Gloire à Dieu au plus haut des cieux !
Frères et sœurs, que souhaitez-vous pour Noël ? Quel cadeau désirez-vous recevoir ? Normalement, puisque c’est l’anniversaire de Jésus que nous fêtons, ce devrait être à nous de lui offrir un cadeau. Et il y en a beaucoup qui pourraient lui faire très plaisir : un acte de charité envers une personne malade, seule ou tout simplement triste… un pardon à demander à quelqu’un que nous avons offensé… un pardon à donner à quelqu’un qui nous a fait du mal… Mais quoi que nous fassions, que nous lui offrions des cadeaux ou non, le Christ veut lui-aussi nous en offrir. Chaque jour, il nous donne des cadeaux, qu’on appelle des grâces (dons gratuits). Mais aujourd’hui, il veut raviver en nous, comme on ravive un feu, le plus beau de tous les cadeaux qu’il nous a offerts, une fois pour toutes : le salut. Jésus (Yeshouah) signifie « Dieu sauve ». Il nous sauve de quoi ? De ce qui nous met en danger, à savoir le mal, qu’on peut comparer aux ténèbres. Ce n’est pas un hasard si c’est dans la nuit que nous célébrons Noël. Comme le proclamait le prophète Isaïe : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi » (1° lect.). Le Christ est venu allumer un feu sur la terre il y a 2000 ans, qu’il a allumé dans notre cœur au jour de notre baptême, mais qui peut s’éteindre doucement si nous ne sommes pas vigilants. Le mal ne peut rien contre le Christ, comme les ténèbres sont vaincues par la lumière. Alors, pourquoi le mal continue-t-il de ravager la terre ? Pourquoi les guerres et la violence n’ont-elles pas cessé depuis le meurtre d’Abel par Caïn ? Pourquoi la pandémie de coronavirus semble-t-elle s’éterniser ? Parce que c’est en deux temps que le Fils de Dieu nous sauve. Dans un 1er temps, il veut nous sauver du péché, c’est-à-dire le mal dont nous sommes responsables. Dans un 2nd temps, il reviendra pour nous sauver aussi du mal dont nous sommes les victimes : les maladies, les épreuves, la mort… Dans le temps présent, donc, notre responsabilité est avant tout de nous convertir, pour être sauvés de la mort spirituelle, mais nous sommes libres de le refuser. Au lieu d’accepter le cadeau du Christ, nous pouvons le laisser au pied du sapin, au pied de la croix. Et au lieu de lui offrir des cadeaux, nous préférons souvent lui faire du mal. Mais le Seigneur répond au mal par le bien. Conscient que nous ne savons pas ce que nous faisons (Lc 23,34), il continue de vouloir nous sauver. Et il ne se contente pas de nous protéger du mal, il nous transforme en faisant de nous ses frères et sœurs, capables de faire le bien : « à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (év. de demain) Le salut est donc comme une pièce d’or avec ses deux faces. Les occidentaux ont plus insisté sur la guérison du mal, et les orientaux sur la divinisation de l’homme, à la suite des pères de l’Eglise qui avaient écrit : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ». Voyons comment l’enfant de la crèche nous sauve de pires fléaux en nous offrant les 3 vertus théologales: de nos peurs et de l’anxiété par la Foi ; du désespoir et de la morosité par l’Espérance ; de la haine et de l’indifférence, par l’Amour.
Pour commencer, l’Enfant de la crèche nous sauve de nos peurs et de l’anxiété par la Foi, qui signifie avant tout la confiance en Dieu. Craindre Jupiter brandissant son sceptre en forme d’éclair, oui, mais comment craindre un petit enfant ? Non seulement il ne nous fait pas peur, mais il nous enseigne la confiance en son Père. Lui-même a fait confiance en s’incarnant : le Tout-Puissant s’est fait fragile, la Parole s’est faite silence (enfant, in-fans, signifie celui qui ne parle pas), le Très-Haut est sur le plancher des vaches, avec le bœuf et l’âne… Cette confiance, il l’a d’abord enseignée à Joseph et à Marie. D’abord, ils ont dû faire confiance à l’ange qui leur a assigné une mission qui paraissait au-delà de leurs capacités humaines. Puis ils ont connu les difficultés du voyage, lorsqu’ils ont dû quitter Nazareth pour aller à Bethléem pour le recensement. Là, ils ont dû rechercher un lieu pour l’accouchement en dehors de la salle commune. Plus tard au Temple, ils ont entendu la prophétie de Syméon sur le signe de contradiction que serait Jésus et le glaive qui traverserait le cœur de Marie. Puis ils ont dû fuir en Égypte pour échapper à Hérode. Lorsque Jésus eut 12 ans, ils le « perdirent » dans Jérusalem… Dans toutes ces épreuves, ils ont dû avoir peur, mais eux et l’enfant ont été protégés par Dieu. Notre société est malade de ses peurs, en particulier en cette période de pandémie. Mais nous, chrétiens, nous surmontons nos peurs car nous savons que le Seigneur est l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde (cf Mt 28,20).
Deuxièmement, l’Enfant de la crèche nous sauve de la morosité et du désespoir par l’Espérance. A quoi sert la vie ? Quel est le sens de l’existence ? Nous, chrétiens, « ce sont de nouveaux cieux et une terre nouvelle que nous attendons selon sa promesse, où la justice habitera. » (2 P 3,13) Sur quoi fonder notre espérance ? Sur le fait que Dieu a tenu ses promesses. La naissance du Messie avait été annoncée par le prophète Isaïe des siècles plus tôt : « Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : ‘Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix’. » Puisque la 1ère partie de la prophétie s’est réalisée, nous pouvons espérer la réalisation de la 2nde : « le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne » (1° lect.). Dans nos maisons, le sapin est le symbole de notre espérance, il nous rappelle que nous sommes appelés à la vie éternelle.
Troisièmement, l’Enfant de la crèche nous sauve de l’indifférence et de la haine, par l’Amour. Il ne fait rien pour le moment, mais un jour, il se laissera clouer sur une croix pour nous témoigner de son amour. Sur les icônes orientales, ses langes représentent déjà les bandelettes du linceul. Et dans nos églises, la couronne de l’Avent a symbolisé sa couronne royale, qui est aussi la couronne d’épines… C’est par amour que le Fils de Dieu s’est incarné : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16) Ce mouvement de kénose, c’est-à-dire d’abaissement, se poursuivra jusqu’à la croix car « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jn 15,13)
Alors, frères et sœurs, voulons-nous être sauvés de nos manques de Confiance, d’Espérance et d’Amour ? Sommes-nous reconnaissants au Seigneur de l’extraordinaire cadeau qu’il nous a fait il y a 2000 ans ? Pour l’être, il nous faut redevenir nous-mêmes semblables à de petits enfants, autrement nous n’entrerons pas dans le Royaume des cieux (cf Mt 18,3). Cette conversion n’est pas puérile, au contraire : lorsque la petite Thérèse s’est convertie la nuit de Noël 1886, elle a reçu la force de sortir des langes de l’enfance psychologique, et elle s’est mise à parcourir la voie de l’enfance spirituelle, qui est précisément celle de la Confiance, de l’Espérance et de l’Amour . A Bethléem, il y a 2000 ans, les chefs du peuple n’étaient pas présents, et ils ne se sont même pas déplacés lorsque les mages leur ont annoncé la naissance d’une étoile. Mais les bergers, qui étaient les derniers dans le peuple, sont accourus. Quant aux mages, que nous célébrerons dans quelques jours, ils étaient des savants, mais aussi des pauvres de cœur, et c’est pourquoi ils ont quitté leur confort pour suivre l’étoile. Alors, nous-mêmes, célébrons Noël en nous réjouissant si nous pouvons revoir nos familles (même si ce sera en petit comité cette année), faire de bons repas et échanger des cadeaux, car tout cela est bon, mais réjouissons-nous surtout de la venue parmi nous du Fils de Dieu, qui s’est fait homme pour nous sauver. Tous les cadeaux que nous allons recevoir ce soir ou les jours à venir, aussi précieux qu’ils soient, finiront par s’user et disparaître. Mais le cadeau du salut est éternel, il ne s’usera que si nous n’en faisons rien. En fait, plus nous le partagerons avec nos frères, plus nous en profiterons. Alors, offrons au Christ le cadeau de notre action de grâce et redisons avec les anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime » !
P. Arnaud