de la préparation à la prêtrise ? Comment est faite l’évaluation de l’aptitude au sacerdoce ? Comment sont abordées les questions du corps, de la sexualité pendant les études ?
  • Le célibat des prêtres n’est-il pas en partie la cause du problème ? Ne peut-on pas le remettre en question ?
  • Comment est prise en compte la question de la dimension humaine dans la formation mystique ? N’y a t’il pas là une source possible de déséquilibre et de fragilité ?

Le rôle des laïcs

  • Si j’étais confronté à une telle situation ou si l’un de mes proches l’était, que ferais-je ?
  • Les laïcs se sentent ils habilités (au sens légitimes et/ou capables) à intervenir quand ils constatent l’existence d’une situation potentiellement malsaine ? Sont-ils légitimes et/ou capables de mettre en place une forme de prévention pour que ces situations ne puissent exister ?
  • Comment mieux soutenir nos prêtres dans leur mission ?

La place des femmes dans l’Eglise

  • Quelle place actuelle pour les femmes ? Quelle légitimité ?
  • N’y a t’il pas une forme de discrimination à l’égard des femmes comme elle existe dans la(les) société(s), et dans le monde. Et pourquoi ?

Divers

  • Y a-t-il des statistiques sur les demandes d’apostasie ?

 

 

  • Le temps des solutions : ce que nous pouvons faire et proposer à différents niveaux

 

Personnel

  • Ne pas juger, ne pas exiger la perfection, un prêtre est un être humain (Jésus est le Verbe de Dieu fait Homme).
  • Témoigner que l’Eglise c’est nous, que nous sommes scandalisés.
  • Etre attentif et écoutant. Ne passons-nous pas parfois comme aveugles et sourds à côté de détresses, d’appels ?
  • Avoir un regard plein d’Espérance sur l’Eglise.
  • Prier pour les prêtres.
  • Prier pour les victimes.
  • Entourer davantage nos prêtres.
  • Soutenir les prêtres à qui nous pouvons dire merci – Merci (rendre grâce pour) à tous ces saints prêtres que nous avons pu rencontrer au cours de notre vie.

Paroisse

  • Faire venir dans le cadre d’une soirée paroissiale un responsable de l’Eglise en charge de ces questions.
  • L’obligation au célibat pour les prêtres, contestée par nombre d’intervenants : organiser une conférence avec un historien et un théologien (spécialistes de cette question) sur les raisons et les fondements de cette obligation introduite par le Concile de Latran pour des raisons économiques et politiques. Y faire témoigner des religieux et des prêtres ayant une vie sexuelle et familiale (prêtres d’Eglises catholiques orientales, pasteurs anglicans et protestants, prêtres réduits à l’état laïc..) sur la façon dont ils vivent leur ministère tout en étant mariés.
  • Au niveau paroissial, créer un espace pour s’exprimer, pour dialoguer. Exemple : Ne pourrait-on pas imaginer un support sur lequel on pourrait réagir à une homélie, à une actualité paroissiale ou de l’Eglise, …(le site internet pourrait-il permettre cela ?).
  • (Re) faire des assemblées paroissiales.
  • Créer un lien entre conseil pastoral et paroissiens.
  • [Re] découvrir ce qu’est le prêtre.
  • De la part des laïcs : décharger les prêtres des  tâches qui peuvent être déléguées (en particulier matérielles)  => structurer des groupes de laïcs dédiés à ces questions ?
  • Une plus grande collégialité et participation des laïcs aux décisions et à la liturgie ; en contrepartie ou en corollaire développer la pratique de la « correction fraternelle ».
  • Accroitre la formation des laïcs.

L’Eglise universelle

  • Ordination d’hommes mariés.
  • La prévention : être vigilant à ne pas permettre de s’établir des situations qui pourraient faciliter certaines dérives (rôle des laïcs et des clercs).
  • Par analogie avec ce qui se passe dans l’univers de l’entreprise, prévoir des lieux neutres et objectifs (sécurisé) où l’on pourrait accueillir la parole, signaler ce que l’on ressent.
  • Par analogie à ce qu’on appelle la supervision dans le domaine de la psychologie/psychanalyse, envisager de la part de l’autorité religieuse un soutien attentif et un suivi régulier de ses clercs (prêtres, religieuses) dans toutes leurs dimensions.
  • Revenir à la simplicité des premiers temps de l’Eglise (moins de pompe).
  • Veiller à une totale séparation, au sein des congrégations religieuses, entre le rôle du supérieur et celui du confesseur pour éviter toute emprise qui pourrait induire une manipulation psychologique (respect de ce qui est prévu dans le Droit Canon).
  • Organiser des temps de prières et de guérison pour les victimes et pour les auteurs de crimes sexuels (prêtres ou responsables encadrant des jeunes).
  • Prier pour notre Eglise Universelle et en particulier en cette épreuve qu’elle traverse.
  • L’organisation hiérarchique et sociale actuelle de l’Eglise est à réformer. La question de l’autorité collégiale et en particulier celle associant clercs-laïcs n’est elle pas à envisager, inventer, définir et mettre en œuvre ? Introduire et institutionnaliser plus de collégialité dans les décisions paroissiales ou diocésaines par exemple.
  • Réfléchir, élaborer et mettre en œuvre des réformes visant à accorder sur un plan général une plus grande place des femmes dans l’Eglise (diaconat, ordination, parité ?)

 

 

 

  1. Temps de prière, de chants et d’action de grâce.

 

 

(Chant initial)

En toi j’ai mis ma confiance

En toi j’ai mis ma confiance,

Ô Dieu très Saint,
Toi seul es mon espérance et mon soutien,

C’est pourquoi je ne crains rien,
j’ai foi en Toi Ô Dieu, très Saint
C’est pourquoi je ne crains rien,
j’ai foi en Toi Ô Dieu, très Saint.

 

 

(Pour les victimes)

« Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait »

nous dit Jésus (Mt 25 40).

 

Seigneur, toi qui t’identifies aux victimes et à tous les blessés de la vie,

nous te prions pour chacune des victimes des abus sexuels, de pouvoir et de conscience

commis par des prêtres, des religieux, des religieuses, des éducateurs en mission d’Eglise.

 

Donne à chacun d’eux la grâce et l’espérance de se reconstruire.

 

Donne à chacun de nous de savoir les écouter, d’entendre leur cri, et de les entourer de notre sollicitude.

 

Intentions spontanées des uns et des autres et temps méditatif.

 

(Refrain de Taizé)

Dans nos obscurités, allume le feu qui ne s’éteint jamais, qui ne s’éteint jamais.

 

 

(Pour les auteurs)

« En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu »

nous dit Jésus (Lc 19 10).

 

Seigneur, toi qui es venu sauver tous les hommes, toi qui es miséricorde,

nous te prions pour ceux qui ont abusé de leurs frères qui leur étaient confiés,

qui les ont défigurés, qui t’ont défiguré.

 

Donne leur de faire la vérité en eux et de reconnaître la gravité de leurs actes

 

Donne leur de reprendre à ta suite, avec un cœur nouveau, le chemin sur lequel tu nous appelles.

 

Intentions spontanées des uns et des autres et temps méditatif.

 

(Refrain de Taizé)

Dans nos obscurités, allume le feu qui ne s’éteint jamais, qui ne s’éteint jamais.

 

 

 

(Rendons grâce)

« À tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous. Nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ »

écrit Paul aux Thessalonissiens (1 Th 1 2-3).

 

Seigneur, nous te rendons grâce pour tous les prêtres, religieux, religieuses et chrétiens

qui chaque jour donnent leur vie pour Toi, pour ton Eglise, pour notre prochain.

 

Nous te rendons grâce pour la foi, l’espérance et la charité

que – souvent en toute discrétion – ils incarnent,

que – sans relâche et malgré les difficultés – ils font naître chez leurs frères,

ici et dans les endroits les moins connus du monde.

 

Nous te rendons grâce pour leur dévouement, pour l’amour dont ils témoignent.

 

Intentions spontanées des uns et des autres et temps méditatif.

 

(Refrain)

Entends Seigneur la prière qui monte de nos coeurs.

 

 

(Pour le Peuple de Dieu, pour l’Eglise)

« Marie a su se tenir au pied de la croix de son fils, fermement debout à son côté.

Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui.

Trop souvent nous n’avons pas été là où nous le devions, nous ne savons pas dire non au cléricalisme.

Nécessaire est une conversion personnelle et communautaire pour regarder dans la même direction que celle indiquée par le Seigneur. »

nous écrit le Pape François dans sa lettre au Peuple de Dieu (du 20 août 2018).

 

Seigneur, nous te prions pour chacun de nous, pour notre Eglise, pour notre monde.

 

Donne-nous de nous engager dans la conversion à laquelle nous appelle notre Pape.

Donne-nous de toujours nous tenir aux côtés des plus fragiles, de ceux qui sont rejetés.

Donne-nous d’ouvrir nos yeux, nos oreilles, notre cœur, aux appels que tu nous adresses à travers les personnes que nous croisons et les évènements que nous vivons.

 

Seigneur, donne-nous, donne à ton Eglise, de trouver la voie qui ouvre au pardon, et qui mette un terme à ces abus.

 

Intentions spontanées des uns et des autres et temps méditatif.

 

 (Chant final : Viens Esprit de sainteté K 231)

Viens, Esprit de sainteté,

Viens, Esprit de Lumière,

Viens, Esprit de Feu,

Viens nous embraser.

1.

Viens, Esprit du Père, sois la lumière,

fais jaillir des cieux ta splendeur de Gloire.

 

 

 

 

 

  1. Clôture par le P. Arnaud Duban, curé de la paroisse.

 

Le P. Arnaud remercie les présents d’être venus participer à cette soirée paroissiale et se félicite du climat dans lequel elle s’est déroulée.

Il dit son bonheur d’être prêtre et témoigne qu’il est possible de vivre un célibat équilibré et heureux.

 

Il nous invite tous à prier le Notre Père, puis il bénit l’assemblée.

 

 

= = = = = = = =

 

 

Annexe 1 : Lettre du Pape François au Peuple de Dieu (20 août 2018).

 

« Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Cor 12,26).

Ces paroles de saint Paul résonnent avec force en mon cœur alors que je constate, une fois encore, la souffrance vécue par de nombreux mineurs à cause d’abus sexuels, d’abus de pouvoir et de conscience, commis par un nombre important de clercs et de personnes consacrées. Un crime qui génère de profondes blessures faites de douleur et d’impuissance, en premier lieu chez les victimes, mais aussi chez leurs proches et dans toute la communauté, qu’elle soit composée de croyants ou d’incroyants. Considérant le passé, ce que l’on peut faire pour demander pardon et réparation du dommage causé ne sera jamais suffisant. Considérant l’avenir, rien ne doit être négligé pour promouvoir une culture capable non seulement de faire en sorte que de telles situations ne se reproduisent pas mais encore que celles-ci ne puissent trouver de terrains propices pour être dissimulées et perpétuées. La douleur des victimes et de leurs familles est aussi notre douleur ; pour cette raison, il est urgent de réaffirmer une fois encore notre engagement pour garantir la protection des mineurs et des adultes vulnérables.

1. Si un membre souffre

Ces derniers jours est paru un rapport détaillant le vécu d’au moins mille personnes qui ont été victimes d’abus sexuel, d’abus de pouvoir et de conscience, perpétrés par des prêtres pendant à peu près soixante-dix ans. Bien qu’on puisse dire que la majorité des cas appartient au passé, la douleur de nombre de ces victimes nous est parvenue au cours du temps et nous pouvons constater que les blessures infligées ne disparaissent jamais, ce qui nous oblige à condamner avec force ces atrocités et à redoubler d’efforts pour éradiquer cette culture de mort, les blessures ne connaissent jamais de «prescription». La douleur de ces victimes est une plainte qui monte vers le ciel, qui pénètre jusqu’à l’âme et qui, durant trop longtemps, a été ignorée, silencieuse ou passé sous silence. Mais leur cri a été plus fort que toutes les mesures qui ont entendu le réprimer ou bien qui, en même temps, prétendaient le faire cesser en prenant des décisions qui en augmentaient la gravité jusqu’à tomber dans la complicité. Un cri qui fut entendu par le Seigneur en nous montrant une fois encore de quel côté il veut se tenir. Le Cantique de Marie ne dit pas autre chose et comme un arrière-fond, continue à parcourir l’histoire parce que le Seigneur se souvient de la promesse faite à nos pères: «Il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides» (Lc 1, 51-53); et nous ressentons de la honte lorsque nous constatons que notre style de vie a démenti et dément ce que notre voix proclame.

Avec honte et repentir, en tant que communauté ecclésiale, nous reconnaissons que nous n’avons pas su être là où nous le devions, que nous n’avons pas agi en temps voulu en reconnaissant l’ampleur et la gravité du dommage qui était infligé à tant de vies. Nous avons négligé et abandonné les petits. Je fais miennes les paroles de l’alors cardinal Ratzinger lorsque, durant le Chemin de Croix écrit pour le Vendredi Saint de 2005, il s’unit au cri de douleur de tant de victimes en disant avec force: «Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! Combien d’orgueil et d’autosuffisance ! […] La trahison des disciples, la réception indigne de son Corps et de son Sang sont certainement les plus grandes souffrances du Rédempteur, celles qui lui transpercent le cœur. Il ne nous reste plus qu’à lui adresser, du plus profond de notre âme, ce cri: Kyrie, eleison – Seigneur, sauve-nous (cf. Mt 8, 25)» (Neuvième Station).

2. Tous les membres souffrent avec lui

L’ampleur et la gravité des faits exigent que nous réagissions de manière globale et communautaire. S’il est important et nécessaire pour tout chemin de conversion de prendre connaissance de ce qui s’est passé, cela n’est pourtant pas suffisant. Aujourd’hui nous avons à relever le défi en tant que peuple de Dieu d’assumer la douleur de nos frères blessés dans leur chair et dans leur esprit. Si par le passé l’omission a pu être tenue pour une forme de réponse, nous voulons aujourd’hui que la solidarité, entendue dans son acception plus profonde et exigeante, caractérise notre façon de bâtir le présent et l’avenir, en un espace où les conflits, les tensions et surtout les victimes de tout type d’abus puissent trouver une main tendue qui les protège et les sauve de leur douleur (Cf. Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n.228). Cette solidarité à son tour exige de nous que nous dénoncions tout ce qui met en péril l’intégrité de toute personne. Solidarité qui demande de lutter contre tout type de corruption, spécialement la corruption spirituelle, «car il s’agit d’un aveuglement confortable et autosuffisant où tout finit par sembler licite: la tromperie, la calomnie, l’égoïsme et d’autres formes subtiles d’autoréférentialité, puisque « Satan lui-même se déguise en ange de lumière » (2Co11,14) » (Exhort. ap. Gaudete et Exsultate, n.165). L’appel de saint Paul à souffrir avec celui qui souffre est le meilleur remède contre toute volonté de continuer à reproduire entre nous les paroles de Caïn: «Est-ce que je suis, moi, le gardien de mon frère?» (Gn 4,9).

Je suis conscient de l’effort et du travail réalisés en différentes parties du monde pour garantir et créer les médiations nécessaires pour apporter sécurité et protéger l’intégrité des mineurs et des adultes vulnérables, ainsi que de la mise en œuvre de la tolérance zéro et des façons de rendre compte de la part de tous ceux qui commettent ou dissimulent ces délits. Nous avons tardé dans l’application de ces mesures et sanctions si nécessaires, mais j’ai la conviction qu’elles aideront à garantir une plus grande culture de la protection pour le présent et l’avenir.

Conjointement à ces efforts, il est nécessaire que chaque baptisé se sente engagé dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin. Une telle transformation nécessite la conversion personnelle et communautaire et nous pousse à regarder dans la même direction que celle indiquée par le Seigneur. Ainsi saint Jean-Paul II se plaisait à dire: «Si nous sommes vraiment repartis de la contemplation du Christ, nous devrons savoir le découvrir surtout dans le visage de ceux auxquels il a voulu lui-même s’identifier» (Lett. ap. Novo Millenio Ineunte, n.49). Apprendre à regarder dans la même direction que le Seigneur, à être là où le Seigneur désire que nous soyons, à convertir notre cœur en sa présence. Pour cela, la prière et la pénitence nous aideront. J’invite tout le saint peuple fidèle de Dieu à l’exercice pénitentiel de la prière et du jeûne, conformément au commandement du Seigneur1, pour réveiller notre conscience, notre solidarité et notre engagement en faveur d’une culture de la protection et du «jamais plus» à tout type et forme d’abus.

Il est impossible d’imaginer une conversion de l’agir ecclésial sans la participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu. Plus encore, chaque fois que nous avons tenté de supplanter, de faire taire, d’ignorer, de réduire le peuple de Dieu à de petites élites, nous avons construit des communautés, des projets, des choix théologiques, des spiritualités et des structures sans racine, sans mémoire, sans visage, sans corps et, en définitive, sans vie2. Cela se manifeste clairement dans une manière déviante de concevoir l’autorité dans l’Eglise – si commune dans nombre de communautés dans lesquelles se sont vérifiés des abus sexuels, des abus de pouvoir et de conscience – comme l’est le cléricalisme, cette attitude qui «annule non seulement la personnalité des chrétiens, mais tend également à diminuer et à sous-évaluer la grâce baptismale que l’Esprit Saint a placée dans le cœur de notre peuple»3. Le cléricalisme, favorisé par les prêtres eux-mêmes ou par les laïcs, engendre une scission dans le corps ecclésial qui encourage et aide à perpétuer beaucoup des maux que nous dénonçons aujourd’hui. Dire non aux abus, c’est dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme.

Il est toujours bon de rappeler que le Seigneur, «dans l’histoire du salut, a sauvé un peuple. Il n’y a pas d’identité pleine sans l’appartenance à un peuple. C’est pourquoi personne n’est sauvé seul, en tant qu’individu isolé, mais Dieu nous attire en prenant en compte la trame complexe des relations interpersonnelles qui s’établissent dans la communauté humaine: Dieu a voulu entrer dans une dynamique populaire, dans la dynamique d’un peuple» (Exhort. ap. Gaudete et Exsultate, n.6). Ainsi, le seul chemin que nous ayons pour répondre à ce mal qui a gâché tant de vies est celui d’un devoir qui mobilise chacun et appartient à tous comme peuple de Dieu. Cette conscience de nous sentir membre d’un peuple et d’une histoire commune nous permettra de reconnaitre nos péchés et nos erreurs du passé avec une ouverture pénitentielle susceptible de nous laisser renouveler de l’intérieur.

Tout ce qui se fait pour éradiquer la culture de l’abus dans nos communautés sans la participation active de tous les membres de l’Eglise ne réussira pas à créer les dynamiques nécessaires pour obtenir une saine et effective transformation. La dimension pénitentielle du jeûne et de la prière nous aidera en tant que peuple de Dieu à nous mettre face au Seigneur et face à nos frères blessés, comme des pécheurs implorant le pardon et la grâce de la honte et de la conversion, et ainsi à élaborer des actions qui produisent des dynamismes en syntonie avec l’Evangile. Car «chaque fois que nous cherchons à revenir à la source pour récupérer la fraîcheur originale de l’Évangile, surgissent de nouvelles voies, des méthodes créatives, d’autres formes d’expression, des signes plus éloquents, des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d’aujourd’hui» (Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n.11).

Il est essentiel que, comme Eglise, nous puissions reconnaitre et condamner avec douleur et honte les atrocités commises par des personnes consacrées, par des membres du clergé, mais aussi par tous ceux qui ont la mission de veiller sur les plus vulnérables et de les protéger. Demandons pardon pour nos propres péchés et pour ceux des autres. La conscience du péché nous aide à reconnaitre les erreurs, les méfaits et les blessures générés dans le passé et nous donne de nous ouvrir et de nous engager davantage pour le présent sur le chemin d’une conversion renouvelée.

En même temps, la pénitence et la prière nous aideront à sensibiliser nos yeux et notre cœur à la souffrance de l’autre et à vaincre l’appétit de domination et de possession, très souvent à l’origine de ces maux. Que le jeûne et la prière ouvrent nos oreilles à la douleur silencieuse des enfants, des jeunes et des personnes handicapées. Que le jeûne nous donne faim et soif de justice et nous pousse à marcher dans la vérité en soutenant toutes les médiations judiciaires qui sont nécessaires. Un jeûne qui nous secoue et nous fasse nous engager dans la vérité et dans la charité envers tous les hommes de bonne volonté et envers la société en général, afin de lutter contre tout type d’abus sexuel, d’abus de pouvoir et de conscience.

De cette façon, nous pourrons rendre transparente la vocation à laquelle nous avons été appelés d’être «le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain» (Conc. OEcum. Vat.II, Lumen Gentium, n.1).

« Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui », nous disait saint Paul. Au moyen de la prière et de la pénitence, nous pourrons entrer en syntonie personnelle et communautaire avec cette exhortation afin que grandisse parmi nous le don de la compassion, de la justice, de la prévention et de la réparation. Marie a su se tenir au pied de la croix de son fils. Elle ne l’a pas fait de n’importe quelle manière mais bien en se tenant fermement debout et à son coté. Par cette attitude, elle exprime sa façon de se tenir dans la vie. Lorsque nous faisons l’expérience de la désolation que nous causent ces plaies ecclésiales, avec Marie il nous est bon «de donner plus de temps à la prière» (S. Ignace de Loyola, Exercices Spirituels, 319),cherchant à grandir davantage dans l’amour et la fidélité à l’Eglise. Elle, la première disciple, montre à nous tous qui sommes disciples comment nous devons nous comporter face à la souffrance de l’innocent, sans fuir et sans pusillanimité. Contempler Marie c’est apprendre à découvrir où et comment le disciple du Christ doit se tenir.

Que l’Esprit Saint nous donne la grâce de la conversion et l’onction intérieure pour pouvoir exprimer, devant ces crimes d’abus, notre compassion et notre décision de lutter avec courage.

Du Vatican, le 20 août 2018.

FRANÇOIS

 

Annexe 2 : Lettre du Pape François aux catholiques chiliens (31 mai 2018).

 

 

Chers frères et sœurs,

Le 8 avril dernier, j’ai convoqué mes frères évêques à Rome pour chercher avec eux des chemins de vérité et de vie à court, à moyen et à long terme, face à une plaie ouverte, douloureuse et complexe qui ne cesse de saigner depuis longtemps (1). Je leur ai suggéré qu’ils invitent tout le saint peuple de Dieu à se mettre en état de prière afin que le Saint-Esprit nous donne la force de ne pas tomber dans la tentation de nous enliser dans des propos dépourvus de sens, dans des diagnostics sophistiqués ou en de vains gestes, qui ne nous permettraient pas d’avoir le courage nécessaire pour faire face à la douleur causée, au visage des victimes et à l’ampleur des événements. Je les ai invités à regarder où le Saint-Esprit nous conduit, puisque « fermer les yeux sur son prochain rend aveugle aussi devant Dieu » (2).

C’est avec joie et espérance que j’ai reçu la nouvelle qu’il y avait beaucoup de communautés, de villes et de chapelles où le peuple de Dieu priait, surtout pendant les jours où nous rencontrions les évêques. Le Peuple de Dieu implore à genoux le don du Saint-Esprit pour trouver la lumière au sein d’une Église blessée par son péché, pour implorer miséricorde, et pour qu’elle devienne prophétique jour après jour de par sa vocation (3). Nous savons que la prière n’est jamais vaine et qu’« dans l’obscurité commence toujours à germer quelque chose de nouveau, qui tôt ou tard produira du fruit » (4).

  1. Faire appel à vous, vous demander de prier n’était pas un recours fonctionnel usuel, ni un simple geste de bonne volonté. Au contraire, je voulais placer les choses à leur place, précise et précieuse, et situer le problème là où il doit être : le statut du Peuple de Dieu qui « est la dignité et la liberté des fils de Dieu, dans le cœur de qui, comme dans un temple, habite l’Esprit Saint» (5). Le saint peuple fidèle de Dieu est oint de la grâce du Saint-Esprit ; par conséquent, lorsqu’il s’agit de réfléchir, de penser, d’évaluer, de discerner, nous devons être très attentifs à cette onction. Chaque fois qu’en tant qu’Église, que pasteurs, que personnes consacrées, nous avons oublié cette certitude, nous perdons notre chemin. Chaque fois que nous essayons de supplanter, de réduire au silence, de nier, d’ignorer ou de réduire à de petites élites le Peuple de Dieu dans sa totalité et ses différences, nous construisons des communautés, des plans pastoraux, des théologies appuyées, des spiritualités, des structures sans racines, sans histoire, sans visages, sans mémoire, sans corps, bref, sans vie. Nous désunir de la vie du Peuple de Dieu, nous précipite dans la désolation et dans la perversion de la nature ecclésiale ; la lutte contre une culture d’abus nécessite de renouveler cette certitude.

Comme je l’ai dit aux jeunes de Maipu, je voudrais également dire à chacun de vous en particulier : « La Sainte Mère Église attend de vous aujourd’hui que vous l’interpelliez. Et ensuite (…) l’Église a besoin que vous passiez votre permis d’adulte, spirituellement adultes, et que vous ayez le courage de nous dire : “cela me plaît, ce chemin me semble être celui à emprunter, cela ça ne va pas”… Dites-nous ce que vous sentez, ce que vous pensez » (6). Ceci nous permet à tous de nous impliquer dans une Église dont la démarche synodale sait mettre Jésus au centre.

Au sein du Peuple de Dieu, il n’y a pas de chrétiens de première, deuxième ou troisième catégories. Votre participation active ne se résume pas à une concession que vous faites volontairement, mais elle est constitutive de la nature ecclésiale. Il est impossible d’imaginer le futur sans cette onction qui opère en chacun de vous et qui réclame et exige certainement de nouvelles formes de participation. J’exhorte tous les chrétiens à ne pas avoir peur d’être les protagonistes de la transformation revendiquée aujourd’hui, à impulser et à promouvoir des alternatives créatives dans la recherche quotidienne d’une Église qui veut chaque jour mettre « L’important » (7) au centre. J’invite toutes les organisations diocésaines, quelle que soit leur région, à chercher consciemment et lucidement des espaces de communion et de participation pour que l’onction du Peuple de Dieu puisse trouver des médiations concrètes pour se manifester.

Le renouvellement de la hiérarchie ecclésiale par elle-même ne génère pas la transformation à laquelle le Saint-Esprit nous pousse. Nous sommes tenus de promouvoir conjointement une transformation ecclésiale qui nous concerne tous.

Une Église prophétique et par conséquent pleine d’espérance, exigera de tous une mystique des yeux ouverts (8), interrogative et non engourdie (9). Ne vous laissez pas dépouiller de l’onction de l’Esprit.

  1. « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit » (10). C’est ainsi que Jésus répondit à Nicodème quand ce dernier l’a interpellé sur la possibilité de naître à nouveau pour pouvoir entrer dans le royaume des cieux.

En ce moment, à la lumière de ce passage, il est bon pour nous de revoir notre histoire personnelle et communautaire : le Saint-Esprit souffle où il veut et comme il veut dans le seul but de nous aider à renaître. Loin de nous enfermer dans des schémas, des modalités, des structures fixes ou obsolètes, loin de démissionner ou « de baisser sa garde » face aux événements, l’Esprit Saint est continuellement en mouvement pour élargir sans cesse les yeux étroits, pour redonner le rêve à ceux qui ont perdu espérance (11), pour faire justice dans la vérité et dans la charité, pour purifier du péché et de la corruption et pour inviter en permanence à une nécessaire conversion. Sans ce regard de foi, tout ce que nous pouvons dire et faire tomberait dans l’oreille d’un sourd. Cette certitude est essentielle pour regarder le présent, sans faux-fuyants mais avec détermination, avec courage, mais aussi avec sagesse, avec ténacité mais sans violence, avec passion mais sans fanatisme, avec de la persévérance mais sans inquiétude. Cette certitude est essentielle pour changer ainsi tout ce qui menace aujourd’hui l’intégrité et la dignité de toute personne ; car les solutions qui s’imposent doivent faire face aux problèmes sans se laisser prendre au piège ou, ce qui serait pire, sans perpétuer les mêmes mécanismes que nous voulons éliminer (12). Aujourd’hui, nous sommes mis au défi d’affronter, d’assumer et de souffrir le conflit, de pouvoir ainsi le résoudre et le transformer en un nouveau départ (13).

  1. En premier lieu, il serait injuste d’attribuer ce processus uniquement aux derniers événements vécus. L’ensemble du processus de révision et de purification que nous sommes en train de vivre est possible grâce à l’effort et à la persévérance de gens concrets qui, malgré le manque d’espoir ou de confiance, n’ont cessé inlassablement de rechercher la vérité ; je parle des victimes d’abus sexuels, de pouvoir, d’autorité et de ceux qui les ont crus et accompagnés. Des victimes dont la clameur a atteint le ciel (14). Je voudrais, encore une fois, remercier publiquement le courage et la persévérance de tous.

Ce temps est un temps pour l’écoute et le discernement afin d’atteindre les racines qui ont permis à ces atrocités de se produire et de se perpétuer, et pour enfin trouver des solutions au scandale des abus, non avec une simple stratégie de confinement et de contention – essentielle, mais insuffisante – mais avec toutes les mesures nécessaires pour prendre en charge le problème dans sa complexité.

En ce sens, je voudrais m’attarder sur le mot « écouter », car discerner veut dire apprendre à écouter ce que l’Esprit veut nous dire. Et nous ne pouvons le faire que si nous sommes capables d’écouter la réalité de ce qui se passe (15).

Je crois que c’est là l’un de nos principaux défauts et omissions : ne pas savoir écouter les victimes. Ainsi, on a tiré des conclusions partielles qui manquaient d’éléments cruciaux pour un discernement sain et clair. Avec honte je dois dire que nous n’avons pas su entendre et réagir à temps.

La visite de Mgr Scicluna et de Mgr Bertomeu est née de notre constatation qu’il y avait des situations que nous n’avions pas su voir ni entendre. En tant qu’Église, nous ne pouvions continuer à marcher en ignorant la souffrance de nos frères. Après avoir lu le rapport, j’ai voulu rencontrer certaines victimes d’abus sexuels, de pouvoir et de conscience, pour les écouter et leur demander pardon pour nos péchés et nos omissions.

  1. Dans ces réunions, j’ai constaté comment le manque de reconnaissance d’écoute de leurs histoires, ainsi que le manque de reconnaissance d’acceptation des erreurs et omissions tout au long du processus, nous avaient empêchés d’avancer. Une reconnaissance qui se veut plus qu’une expression de bonne volonté envers les victimes, elle se veut plutôt une nouvelle façon de s’arrêter devant la vie, devant les autres et devant Dieu. L’espoir dans un lendemain meilleur et la confiance en la Providence sont nés et croissent pour nous pousser à « assumer la fragilité, les limites que nous impose le péché afin de nous aider à aller de l’avant» (16). Un « plus jamais » à la culture de l’abus et au système de camouflage qui a permis à cette dernière de se perpétuer, nécessite de travailler les uns avec les autres pour créer une culture d’attention aux autres qui imprègne nos manières d’établir des relations, de prier, de penser, de vivre l’autorité, ainsi que nos coutumes, nos langues et notre relation au pouvoir et à l’argent. Nous savons aujourd’hui que le meilleur moyen de faire face à la douleur causée c’est de s’engager dans une conversion personnelle, communautaire et sociale qui nous apprend à écouter et surtout à prendre soin des plus vulnérables. Il est donc urgent de créer des espaces où la culture de l’abus et de la dissimulation ne soit pas le schéma dominant ; où une attitude critique et interrogative ne soit pas assimilée à la trahison. Cela doit nous inciter, en tant qu’Église, à rechercher humblement tous les acteurs qui façonnent la réalité sociale et à promouvoir des instances de dialogue et de confrontation constructive afin d’évoluer vers une culture d’attention et de protection.

Appréhender cette société uniquement à partir – ou avec – nos forces et nos outils, nous encerclera dans une dynamique volontariste dangereuse qui périrait à court terme (17). Nous devons aider et générer une société où la culture de la violence ne trouve pas de place pour se perpétuer. J’exhorte tous les chrétiens, en particulier les responsables des centres de formation et d’éducation tertiaires (18), des centres formels et informels d’éducation à la santé, des instituts de formation et les universités à mettre en commun leurs forces et ressources dans les diocèses et à impliquer toute la société civile, dans la promotion de manière lucide et stratégique, d’une culture d’attention et de protection. Que chacun de ces espaces promeuve une nouvelle mentalité.

La lettre du pape François aux catholiques chiliens

  1. La culture de l’abus et de la dissimulation est incompatible avec la logique de l’Évangile puisque le salut offert par le Christ est toujours une offre, un don qui réclame et exige la liberté. Laver les pieds des disciples c’est la manière avec laquelle le Christ nous montre le visage de Dieu. Ce n’est jamais par la contrainte ou l’obligation mais par le service. Soyons clairs, tout ce qui tente de contrer la liberté et l’intégrité des gens est anti-évangélique. Par conséquent, il est également nécessaire de générer des processus de foi où l’on apprend à savoir quand il faut douter et quand il ne faut pas. « La doctrine, ou mieux, notre compréhension et expression de celle-ci, “n’est pas un système clos, privé de dynamiques capables d’engendrer des questions, des doutes, des interrogations”, et “les questions de notre peuple, ses angoisses, ses combats, ses rêves, ses luttes, ses préoccupations, possèdent une valeur herméneutique que nous ne pouvons ignorer si nous voulons prendre au sérieux le principe de l’incarnation” (…) » (19). J’invite tous les centres de formation religieuse, les facultés de théologie, les écoles, les collèges, les séminaires, les maisons de formation et de spiritualité, à promouvoir une réflexion théologique qui serait capable d’être à la hauteur des temps présents, à promouvoir une foi mature, adulte et qui assume l’« humus » vital du Peuple de Dieu avec ses idées et ses préoccupations. Je les invite à promouvoir ainsi des communautés capables de lutter contre les situations d’abus, des communautés où l’échange, la discussion et la confrontation sont les bienvenus (20). Nous serons fructueux dans la mesure où nous rendons autonomes les communautés ouvertes de l’intérieur ; nous libérons ainsi des pensées fermées et auto-référentielles pleines de promesses et de mirages qui promettent la vie mais qui favorisent finalement la culture de l’abus.

Je voudrais faire une brève référence à la pastorale populaire qui existe dans un grand nombre de vos communautés et qui est un trésor inestimable et authentique où on apprend à écouter le cœur de notre peuple et dans le même acte le cœur de Dieu. Durant mon expérience de pasteur, j’ai appris à découvrir que la pastorale populaire est l’un des rares endroits où le peuple de Dieu est souverain de l’influence du cléricalisme qui cherche toujours à contrôler et à bloquer l’onction de Dieu sur son peuple. Apprendre de la piété populaire, c’est apprendre à entrer dans un nouveau type de relation, d’écoute et de spiritualité qui demande beaucoup de respect et ne se prête pas à des lectures rapides et simplistes, car la piété populaire « reflète une soif de Dieu que seuls les pauvres et les simples peuvent connaître » (21).

Être une « Église en marche » c’est également se laisser aider et interpeler (22). N’oublions pas que « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit » (23).

  1. Comme je vous l’ai dit, lors des rencontres avec les victimes, j’ai pu constater que le manque de reconnaissance nous empêche d’avancer. C’est pourquoi je pense nécessaire de vous partager ma joie et mon espoir d’avoir pu confirmer durant le dialogue que nous avons eu, votre reconnaissance à des personnes que j’aime appeler les « saints de la porte d’à côté» (24). Ce serait injuste qu’en plus de notre douleur et notre embarras face à ces structures d’abus et de dissimulation qui se sont perpétuées et face à tant de mal qu’ils ont fait, nous ne reconnaissions pas les nombreux fidèles laïcs, consacrés et consacrées, prêtres et évêques qui donnent leur vie par amour dans les zones les plus reculées de la terre chilienne bien-aimée. Tous ceux-là sont des chrétiens qui savent pleurer avec les autres, qui cherchent la justice dans la faim et la soif, qui regardent et agissent avec miséricorde (25) ; ce sont des chrétiens qui essaient chaque jour d’éclairer leur vie à la lumière du protocole (26) avec lequel nous serons jugés : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi » (27).

Je reconnais et apprécie votre exemple courageux et constant car dans les moments de turbulence, de honte et de douleur, vous continuez d’avancer dans la joie de l’Évangile. Ce témoignage me fait beaucoup de bien à moi et me soutient dans mon propre désir de surmonter l’égoïsme et de me donner encore plus (28). Afin de réduire l’importance et la gravité du mal causé et de rechercher les racines des problèmes, nous sommes également engagés à reconnaître la force agissante et active de l’Esprit dans tant de vies. Sans ce regard, nous resterions à mi-chemin et nous pourrions entrer dans une logique qui, loin de chercher à améliorer le bien et à réparer le mal, biaiserait la réalité et nous ferait tomber dans une grave injustice.

Accepter les coups, ainsi que les limites personnelles et communautaires, loin d’être une action de plus, devient le point de départ de tout un processus authentique de conversion et de transformation. N’oublions jamais que Jésus-Christ ressuscité se présente aux siens avec ses blessures. Plus précisément, c’est grâce à ses blessures que Thomas a pu confesser la foi. Nous sommes invités à ne pas déguiser, masquer ou cacher nos plaies.

Une Église blessée est capable de comprendre et d’être émue par les blessures du monde d’aujourd’hui, de se les approprier, d’en souffrir, de les accompagner et de chercher à les guérir. Une Église avec des plaies ne se met pas au centre, ne se croit pas parfaite, ne cherche pas à couvrir et à cacher son mal, elle se remet plutôt au seul qui peut guérir les blessures et qui a pour nom Jésus-Christ (29).

Cette certitude est celle qui nous poussera à rechercher, avec le temps et l’inopportunité, l’engagement à générer une culture où chacun a le droit de respirer un air exempt de toutes sortes d’abus. Une culture sans la dissimulation qui finit par vicier toutes nos relations. Une culture qui, face au péché, génère une dynamique de repentance, de miséricorde et de pardon et qui face au crime, génère la dénonciation, le jugement et la sanction.

  1. Chers frères, j’ai commencé cette lettre en vous disant que faire appel à vous n’est pas une ressource fonctionnelle ou un geste de bonne volonté, au contraire, c’est invoquer l’onction que vous avez en tant que Peuple de Dieu. Avec vous, nous pouvons planifier les étapes nécessaires pour un renouveau et une conversion ecclésiale saine et de long terme. Avec vous, nous pouvons générer la transformation qui plus que nécessaire, devient impérative. Sans vous, rien ne peut être fait. J’exhorte tous les fidèles du saint Peuple de Dieu qui vivent au Chili à ne pas avoir peur de s’impliquer. Je les appelle à avancer, poussés par l’Esprit, à la recherche d’une Église chaque jour plus synodale, prophétique et pleine d’espoir, moins abusive parce qu’elle sait mettre Jésus au centre, en celui qui a faim, en le prisonnier, le migrant et l’abusé.

Je vous demande de ne pas cesser de prier pour moi. Je le fais également pour vous et je demande à Jésus de vous bénir et à la Sainte Vierge de prendre soin de vous.

François
Vatican, le 31 mai 2018, Fête de la Visitation de Notre-Dame

 

 

= = = = = = = =