« Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? » Il leur dit : « Allez à la ville, chez untel, et dites-lui : “Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.” » (Mt 26,18)

« Untel », frères et sœurs, c’est chacun d’entre nous. Cette année plus que jamais, la parole du Christ peut résonner dans notre cœur. Au lieu de célébrer Pâques dans l’église, la maison de Dieu, nous célébrerons cette fête dans chacune de nos maisons ou de nos appartements. C’est l’occasion de nous souvenir non seulement que la famille est une église domestique, mais plus profondément – puisqu’un certain nombre d’entre nous vivent seuls – que chacun d’entre nous est une église. « Ne le savez-vous pas ? Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu » (1Co 6,19). Comment ces paroles de saint Paul ne résonneraient-elles pas particulièrement en nous, paroissiens du Saint Esprit ? Au lieu de vivre les célébrations pascales dans son église, c’est lui qui va se déplacer jusqu’à chacune de nos demeures !

Le Seigneur aime ce genre de renversements, comme Pierre en a fait l’expérience lors du Jeudi Saint : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? » Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! »… Finalement, il a fallu que Jésus lui réponde : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi » (Jn 13,6-8) pour que Pierre accepte de se laisser faire…

Nous aussi, laissons nous faire. Nous ne comprenons pas tout pour le moment, les événements actuels nous dépassent, mais un jour nous comprendrons. L’important est que nous fassions confiance au Seigneur, et que nous l’acueillions dans nos demeures et dans nos cœurs. C’est ainsi que nous célébrerons vraiment Pâques : comme un passage vers un monde nouveau, que nous ne connaissons pas encore.  Certes, soyons lucides, le monde ici-bas sera traversé de nouvelles tempêtes, elles sont déjà prévisibles (sur les plans économique, financier, social…) Mais si nous-mêmes devenons des hommes et des femmes nouveaux, rien ne pourra anéantir notre Espérance, et nous travaillerons à l’avènement du monde nouveau institué par le Christ. Bonne montée vers Pâques à tous, en communion de prière les uns avec les autres !

 

P. Arnaud