« Peuple de baptisés, marche dans la lumière, le Christ est ressuscité ! Alléluia, Alléluia ! »
Chers frères, en cette nuit très sainte et solennelle, ultime Nuit du passage, le Christ nous invite à marcher dans sa lumière, comme nous l’avons fait toute à l’heure, en suivant le Cierge pascal, symbole de la lumière du Christ. Cette Nuit de Pâques, la Nuit des nuits, revêt cette année une singularité déstabilisante, en raison de notre confinement et de l’impossibilité pour le peuple de Dieu de se rassembler, comme chaque année, pour célébrer, dans la joie la Pâques du Seigneur. Mais nous pouvons voir dans cette épreuve sanitaire, une autre nuit, celle du passage de notre humanité habituelle à une humanité nouvelle dont nous ne pouvons encore mesurer la beauté et la grandeur. Nous ne pouvons douter que notre Dieu soit avec nous et face de chacune de nos épreuves une source de grâce. Mais si le Seigneur a permis que son peuple ne puisse pas se rassembler celle année, c’est sans doute qu’il veut célébrer cette Pâques avec chacun particulièrement, dans son lieu de vie. Dans cette célébration, nous sommes unis à toute l’église universelle, à toutes les familles éprouvées et à tous les fidèles du Christ habités par le désir de rencontrer le Ressuscité.
Alors, l’Église invite tous ses fils et filles à exulter de joie, à chanter à pleine voix et de tout cœur la résurrection de notre Seigneur Jésus Christ ! Oui, « qu’éclate dans le ciel la joie des anges ! Qu’éclate de partout la joie du monde ! Qu’éclate dans l’Église la joie des fils de Dieu ! » Le Christ est ressuscité, Alléluia !
Toute la liturgie de cette veillée pascale révèle Dieu et ses actions merveilleuses pour l’homme. Tout est centré sur la notion de passage : – par amour, Dieu a créé le monde en le faisant passer du néant à l’existence. En créant l’homme à son image et à sa ressemblance, il le fit passer dans sa propre vie divine. C’est la révélation du livre de la Genèse : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » en remportant la victoire sur le chaos, la mer et les ténèbres (1ere lecture). En acceptant d’offrir à Dieu son fils unique en sacrifice, Abraham fit un acte de foi en la résurrection. Il recouvra ainsi le fils de la promesse, Isaac qui, portant lui-même le bois du bucher, devenait la figure du Christ (2è lecture). – Dieu s’est révélé ensuite aux fils d’Israël comme le Dieu libérateur qui fait passer l’homme de la servitude du péché à la liberté des enfants de Dieu
Il nous libère de toutes nos angoisses, de tout ce qui pèse sur nos épaules, de la servitude et de la mort : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens » (Ex 3,7-8). Et « Israël vit avec quelle main puissante le Seigneur avait agi contre l’Égypte » (3e lecture). – Le Seigneur s’est révélé à l’homme comme le Dieu de l’Alliance qui invite à la conversion : « Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon » (3e lecture). – Dieu se révèle enfin, comme le Dieu de la vie et non de la mort : « Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous dit l’apôtre Paul, nous pensons que nous vivrons aussi avec lui » (Rm6).
Par sa résurrection, le Christ a dépossédé la mort de son empire et nous a introduits dans la vie de Dieu. La résurrection du Christ devient ainsi le mystère central de notre foi. Mystère que nous sommes conviés à proclamer à chaque célébration eucharistique : « nous proclamons ta mort Seigneur, nous célébrons ta résurrection et nous attendons ta venue dans la gloire ! » (Anamnèse) C’est désormais à la lumière de la résurrection que nous comprenons la vocation de tout baptisé, appelé à bannir toute peur et toute crainte. « Vous, soyez sans crainte ! » dit l’ange aux femmes avant que Jésus lui-même ne le leur répète avec un envoi en mission : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront » (évangile).
Quelle bonne nouvelle ! Une invitation pour ces femmes, comme pour nous à mettre notre foi non pas dans la contemplation d’un sépulcre et la recherche d’un crucifié, mais dans la rencontre d’un vivant, le ressuscité. Pour cela, nous sommes appelés à diverses conversions (passages).
Comme pour ces femmes, Dieu nous appelle à le chercher. C’est peut-être même cette recherche d’une vie au cœur même de la nuit, de nos doutes, qui nous rend vivants à la différence des gardes. Une recherche avec confiance où nous comptons sur Lui et les autres. Percevoir comme pour ces femmes et pour Abraham que Dieu pourvoit. La pierre est roulée… L’ange, image de Dieu est assis dessus. Dieu à travers l’ange, nous invite à le chercher grâce à ce que Jésus nous a dit.
Le Christ ressuscité nous invite à le chercher au cœur de nos Galilées. Pour les apôtres ; la Galilée, c’est le lieu où ils vivaient, travaillaient et où ils se sont mis à suivre Jésus. Ne me cherchez pas dans les nuages nous dit Jésus. C’est au cœur de nos vies qu’il se donne à rencontrer.
Rendons grâce à Dieu le Père qui nous donne la plus grande preuve de son amour en cette nuit en ressuscitant son Fils et nous avec lui. Joyeuses fêtes de Pâques. Amen !
P. Thomas
un petit commentaire concernant la ligature d’Isaac. Dieu avait promit une descendance nombreuses à Abraham . Isaac ne pouvait donc pas mourir père de Jacob lui même père de tout un peuple. Il s’agit d’une descendance de chair et de sang qui portait en elle l’annonce du Messie. Jésus à contrario lui c’est justement en mourant sur la croix et par la diffusion de son esprit qu’il porte une descendance universelle. C’est en mourant pour nous que le christ triomphe de la mort .
Quelle contradiction ?c’est ainsi que tout s’accomplit.Le peuple juif a produit son fruit et nous en sommes tous bénéficiaires.