« Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit »
Aujourd’hui, Jésus nous révèle, à travers deux paraboles célèbres, celle de la brebis égarée et et celle de la pièce de monnaie perdue, le cœur de sa mission et le vrai visage de Dieu notre Père. Mais, en même temps, il veut opérer en nous un retournement dans notre idée de Dieu et dans notre rapport à notre prochain.
En effet, des gens qui ont mauvaise réputation viennent à Jésus et désirent l’écouter. Ce sont des pécheurs de toutes sortes et des publicains, ces percepteurs d’impôts, mal vus par tout le monde. Mais Jésus les accueille sans condition. Les scribes et les pharisiens, les bons croyants, ou du moins, qui pensent l’être, ne voient pas cela d’un bon œil. Ils font sentir leur mécontentement et leur indignation. Ils ne sont pas du tout heureux de la joie des pécheurs convertis. Ils s’en prennent à Jésus sans même s’adresser à lui personnellement : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Alors Jésus répond aux critiques des scribes et des pharisiens par les deux paraboles : la brebis et la pièce d’argent, qui une fois retrouvées, procurent une immense joie à leurs propriétaires et à leurs voisins et amis. A première vue, on pourrait penser que Jésus plaide pour la cause des pécheurs qui viennent à lui, et qui seraient de ce point de vue la brebis égarée ou la pièce d’argent perdue. Dans ce cas, Jésus serait en train de se justifier devant les pharisiens.
Au fond, si les pécheurs viennent à Jésus, c’est parce qu’ils ont perçu qui il est. S’ils viennent à lui, s’ils veulent l’entendre, c’est parce que sa parole les relève, ils ont envie de nouveauté dans leur vie, d’une nouvelle chance. Or quiconque se tourne vers Jésus avec confiance est libéré de ses fautes. On comprend que saint Paul pouvait considérer tout le reste « comme des balayures, en vue d’un seul avantage, le Christ » (Ph 3, 8).
Au contraire, les pharisiens ressassent leur agacement et leur mépris contre leurs compatriotes qu’ils appellent « les pécheurs ». Le salut qui vient, la joie qui naît : cela ne leur plaît pas du tout. Ils ne sont pas prêts à ouvrir la porte au salut. La brebis et la pièce d’argent perdue semblent désigner les pharisiens et les scribes et tous ceux qui leur ressemblent. Pour les atteindre, il faut se lever de bonne heure, partir à leur recherche. Les quatre-vingt-dix-neuf brebis que Jésus laisse, ce sont les pécheurs et les publicains qui sont venus de leur propre mouvement vers lui. Pour eux, le salut est désormais assuré. Comme Zachée, Marie Madeleine, le publicain qui priait dans le Temple, et bien d’autres encore, ils sont purifiés de leurs fautes. Tel n’est pas le cas pour ceux qui se croient sans péché.
Ce que le Christ dit à ses contradicteurs, c’est que, malgré leurs reproches, il vient pour les chercher. Il ne les laissera pas tout seuls dans leur hargne. Il leur proposera par tous les moyens de s’ouvrir au Dieu de la Miséricorde, d’accueillir l’Amour de Dieu qu’il vient manifester au monde. Le Christ vient et il n’abandonne pas sa tâche de nous faire sortir de nos retranchements. Il ne peut se consoler tant qu’un seul d’entre nous est loin de lui. Il veut nous trouver, nous rassembler et nous donner sa vie en plénitude, son corps et son sang.
Ces paraboles qui nous comblent d’espérance pour nous-mêmes, nous interpellent aussi pour que nous imitions la compréhension de Jésus vis-à-vis des autres, son empressement à chercher celui qui s’est écarté de Dieu et sa joie à le retrouver. Jésus nous demande d’aller à la rencontre de tous, sans juger qui que ce soit, sans nous recroqueviller dans notre bercail personnel. Nous sommes tous des pécheurs et dans notre faiblesse il nous faut demander la grâce de la fidélité et surtout celle de l’humilité qui nous permettra de nous reconnaitre à notre juste valeur et de comprendre que loin du Berger nous sommes perdus. Même si nous sommes confinés en ce moment dans nos maisons, nous ne devons pas laisser nos cœurs et notre amour de Dieu et du prochain être confinés.
Que le Seigneur affermisse notre foi, aiguise notre espérance et déploie notre charité.
Père Thomas THON