« Aimez vos ennemis [et] faites du bien », ça revient 2 fois dans l’évangile… Dans toute la litanie des verbes à l’impératif, il y a une invitation (voire un ordre) qui semble surgir du reste : « Aimez vos ennemis [et] faites du bien ».
Ce passage de l’Évangile intervient juste après le passage que nous avons entendu proclamer la semaine dernière : les Béatitudes. Et il se comprend dans sa continuité. Les Béatitudes nous invitent à nous engager sur le chemin de la sainteté, en visant l’idéal des conseils évangéliques. Aujourd’hui, l’évangile nous enseigne des conseils plus pratico-pratiques, tout en restant d’une fine exigence…
« Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent. » Pas simple… Mais David nous a donné un bel exemple dans la 1re lecture.
« Priez pour ceux qui vous calomnient » ; « présent[ez] l’autre joue » quand on nous frappe ; « prêtez sans rien espérer en retour » ; « Soyez miséricordieux » ; « Ne jugez pas » ; « ne condamnez pas » ; « pardonnez » ; « donnez » ; etc.
C’est du concret à mettre en œuvre dans nos vies ! Certes, ça reste plutôt difficile, mais n’oublions pas que la sainteté n’est pas un commandement à remplir à la force du poignet, mais une grâce à recevoir au long d’un chemin avec le Christ, un chemin vers le Père.
Je crois que là, Jésus cherche à aider son auditoire à changer de compréhension sur ce qu’est une vie bonne tournée vers Dieu. Il ne s’agit pas de faire des tas de petites choses, d’observer des commandements, mais à entrer dans un état d’esprit de sainteté. En effet, s’il fallait observer les commandements que Jésus nous donne avec tous ces impératifs, nous serions bien en peine de tout respecter scrupuleusement. Cette phrase de l’évangile est cruciale, je crois : « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux ». Gardons-la dans notre mémoire et dans notre cœur pour la ruminer, la méditer, la répéter plusieurs fois par jour. Si vous voulez vraiment vous rapprocher de Dieu, aurait pu dire Jésus, il faut que vous pratiquiez tout cela pour vous sanctifier et ainsi se rapprocher du seul Saint.
Alors, chers Frères et Sœurs, avec les auditeurs de Jésus, avec tous les lecteurs des évangiles depuis 2000 ans d’histoire, commençons ou bien poursuivons ce chemin de conversion. La sainteté n’est pas à acquérir par la force du poignet, mais en adoptant un état d’esprit, une attitude de miséricorde.
Jésus nous offre un critère de discernement pour savoir si telle ou telle action est sur notre chemin de sainteté ou non. Il répète plusieurs fois, pour juger des actions : « Même les pécheurs en font autant. » Alors attention, il ne faut pas se dire que tout ce que font les pécheurs sont des péchés… Quand ils aiment leur famille, ou leurs amis, c’est une bonne chose, et il nous faut le faire aussi. Cependant, on peut se demander : « qu’est-ce qui est particulièrement saint, qu’un pécheur ne ferait pas ? » Et là, on fait un pas de plus pour entrer dans un état d’esprit évangélique. On peut même faire encore un pas supplémentaire si on ne s’arrête pas à seulement avoir l’idée, mais en faisant vraiment ce qui est saint, dans la force de l’Esprit.
C’est ainsi que nous pouvons répondre progressivement à l’exigence de tous ces verbes à l’impératif que Jésus prononce dans le récit évangélique qui nous est donné de méditer ce matin.
Et puisque cette sainteté exigeante n‘est ni un ensemble de choses à faire, ni une suite de commandements à observer, demandons particulièrement lors de cette messe, la grâce de recevoir l’Esprit-Saint pour qu’il nous conduise sur ces chemins de sainteté. Ce n’est que dans l’Esprit-Saint que nous pouvons cheminer avec le Christ vers le Père. C’est le moment de faire mémoire du sacrement de Baptême et du sacrement de la Confirmation que nous avons reçu en signe de cet Esprit-Saint qui vient prendre ses quartiers en nous
Bref, prenons ces quelques instants de silence pour demander à Dieu, dans notre prière personnelle, qu’il envoie sur nous son Esprit-Saint afin de cheminer toujours plus vers lui accompagné du Christ que nous allons recevoir tout à l’heure dans l’Eucharistie.