« Donne à tes fidèles, Dieu tout-puissant, la volonté d’aller par les chemins de la justice à la rencontre de celui qui vient, le Christ. » Voici les mots avec lesquels nous avons prié tout à l’heure lors de la prière d’ouverture de cette messe. Aller à la rencontre de celui qui vient : voilà le programme de l’Avent qui commence. En ce premier jour du temps de l’Avent, en cette nouvelle année liturgique qui commence, l’Église nous mène vers la célébration de l’avènement de Jésus-Christ dans le monde : j’ai nommé Noël. En route pour 4 semaines de préparation, 4 semaines d’attente, 4 semaines de veille, afin de nous tenir prêts pour la venue de notre Seigneur Jésus-Christ, le petit enfant de Bethléem. Il vient à nous, et nous l’attendons.

Il vient, d’accord, mais quand ? Déjà, nous pouvons dire qu’il est venu dans le passé : il y a environ 2000 ans, le Verbe s’est fait chair, le Christ a pris notre humanité. Dieu s’est fait homme pour nous rejoindre dans nos joies comme dans nos peines, pour manifester sa proximité avec nous, son peuple, et ultimement, pour nous sauver de la mort et du péché. Et lorsque Jésus était avec ses disciples, il leur parlait déjà de sa venue à venir. Le passage d’évangile que nous avons écouté à l’instant nous parle de manière quelque peu cryptée de sa venue. Le style apocalyptique, à travers lequel ce discours nous est rapporté, laisse entendre, comme pour tout discours apocalyptique dans la Bible, non pas la fin du monde, mais la transformation du monde, son renouvellement : Dieu est victorieux !

Si ce renouvellement du monde sera à vivre de manière globale un jour que Dieu seul connaît, en attendant l’Évangile nous invite à le vivre personnellement. Jésus s’inquiète pour ses disciples (autant ses auditeurs dans le récit de l’Évangile, que les lecteurs que nous sommes au 21e siècle). La crainte de Jésus concerne l’alourdissement de nos cœurs. Il parle « [de] beuveries, [d]’ivresse et [des] soucis de la vie ». À travers « les beuveries », nous pouvons comprendre la démesure du plaisir. Le plaisir n’est pas mauvais en soi, mais c’est d’en abuser comme seule source d’accomplissement et de réjouissance qui n’est pas bon. À travers « l’ivresse », ce qui est visé est sans doute le manque de lucidité que l’on peut avoir. Combien de personnes, chrétien ou non chrétien, se laissent malheureusement inconsciemment glisser vers l’ivresse de la facilité, en ce qui concerne une vie équilibrée ? À travers « les soucis de la vie », on comprend assez bien que ce sont, sans doute, toutes ces petites choses qui nous détournent de la pensée de Dieu, qui nous détournent de faire sa volonté. Encore une fois ce n’est pas un problème d’avoir des soucis dans sa vie, ça arrive à tout le monde, et on ne le choisit pas. Cela ne peut nous être reproché. Le problème est peut-être plutôt d’être submergé par eux en perdant la confiance en la présence de Dieu à nos côtés, pour nous réconforter et nous soutenir dans ces moments difficiles. En perdant cette confiance, nous perdons légalement ce réflexe de la prière, de déposer nos soucis dans les mains et sur le cœur de Dieu.

Alors, « tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse », « restez éveillés et priez en tout temps ». Voilà le conseil de Jésus pour éviter que nos cœurs ne s’alourdissent. « Reste[r] éveillé », c’est garder notre attention tendue vers le Christ, se tenir prêt à accueillir notre Sauveur qui revient. « Priez en tout temps » : Comment faire autrement ? Qui d’entre-nous peut se tenir côte-à-côte avec un ami toute la journée sans lui parler ? Ce serait bizarre… Et bien le Christ est là, présent, à nos côtés tous les jours et toute la journée. Ce serait tout autant bizarre de ne jamais lui parler, non ? Alors « restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme ». Se tenir debout devant le Fils de l’homme cela nous invite à nous projeter dans l’avenir, concrètement le jour de Noël lorsque nous nous tiendrons debout devant la crèche avenir et l’enfant Jésus, en faisant mémoire de ce premier avènement du Christ : L’Incarnation. Cela nous tend également vers un deuxième avènement du Christ : La Rédemption.

Incarnation, Rédemption : Voilà ces deux avènements vers lesquels nous sommes conduits tout au long de l’Avent. Ces deux avènements du Christ nous invitent à faire mémoire du passé (avec l’Incarnation) et à regarder l’avenir (avec la Rédemption). En attendant, notre commémoration nous permet de vivre le présent. Parce que si le but est de nous tenir debout devant le Fils de l’Homme le jour de notre Rédemption, il convient également aujourd’hui de nous tenir debout parce que nous croyons que le Fils de l’Homme et là avec nous, qu’il nous demande de « reste[r] éveillés et prie[r] en tout temps » « de crainte que [nos] cœur[s] ne s’alourdisse[nt] ». Aujourd’hui, demain, après-demain, etc., nous sommes appelés à rencontrer le Christ jour après jour, de plus en plus, et chaque jour un peu plus.

Chers Frères et Sœurs dans le Christ, je sais bien que la saison n’est pas très facile : c‘est l’automne, les jours raccourcissent, la météo se dégrade, la fatigue commence à peser sur beaucoup d’entre nous, … Bref. Ce ne sont pas tout à fait les signes apocalyptiques décrit par l’Évangile où il est dit que « les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots », mais il est peut-être temps de considérer une forme de l’avènement du Christ au présent, dans notre propre vie spirituelle, parce que lorsque ces signes arriveront, « redressez-vous et relevez la tête car votre Rédemption approche » nous dit l’Évangile « alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire ».

Le Christ est là ; il vient vers nous, à notre rencontre. Gardons courage dans notre vie de foi dans notre vie spirituelle. Ne perdons pas espoir parce que la période est plus difficile, non : Le Christ est là. Profitons de cette Eucharistie pour commémorer et célébrer ce double avènement d’Incarnation et de Rédemption et pour refaire une démarche de foi en déposant au pied de l’autel nos fardeau et nos joies pour les offrir à Dieu. Ainsi, nous repartirons tout à l’heure gaiement sur le chemin de l’Avent avec sur nos lèvres quelques chants. Bonne route vers Noël.