« Voici que les ténèbres couvrent la terre, et la nuée obscure couvre les peuples. Mais sur toi [Jérusalem] se lève le Seigneur, sur toi sa gloire apparaît. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. » Une belle prophétie tirée de la première lecture que voilà… En effet, Jérusalem est censé être le point focal, le phare dans la nuit, qui nous attire et qui nous guide. Les lecteurs chrétiens que nous sommes ne peuvent pas oublier les évènements importants qui se sont passés à Jérusalem. Ainsi, cette Jérusalem personnifiée de l’Ancien Testament est porteuse, malgré elle, dans notre relecture chrétienne, de toute la charge symbolique qu’apporte l’évènement de la Résurrection. Autrement dit, Jérusalem est pour le peuple d’Israël le lieu par excellence où Dieu manifeste sa présence, notamment dans le Temple ; et pour le peuple chrétien, le lieu par excellence où Dieu manifeste sa présence, c’est le Christ Jésus.
Ainsi, nous célébrons aujourd’hui l’Épiphanie, c’est-à-dire la fête de la manifestation de Dieu. Les Mages, dont l’évangile d’aujourd’hui nous raconte le périple jusqu’à l’enfant Jésus, sont des gens complètement étrangers aux cultures et aux pays connus de l’époque. Pourtant, ces Mages se sentent attirés et appelés à venir vers Jérusalem pour rencontrer le roi des Juifs. Sans doute, est-ce un petit quelque chose en eux qui les pousse à agir et à sortir d’eux-mêmes. Une intuition. (Une révélation ? Peut-être… Nous ne savons pas précisément.) Toujours est-il qu’ils supplantent Jérusalem pour vénérer Dieu ailleurs : dans le petit village de Bethléem, en la personne d’un petit bébé nouveau-né. Nous connaissons bien cette histoire, et nous aimons la raconter à nos enfants tout en ajoutant quelques santons dans la crèche.
« Épiphanie » veut dire « manifestation », « apparition » au sens de quelque chose qui se donne à voir. Ici, dans le récit de l’évangile que nous lisons aujourd’hui, Dieu se donne à voir aux Mages par l’enfant Jésus nouveau-né qui est l’épiphanie de Dieu par excellence pour le monde. Nous pouvons voir en ces Mages étrangers la représentation de toutes les personnes qui se rapprochent de Jésus : toutes celles qui ne le connaissent pas encore et qui ne sont pas Chrétiens ; ou bien toutes les personnes qui se disent Chrétiens, nous compris, qui cheminons dans nos vies pour vivre l’expérience de la rencontre avec Jésus, comme les Mages l’ont fait avant nous. À notre tour de faire comme les Mages, de mener l’enquête pour trouver Jésus, mener la quête spirituelle qui nous fait non seulement rencontrer Jésus, mais également cheminer avec lui en vue du Salut.
Suite à leur rencontre avec l’enfant nouveau-né, les Mages « regagnèrent leur pays par un autre chemin ». Et oui, lorsque Dieu se manifeste à une personne, comment peut-elle poursuivre sa route comme si de rien n’était, rentrer comme il est parti ?… Non ! Ce n’est pas possible ! Une fois que nous avons connu l’épiphanie de Dieu, que nous avons été illuminé par la lumière du Christ, comment ne pas être une épiphanie pour le monde ? Comment ne pas être une épiphanie, un signe de la manifestation de Dieu, autour de nous dans notre vie de tous les jours auprès de notre prochain ? Si les Mages se sont vraiment laissé toucher par l’enfant Jésus dans la crèche, et je le crois parce que le texte nous dit qu’ils sont tombés à genoux, qu’ils se sont prosternés et qu’ils ont offert des cadeaux ; si les Mages se sont vraiment laissé toucher par Dieu en le reconnaissant dans l‘enfant Jésus, ils ont dû être les premiers à témoigner de Jésus-Christ, les premiers à évangéliser sur la route pour rentrer au pays, ne serait-ce qu’en racontant leur incroyable histoire.
Si les Mages ont pu devenir, d’une certaine manière, des épiphanies de Dieu dans le monde, nous aussi, qui faisons l’expérience d’une épiphanie eucharistique chaque dimanche, nous pourrions devenir comme les Mages : des ambassadeurs et des évangélisateurs, ne serait-ce qu’en racontant notre incroyable histoire de rencontre avec l’enfant Jésus de la crèche, avec Jésus-Eucharistie.
Chers Frères et Sœurs, profitons de la célébration de cette Eucharistie pour reprendre conscience que Dieu se manifeste d’une manière extraordinaire à travers l’Eucharistie, à travers le pain et le vin consacrés, le corps et le sang du Christ. Si vraiment nous y croyons, il n’y a pas de raison d’être jaloux des Mages qui ont pu voir Jésus petit-enfant couché dans la mangeoire, parce que nous pouvons aussi voir physiquement Jésus-Christ, avec les yeux de notre chair et les yeux de notre foi, nous pouvons le toucher de nos mains et communier corporellement à Lui. Repartir dans notre quotidien avec Lui en nous et nous en Lui. Avec tout ça, Frères et Sœurs, faisons rayonner la lumière du Christ et soyons des épiphanies ambulantes, en témoignant aux quatre coins du monde et de notre quartier de la joie de cheminer avec Jésus.