L’évangile d’aujourd’hui semble nous inviter à mettre en comparaison deux prédications. Ce n’est déjà pas simple de suivre une prédication, mais alors s’il faut en comprendre deux de deux prédicateurs différents et les mettre en relation, la tâche n’est pas super simple… Mais essayons quand même. L’évangile nous rapporte donc, d’une part la prédication de Jean-le-Baptiste dans « toute la région du Jourdain » : Il « [proclamait] un baptême de conversion pour le pardon des péchés » ; et d’autre part la prédication consignée « dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète » : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ».
Au premier abord, il semble que ces deux prédications n’aient rien à voir entre elles… D’une part un baptême de conversion, évènement plutôt instantané : il y a un avant et un après (soit on est baptisé soit on ne l’est pas baptisé). D’autre part une préparation : pour le coup, ce n’est pas binaire. C‘est plutôt quelque chose qui s’étale dans le temps, un « processus » dirait le pape François. On voit bien que derrière la réflexion que nous propose l’évangile d’aujourd’hui, on peut trouver une dualité entre ce qui est instantané et ce qui est progressif. L’instantané du baptême, et le progressif d’une préparation.
Cependant, peut-être que l’on peut affiner notre compréhension des choses : Nous savons qu’une conversion n’est pas toujours instantanée (si Saint-Paul a vécu une illumination, Saint-Pierre quant à lui, a pris son temps pour convertir pleinement son cœur à Jésus-Christ). Nous savons également qu’une préparation se fait bien dans l’optique d’un évènement particulier, un instant qui va arriver…
À présent, nous comprenons mieux que l’association de ces deux prédications nous invite à penser deux choses : Le baptême, le moment de démarrage du processus de la vie chrétienne, et la préparation du chemin du Seigneur comme la progression vers l’avènement du Christ. Un début, une fin, et un chemin entre les deux. Ces deux évènements de chacune de nos vies sont comme les deux avènements du Christ mis en valeur pendant l’Avent : L’incarnation et la rédemption, le début et la fin de la vie de l’Église, le temps de son pèlerinage sur la terre. En vivant, chacun dans sa vie, le baptême et la préparation du chemin du Seigneur, nous vivons d’une certaine manière (en miniature) toute la vie de l’Église comprise entre ces deux avènements du Christ : sa venue dans le monde en prenant notre chair et son retour à la fin des temps.
L’occasion nous est donnée, en ce dimanche, de faire mémoire de notre baptême, de se souvenir de la demande du pape François qui invite à mémoriser notre date de baptême et de fêter ce jour. L’occasion nous est également donnée en ce dimanche de faire mémoire de notre chemin de croyants, c’est la manière (dans le passé) que nous avons eu « [de préparer] le chemin du Seigneur, [de rendre] droits ses sentiers ». Cette relecture personnelle nous aidera assurément à voir où est-ce que l’on en est de notre préparation du chemin du Seigneur, afin de mieux poursuivre notre œuvre, l’œuvre de notre vie. « Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu. » Combler les trous, combler les manques, combler les lacunes… Écarter les obstacles de la vie chrétienne, écarter le péché et ce qui peut nous conduire au péché… Au fond c’est à tout cela que nous invitent ces quelques lignes imagées…
« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers », c’est le chemin de vie de tout baptisé. Ce n’est pas une attitude spirituelle propre au temps de l’Avent mais c’est ce que nous faisons toute l’année, tous les ans, en vivant notre vie de foi, notre vie chrétienne. Simplement, pendant le temps de l’Avent, puisque l’attitude spirituelle que nous avons est une attente active de l’avènement du Christ, on le met en valeur tout particulièrement. Cette attente active est bien la « [préparation du] chemin du Seigneur ».
Frères et Sœurs dans le Christ, en ce 2e dimanche de l’Avent, en cette 2e étape de notre chemin tout particulier vers Noël, célébration des deux avènement du Christ, je nous invite à garder la tête haute, garder courage, malgré la fatigue, le mauvais temps ou encore la lassitude. Gardons les yeux fixés sur le Christ, qui est tout autant celui qui nous guide au jour le jour que la finalité vers laquelle nous nous dirigeons pendant ce temps de préparation. Profitons de cette Eucharistie pour déposer au pied de l’autel tout ce qui fait notre vie, spécialement depuis notre baptême, depuis notre rencontre avec le Christ, afin que Dieu sanctifie tout cela pendant la liturgie eucharistique que nous allons célébrer tout à l’heure tous ensemble. Nous pourrons ainsi, à l’issue de cette célébration, repartir joyeusement poursuivre la préparation du chemin du Seigneur. Prenons ce temps de prière ensemble, quelques instants en silence, pour déposer spirituellement notre vie au pied de l’autel, comme une offrande agréable à Dieu.