Je suis

« Amen, amen, je vous le dis : avant qu’Abraham fût, moi, JE SUIS. » Par cette parole solennelle, Jésus affirme sa divinité. Il renvoie à l’épisode du buisson ardent, lorsque le Seigneur s’était révélé à Moïse comme : « Je suis qui je suis. Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : “Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : JE-SUIS”. » (Ex 3,14) Par cette parole, Dieu nous donne de pouvoir le nommer, et donc d’établir un lien personnel avec Lui. Dans un système totalitaire, les individus n’ont pas de nom, mais des matricules, car on ne cherche pas à établir des relations personnelles avec eux. Mais cette parole nous évite en même temps la tentation de vouloir « saisir » Dieu, de l’enfermer dans nos conceptions trop étroites. Il est le Tout-Autre, et c’est pourquoi la théologie chrétienne est fortement « apophatique », c’est-à-dire qu’elle dit avant tout ce que Dieu n’est pas, plutôt que ce qu’Il est. « En vérité, s’exclame prophète Isaïe, tu es un Dieu qui se tient caché ! » (Is 45,15). L’homme ne peut apercevoir que des signes de sa proximité : le buisson ardent, la colonne lumineuse, la fumée, le tonnerre du Sinaï… Lorsque Moïse exprime le désir de contempler la gloire de Dieu, le Seigneur lui répond: « Tu ne peux pas voir ma face, car l’homme ne saurait me voir et vivre » (Ex 33,20). Et il ajoute : «tu me verras de dos, mais mon visage, personne ne peut le voir. » (v.23) Voir Dieu de dos, c’est reconnaître son passage, sa présence, mais sans le « dévisager » en un face à face possessif. C’est pourquoi le deuxième commandement interdit absolument de représenter Dieu.

La « prétention » du Christ est donc phénoménale, et elle ne pouvait que choquer un Juif de son époque… A moins d’avoir su reconnaître en Jésus la présence de Dieu. Lorsque Philippe lui demande : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit », Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. » (Jn 14,8)

 

La période de crise majeure que nous traversons nous rappelle avant tout notre vulnérabilité, notre fragilité, notre petitesse. Mais n’ayons pas peur. Nous ne sommes pas seuls, le Seigneur EST, Il est avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde (Mt 28,20). Il est celui qui est, qui était et qui vient (Ap 1,8) !

 

  1. Arnaud