Le baptême de Jésus et un évènement assez singulier. D’une part, il montre que Jésus fait comme tout le monde, au sens où il s’inscrit dans une réalité non seulement familiale, mais aussi sociale. En prenant notre humanité par son Incarnation, le Christ est entré dans une famille, dans un peuple, dans une culture, dans une société… Les Juifs de l’époque qui recevait un baptême faisaient simplement une démarche spirituelle qui représente de manière visible une conversion du cœur qui est invisible. Jésus s’inscrit dans cette démarche en accompagnant le peuple auquel il appartient pour se tourner vers Dieu. Et d’autre part, le baptême de Jésus ne se passe pas tout à fait de la même manière que tout le monde… Le tour de Jésus arrive, le ciel s’ouvre, l’Esprit-Saint descend sur lui et la voix du Père retentit depuis le Ciel déchiré affirmant de Jésus qu’il est le Fils bien-aimé.

Le baptême que nous, chrétiens, nous recevons, ne correspond ni à l’un ni à l’autre, mais un peu des deux à la fois et un peu d’autres choses aussi… Le baptême chrétien que nous recevons est un baptême au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
– Il se fait avec de l’eau signifiant la plongée que Jean-Baptiste proposait lors de son baptême de conversion.
Il se fait avec une onction d’huile signifiant l’Esprit-Saint qui pénètre dans nos vies.
– Il se fait avec un vêtement blanc signifiant
notre nouvelle configuration au Christ immaculé de tout péché.
– Il se fait avec de la lumière signifiant que nous ne laissons que Dieu nous éclairer.

Ce texte d’évangile nous apprend que spirituellement, après notre baptême, le ciel s’ouvre et l’Esprit-Saint descend vraiment jusqu’à nous. La voix du Père que Jésus a entendu dans l’Évangile, il est vrai que nous ne l’entendons pas avec nos oreilles le jour de notre baptême… mais nous croyons – dans la foi – qu’à ce moment précis, nous passons de l’état de Créature de Dieu à l’état de Fils et Filles de Dieu, et donc de Frères et de Sœurs de Jésus. Le grand désir de Dieu est de sauver l’humanité qu’il a créée : il aimerait nous accueillir et nous adopter tous ; c‘est probablement notre raison d’être… Mais pour cela, nous avons reçu la grâce d’être libres et il nous faut répondre. Autrement dit, toute main tendue attend qu’une autre l’attrape.

Aussi, je lance un appel :

  • À toutes les personnes qui sont ici présentes qui ne serait pas encore baptisé : il n’est pas trop tard ! La paroisse peut vous accompagner et vous aider à discerner cet appel de Dieu dans votre vie. Et enfin, si c’est vraiment ce que vous désirez, vous pourrez être baptisés au milieu de la joie de toute cette assemblée lors de la nuit de Pâques !
  • À toutes les personnes qui sont ici présentes, qui ont été baptisés bébé, et qui n’auraient jamais eu l’occasion de se préparer à communier à l’Eucharistie, ou encore qui n’auraient jamais eu l’occasion de recevoir le sacrement de la Confirmation : il n’est pas trop tard non plus ! La paroisse peut également vous accompagner et vous aider à discerner cet appel de Dieu dans votre vie. Et enfin, si c’est vraiment ce que vous désirez, vous pourrez recevoir pour la première fois l’Eucharistie au milieu de cette assemblée, ou recevoir la Confirmation à l’occasion d’une célébration plus large (soit au niveau du diocèse soit au niveau du doyenné).

Ces 3 sacrements, vous le savez sans doute, sont ce que l’on appelle les sacrements de l’initiation. Avec le Baptême, la Confirmation et la pratique régulière de l’Eucharistie, nous voilà équipés pour vivre une belle vie de chrétiens dans le monde.

Et puis, peut-être un dernier appel :

  • À toutes les personnes ici présentes dans cette assemblée qui sont déjà baptisés, déjà confirmés, et qui ont déjà reçu une préparation à recevoir la communion, n’oublions pas de rendre grâce pour ces moments. Fêtons nos anniversaires de Baptême et de Confirmation. Pourquoi ne pas organiser des évènements spéciaux à l’occasion des anniversaires qui tombe rond, comme on le fait pour les mariages ?… Célébrer les 10, 20, 30 ans ; 50, 70 ans du jour où nous avons été reconnus comme fils ou fille de Dieu… Quelle joie ! C’est aussi une manière de montrer que l’on est heureux d’avoir été baptisé, peut-être aussi une manière témoigner de cette joie en invitant à cette occasion des amis et pourquoi pas certains qui sont plus loin de l’Église…

Bref le Baptême, c’est central dans la vie des disciples du Christ que nous sommes.

La 2e lecture que nous avons entendue nous enseigne de belles choses sur le baptême : c’est « [une] grâce [qui se manifeste] pour le salut de tous les hommes ». « Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde », nous dit saint Paul, parce que la sainteté à laquelle nous sommes appelés nous encourage à renoncer à ce qui nous éloigne de Dieu. « Elle nous apprend […] à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété ». Bien sûr, il est possible de vivre ainsi même sans la grâce du baptême, mais ce sacrement est un peu comme une main dans le dos qui nous pousse et qui nous permet de nous dépasser et de vivre avec une force nouvelle, une force qui ne s’éteindra pas et qui ne nous abandonnera jamais, quelles que soient les galères et les épreuves de nos vies.

Je nous invite à relire cette magnifique 2e lecture : elle nous propose une petite méditation sur le sens du baptême.

Pour terminer, je dirais que, dans la chronologie de l’histoire de Jésus, son baptême dans le Jourdain inaugure son ministère public. C’est-à-dire que jusque-là, il avait grandi tranquillement pendant une 30aine d’années dans le village de Nazareth avec Marie sa mère et Joseph son père, et dès lors, il commence sa mission et sa prédication. Avec le vocabulaire d’une critique narrative, on dirait que c’est la fin de l’introduction du personnage, à partir de là, il commence vraiment à agir. Et ça tombe bien puisque tout le temps liturgique centré autour de la naissance de Jésus (son attente pendant le temps de l’Avent et son enfance pendant le temps de Noël), se termine aujourd’hui. Demain, le temps de Noël sera terminé, et il laissera place au temps ordinaire. Ce temps est ordinaire non pas parce qu’il serait moins bien que les autres, mais pour nous permettre de mieux profiter des temps de fête, en marquant la différence. Il nous faut également apprendre à vivre la recherche permanente de l’extraordinaire de Dieu dans l’ordinaire de nos vies.