Transfiguration

Dimanche 17 mars 2019 – 2° Dimanche de l’Avent – la Transfiguration (session fiancés)
(Messe animée par l’Aumônerie & Tradition de l’oraison dominicale aux catéchumènes)

Chers frères et sœurs,
nous voici donc dans la traversée du désert qui nous amène vers Pâques. Nous voici dans le désert traversé par le peuple hébreu lors de son exode qui l’a mené de l’esclavage de l’Egypte à sa libération dans la Terre promise. Et d’une certaine façon, le désert est le lieu des fiançailles de Dieu avec son peuple. Le peuple hébreu y a découvert combien Dieu l’aimait et le protégeait. Mais, le désert est aussi le lieu du danger, du péril et de la tentation. Souvenons-nous, la semaine passée, nous étions avec le Christ, au désert, luttant avec le diable. Et dans ce combat, le Christ trouve la victoire en recourant à la « Parole de Dieu », citant des passages de ce que nous appelons l’Ancien Testament.

Aujourd’hui, le Père s’adresse à nous en nous intimant l’ordre d’écouter son Fils, celui qu’il a choisi. Ce mystère de la Transfiguration est tellement beau qu’il nous est donné à contempler deux fois par an : l’été, la Transfiguration fait l’objet d’une fête particulière, 40 jours avant la fête de la Croix Glorieuse, et tous les ans, nous la célébrons le deuxième dimanche de Carême.

Le Christ appelle avec lui les trois disciples Pierre, Jacques et Jean, les mêmes qui seront avec lui à Gethsémani, pour qu’ils puissent se préparer au scandale de la Croix qui précède la gloire de la Résurrection. Les trois disciples sont invités à partager l’intimité de la Trinité, en contemplant la présence du Dieu trinitaire dans le corps du Christ. Et nous-mêmes sommes donc invités à notre tour à cette contemplation.

 

Mais attention, cette vision n’est pas un spectacle grandiose sur un plateau de télévision, ni une belle histoire réservée à Jésus et aux trois disciples. La fascination de cette vision risque de nous arrêter. Nous voudrions rester à voir le Christ, le Père nous invite à l’entendre. Et pourtant, le Christ ne dit rien !

Comment écouter ce Fils bien-aimé ? Au début du Carême, nous étions invités à nous retirer au plus profond de nos maisons pour prier. Qu’y a-t-il de plus profond finalement que notre cœur, lieu de notre rencontre intime avec le Christ ? Avec les apôtres nous sommes invités à écouter ce qui est en nous depuis notre baptême, et qui sommeille souvent et travaille en nous comme une chrysalide. Nous sommes invités à écouter le Christ, présent en nous, et qui nous redit son amour. Nous sommes invités à écouter le Christ qui nous appelle et vers qui nous devons nous retourner. Laissons le Christ vivre en nous. Laissons-le nous mener au bonheur, avec confiance. Alors, son visage lumineux pourra nous illuminer à notre tour.

Voyez comment deux amoureux se regardent : chacun éprouve de la joie à faire naître sur le visage de l’autre un sourire. Le visage de l’autre s’illumine au contact d’un regard plein d’amour.

Contemplons donc cet Amour véritable liant le Père à son Fils.

 

Permettez-moi de me tourner vers les couples présents dans cette assemblée, et particulièrement les fiancés qui partagent avec nous cette Eucharistie.

La Genèse nous apprend que Dieu créa l’homme à son image, homme et femme. Comme le dit si bien le Pape François, « l’image de Dieu est un couple marié : l’homme et la femme; pas seulement l’homme, pas seulement la femme. Mais tous les deux. C’est l’image de Dieu : l’amour, l’alliance de Dieu avec nous est représentée dans cette alliance entre l’homme et la femme. Et ceci est très beau ! Nous sommes créés pour aimer, comme reflet de Dieu et de son amour. Et dans l’union conjugale l’homme et la femme réalisent cette vocation sous le signe de la réciprocité et d’une communion de vie pleine et définitive. Un couple marié est l’icône vivante et crédible de Dieu et de son amour ».

Dieu a pris cette initiative d’une alliance d’amour avec son peuple. Le Christ s’est donné totalement à son épouse, l’Eglise. Et c’est lui qui nous appelle, nous couples mariés, à être l’image de cet amour. C’est pourquoi un sacrement spécifique consacre et fortifie les époux. Le concile Vatican II disait que la famille chrétienne, parce qu’elle est issue d’un mariage, est image et participation de l’alliance d’amour qui unit le Christ à son Eglise, et manifeste à tous les hommes la présence vivante du Sauveur dans le monde.

 

Nous sommes donc appelés à vivre à notre tour cette Transfiguration. Que notre regard s’illumine sous le regard amoureux de notre conjoint. N’oublions jamais que, il y a un an, vingt-cinq ans ou cinquante ans lorsque nous nous sommes donnés complètement à notre conjoint, nous avons choisi d’être l’image de l’amour du Christ. Et vous qui dans quelques mois allez inviter le Christ à votre mariage, à votre tour vous deviendrez cette icône vivante. Notre société fait souvent croire qu’un couple qui dure est un couple « magique », un couple au top. Mais cette image est mauvaise. Car soit on reste dans la superficialité, soit on veut être un couple parfait et cela est inatteignable. A moins d’écouter le Christ. Contre la culture de l’instant, nous, les couples mariés par un engagement pour toujours, nous sommes l’image de cet amour infini de Dieu. Alors, tous les jours de notre vie dans le mariage, redisons notre oui à celui ou à celle que Dieu nous a donné à aimer.

Gardons cette image de la Transfiguration. Les trois apôtres ont vu le visage de Jésus changer ; on peut se demander aussi si leur regard n’a pas changé. N’est-il pas vrai que de regarder un visage lumineux peut nous rendre aussi lumineux ? Le Père appelle à écouter son Fils ; il nous invite à obéir à sa Parole, pour la vivre dans notre monde. Si nous sommes vraiment des images de l’amour de Dieu, nos vies pourront éclairer celles des autres. Et nous avons donc un devoir. Ce qu’un couple fait ensemble peut, ou plutôt, doit être habité, transfiguré par leur amour. Je pense aux fiancés de notre paroisse qui s’engagent pour Hiver Solidaire. Je pense aux catéchumènes que nous devons éclairer de notre amour. Je pense aux jeunes pour qui nous devons être un exemple. La transfiguration devient pour nous une occasion de voir un une présence lumineuse dans un corps vieilli, un étranger, une personne abîmée par les souffrances de la vie et à qui nous redonnons une vie, une dignité, une joie.

 

Bien sûr, comme au désert, la route est parfois difficile, tortueuse. Mais ce n’est pas parce que la route est difficile que ce n’est pas la bonne route ! Il y a parfois des ornières, des impasses dans lesquelles nous nous égarons. Alors rappelons-nous qu’en nous mariant en Eglise, nous avons mis le Christ dans notre union. Écoutons ce que Jésus nous dit, écoutons ce qu’il nous apprend de son Père miséricordieux et plein d’amour.

Et c’est pour cela, que tous, mariés ou non, nous devons regarder avec joie et compassion le mariage. Nous devons nous engager pour lui, le défendre, surtout quand il est moqué, surtout quand il est blessé, quand il est perverti. Ne nous habituons pas aux mariages blessés, rompus. Ce qui ne veut pas dire de ne pas aider ces couples en crise, surtout pas. Nous devons accompagner avec tendresse ces couples. Mais prions le Christ d’éclairer de son visage transfiguré, tous les couples. Prions-le d’éclairer tous les amoureux de la terre : qu’ils réalisent la grâce que Dieu leur donne. Prions le Christ de transfigurer nos amis fiancés qui commencent aujourd’hui leur préparation au mariage. Et prions-le de nous donner des vraies faces de Carême, transfigurées par la joie d’être appelés par lui sur la route de Pâques.

 

Ludovic PEAUCELLE diacre