Pleurer ou ne pas pleurer ?

Dans l’évangile d’aujourd’hui, on apprend que « quand Jésus fut près de Jérusalem, en voyant la ville, il pleura sur elle ». Et dans la première lecture, tirée du livre de l’Apocalypse, il est dit à Jean : « Ne pleure pas. Voilà qu’il a remporté la victoire, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David : il ouvrira le Livre aux sept sceaux. »

Nous-mêmes, devons-nous pleurer ou ne pas pleurer ? La réponse est : les deux à la fois. Nous devons pleurer sur les péchés et le mal qui ravagent notre humanité, et nous devons nous réjouir parce que le Christ, l’Agneau immolé, a vaincu le mal par sa mort et sa résurrection.

Pourquoi Jésus pleure-t-il ? Parce que la ville sainte par excellence, celle qui aurait dû être la première à le reconnaître, l’a rejeté. Souvenons-nous : alors que les mages sont venus de loin pour se prosterner devant le roi des Juifs, « en apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. » (Mt 2,3) Après leur rencontre avec Jésus, grâce à un songe, les mages repartirent « par un autre chemin » pour éviter Jérusalem. Plus tard, lors de la fête des Tentes où ses frères le poussent à y aller « pour se manifester au monde » (Jn 7,4) « il y monta lui aussi, non pas ostensiblement, mais en secret » (Jn 7,10) pour ne pas être arrêté. Pour finir, c’est dans cette ville que Jésus sera condamné et crucifié, après que Pilate aura fait face à une foule réclamant à cor et à cri : « crucifie-le ! crucifie-le ! » (Lc 23,21) Devant ce rejet du Fils de Dieu, le messager de la Bonne Nouvelle, comment ne pas pleurer ? C’est le sens de la deuxième béatitude : « Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. » (Mt 5,4)

Pourquoi saint Jean doit-il se réjouir ? Parce que le Christ a vaincu le mal sous toutes ses formes. Lors de son dernier repas, il avait  à ses disciples : « Amen, amen, je vous le dis : vous allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira ; vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie. » (Jn 16,20) Savons-nous nous réjouir de tout le bien qui se fait en nous et autour de nous ? Savons-nous nous émerveiller devant le Règne de Dieu qui est là, au milieu de nous (Lc 17,21) ?

Pleurons devant le mal, et convertissons-nous pour toujours accueillir le Seigneur lorsqu’il vient nous visiter et nous apporter la paix. C’est ainsi que nous pourrons nous réjouir dès ici-bas, et plus encore lors de l’avènement définitif de son Règne.

P. Arnaud