Quel renversement, quel bouleversement. Nous voici entrés dans le cœur du mystère de la vie chrétienne, le mystère du Christ… Nous voilà avec nos branches de Rameaux à chanter : Hosanna ! « Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! » Nous sommes entrés dans cette église joyeusement en procession, en suivant la Croix Glorieuse, de même que la semaine prochaine, nous entrerons dans cette église en suivant le Cierge Pascal, la lumière qui brille dans la nuit, le feu nouveau qui nous fait vivre. Quelle joie de nous mettre à la suite du Christ !…

Et si jamais nous devions nous taire, « les pierres crieront » à notre place, nous dit Jésus dans l’évangile… Le monde entier, la création tout entière, semblent prêts à acclamer son Seigneur et Sauveur. Quelle joie… Mais cette joie est mondaine, elle vient du monde… Ce n’est pas pour ça qu’il faut la rejeter où la diaboliser, non, cette joie est belle comme une joie naturelle. Seulement, le Seigneur nous propose bien plus que cette joie mondaine, bien plus que cette joie naturelle. On peut faire mieux, on peut aller plus loin, on mérite mieux.

Pour aller dans ce « mieux », il y a un basculement… À la joie des Rameaux succèdent la passion et la mort du Christ. Comme une épreuve du feu qui vient purifier notre nature humaine : notre nature empêtrée et embourbée dans les pièges du tentateur, dans les tentations du diviseur, dans les divisions de notre adversaire, celui qui nous détourne de Dieu. La Passion de Jésus est longue et pénible, tout comme ce chemin que nous suivons quand nous cherchons à lutter contre les tentations et à vivre de la Résurrection. C’est pénible… C’est long… Mais il y a une fin ! Il y a la joie de la Résurrection qui nous attend, il y a la joie de la vie, la joie de la vie nouvelle.

Ce passage de la vie à la mort, puis de la mort à la vie, c’est bien sûr le chemin que nous vivons dans le baptême. Partir de la joie de vivre pour nous joindre à la mort de Jésus et enfin revivre avec lui, c’est bien ce mouvement de plongeon dans l’eau du baptême. En ce début de Semaine Sainte, nous allons y revivre, en condensé, le mystère de la vie chrétienne en contemplant le mystère de la Passion du Christ puis de sa Résurrection. Nous allons revivre, d’une certaine manière, notre baptême en plongeant dans la vie du Christ, comme nous avons plongé dans ce beau récit de la Passion tout à l’heure et comme nous le ferons à nouveau Vendredi Saint.

Chers Frères et Sœurs, à l’heure où l’Église se prépare à baptiser de nombreux catéchumènes au cours de la Nuit Sainte, méditons sur notre propre baptême, en rendant grâce pour la vie nouvelle qui coule en nous ; ou bien – pour ceux qui ne sont pas encore baptisés -, rendons grâce pour le désir du baptême que le Seigneur met dans les cœurs, et faisons le pas de nous y préparer en Église pour le vivre pleinement dans quelque temps. Courage Chers Frères et Sœurs, les derniers temps de la Passion arrivent et bientôt, nous pourrons exulter de joie, d’une joie renouvelée et purifiée par le Christ. Pour l’heure, prions et gardons les yeux fixés sur la Croix de Jésus.