Alors que la Terre regarde le Ciel, le Ciel regarde la Terre… Alors qu’« ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs ». Et oui, « pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel » ? Alors que la Terre regarde le Ciel, le Ciel, lui, regarde la Terre et lui rappelle qu’elle est Terre ; mais une Terre en vue du Ciel…

Cette fête de l’Ascension du Seigneur vient nous rappeler que le Seigneur est bien monté aux Cieux, mais qu’il est inutile de regarder le ciel ; parce que le Royaume des Cieux dans lequel trône le Christ n’est sans doute pas dans le ciel bleu de Jérusalem, ni dans le ciel parisien, ni même dans le ciel gris de Normandie, mais dans un ailleurs radical, hors de l’espace et du temps, un ailleurs incompréhensible à nos pauvres esprits humains…

L’important n’est pas de comprendre où est parti Jésus, mais de continuer à vivre dans ses pas, en communion avec lui. Rappelons-nous ses dernières paroles dans l’évangile de ce jour : « Il est écrit que le Christ […] ressusciterait d’entre les morts […]. À vous d’en être les témoins. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. […] Vous [serez] revêtus d’une puissance venue d’en haut ». Et dans la première lecture : « Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins ». Deux textes, deux paroles, mais pas tant de différences que cela… Ces paroles sont complémentaires, d’autant plus qu’elles sont du même auteur : Saint Luc. Recevoir une force qui vient du Saint-Esprit pour être les témoins de la Résurrection partout dans le monde.

Voilà notre mission aujourd’hui : laisser jaillir toujours plus l’Esprit-Saint que nous avons reçu à notre baptême, pour devenir de jour en jour de meilleurs témoins de la Résurrection. Si le Christ n’est plus charnellement présent sur la terre, il peut être physiquement présent pendant la célébration de l’Eucharistie, et par notre communion, nous pouvons le rendre réellement présent dans le monde en le faisant vivre à travers nous.

Rappelons-nous ces paroles de Jésus dans l’évangile selon Saint Jean que nous avons médité ces derniers jours : « il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur » (c’est-à-dire l’Esprit-Saint) « ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai » (Jn 16,7). « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière » (Jn 16,13a). Il nous conduira dans la vérité… C’est-à-dire qu’il nous conduira dans la vie toute entière, qu’il nous conduira dans le Christ tout entier… L’Esprit-Saint qui est en nous, nous fait entrer dans le Christ alors même que le Christ vient demeurer en nous avec le Père… Lorsque nous communion à la messe, il y a tout cela qui est en jeu…

Le monde doit pouvoir sentir la présence de Dieu à ses côté à travers nous. Voilà notre mission de témoins, après l’Ascension du Seigneur. Alors que la Terre regarde le Ciel, le Ciel, lui, regarde la Terre et lui rappelle qu’elle est Terre ; mais une Terre en vue du Ciel…