Les deux chaires hexagonales qui encadrent le presbyterium sont soutenues par 6 petites colonnes de marbre de couleurs différentes, mais une seule a vu son abat-son décoré d’une riche ornementation dont l’exubérance traduit la vision des Vivants décrite au chapitre 4 de l’Apocalypse : 6Au milieu du trône, autour de lui, se tiennent quatre Vivants (…). 7Le premier Vivant est comme un lion ; le deuxième Vivant est comme un jeune taureau ; le troisième Vivant a comme un visage d’homme ; le quatrième Vivant est comme un aigle en plein vol. Cette vision rappelle celle d’Ezéchiel, chapitre 1: 10ils avaient une face d’homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d’aigle. Leurs ailes étaient déployées vers le haut, chacun avait deux ailes se touchant et deux ailes lui couvrant le corps.
Au centre se trouve l’Agneau portant un nimbe crucifère, représentant le Christ qui est le seul dans l’iconographie à porter un nimbe de cette nature. Il repose, pattes repliées, sur un trône ; derrière lui s’ouvre le livre aux 7 sceaux évoqué au chapitre 5 de l’Apocalypse. A ses pieds, deux des Vivants : le lion et le taureau, tous deux ailés, dans toute la force de la vision ; à ses côtés, le jeune homme et l’aigle, ailés également, portant chacun un livre : ils représentent les évangélistes Matthieu et Jean. Cette différence de traitement rappelle que le Tétramorphe n’a pas toujours représenté les évangélistes ;  c’est saint Jérôme qui a fixé l’interprétation des 4 figures par rapport aux Evangiles :

  • l’homme pour Matthieu qui débute son Evangile par la généalogie du Christ : c’est l’incarnation
  • le lion pour Marc qui évoque une voix [qui] crie (rugit) dans le désert : c’est la parole de Dieu
  • le taureau pour Luc qui évoque le sacrifice de Zacharie : c’est le sacrifice du Christ
  • l’aigle pour Jean qui veut s’élancer au plus haut et traiter du verbe de Dieu : c’est la Résurrection, l’Ascension et l’envoi de l’Esprit.

En bordure inférieure, les 12 personnages assis représentent les 12 Apôtres. Sur les côtés de l’abat-son, figurent 4 prophètes de l’Ancien Testament, probablement les 4 grands prophètes : Ezéchiel, Isaïe, Jérémie et Daniel.
L’iconographie de cet abat-son n’est pas seulement une illustration de l’Apocalypse, elle nous parle de la transmission de la parole, par les prophètes de l’Ancien Testament, par les Apôtres, par les évangélistes, par les prêtres. Le choix de cette iconographie pour décorer une chaire d’où, dans la liturgie pré-conciliaire, les prêtres prononçaient leurs sermons, n’est pas neutre : les prêtres doivent transmettre la parole en la commentant.

L’artiste : Roger Prat

Chantal Pain

Crédit photographique Bruno Parnaudeau