Lc 17, 20-25

Les questions spatio-temporelles, qui sont très matérielles, ne peuvent être appliquées au Royaume des Cieux qui n’est pas une réalité pleinement tangible mais spirituelle. Le Royaume n’est pas un temps de l’histoire délimité, il ne tient pas entre deux dates ou deux frontières géographiques. Il est un état spirituel, pleinement contenu dans la personne du Christ, vers lequel on progresse sur la terre et dans lequel on entre en plénitude à notre mort. La venue  et la pérennité du Royaume dépendent de Dieu et de l’homme. Avec Jésus, Dieu est venu inaugurer le Royaume que l’histoire du Salut avait préparé. Après Jésus, si l’on demande “”, il faut répondre que le Royaume sur la terre est partout ou nulle part selon l’effort de l’homme. En Jésus, la porte du Royaume a été déverrouillée. Après Jésus, cela appartient à la liberté humaine de l’ouvrir ou de la maintenir fermée – mais cette porte est disponible pour tous, présentée à tous. Le Royaume comme état spirituel nous transforme lentement, à partir du cœur, dans la charité et l’ouverture à l’autre, et lentement, rejaillit autour de nous puisque le bien se diffuse par lui-même. Lentement, il touche nos proches, puis plus largement, jusqu’au monde entier. La foi vécue dans l’amour se reconnaît en effet par son incidence pacificatrice et bienveillante sur le monde – domaines privés et publics confondus, bien-sûr. Partant de notre conscience ou de notre prière, le Royaume se diffuse dans notre action morale par nos actes, touchant d’autres consciences et engendrant d’autres actes. Parce que le bien ne fait pas de bruit, cette venue progressive du Royaume n’est pas aisément observable ponctuellement, brusquement, du moins pour les pharisiens. À ses disciples, Jésus fait aussi le lien entre le Royaume et la Parousie, la venue du Fils à la fin des temps. Le jour du Fils de l’homme, à l’opposé du Royaume, sera public, universel et évident. Il sera aussi ponctuel qu’incontestable. Le seul point commun entre Parousie et Royaume authentique est en effet leur incontestabilité. Dire “il est ici ou là” affaiblit cette perspective : c’est une façon de dire “peut-être”, une façon de diviser et diminuer le Royaume ou le Fils… et son Eglise.

Demandons, à l’intercession de saint Josaphat, la grâce de l’unité dans l’espérance et la charité, pour que le Royaume soit aussi évident et incontestable que le Fils au jour de son retour.

P. Simon

Image: Christ pantocrator de Cefalu (Sicile)