C’est en 2016, à la fin du Jubilé de la Miséricorde que le Pape François a voulu instituer la Fête de la Parole de Dieu. Dans son motu proprio « Aperuit Illis » de 2019, il l’a instituée à chaque 3ème dimanche du Temps Ordinaire. C’est donc aujourd’hui ! Comme la Fête du Corps du Christ nous invite à vivre la communion intensément à chaque messe, cette fête de la Parole de Dieu doit nous réveiller pour que à chaque écoute de sa Parole, nous puissions accueillir le Christ qui se donne à nous.
Oui, la Parole de Dieu est un don. Dieu n’a pas fait le choix de dicter un texte, gravé une fois pour toutes dans le marbre. Il s’est risqué à se donner dans la parole humaine, qui peut être déformée, caricaturée, voire rejetée. Il s’est risqué à faire de nous ses interprètes pour que nous soyons ses porte-paroles ! Et comme le Christ est venu dans notre fragile histoire, sa parole rentre dans notre langage humain. Mais comme sa présence demeure encore aujourd’hui, sa parole est encore vivante aujourd’hui. Sa parole n’est pas un ‘texte’ qu’on lit ou étudie, elle est Dieu qui nous parle, qui converse avec nous, en empruntant notre propre langage. La vocation du baptisé est de répondre à cet appel de Dieu, de répondre à sa Parole.
La liturgie de la Parole est un dialogue, véritable et actuel, entre Dieu et nous-mêmes qui sommes son peuple. Cela n’est pas juste une histoire racontée par des lecteurs, chaque dimanche, et avec des textes que nous répétons tous les trois ans ! Elle est Parole de Dieu qui s’adresse à nous, à cet instant, là où nous sommes. Réécoutons le récit des disciples d’Emmaüs. Jésus rencontre ces deux disciples sur le chemin. En voyant leur désespoir, Jésus va d’abord leur parler en reprenant les Ecritures avec eux. Ce n’est qu’après ce chemin dans la Parole, que l’Esprit va éclairer les disciples pour qu’ils reconnaissent Jésus à la fraction du Pain.
Il ne peut y avoir Eucharistie sans Parole, et inversement. C’est pour cela que nous ne pouvons pas participer vraiment à l’eucharistie si nous ne participons pas avant à la liturgie de la Parole. Soyons cohérents : nous ne pouvons pas communier si nous n’avons pas avant écouté la Parole ! Pensons-y si nous n’arrivons pas dès le début de la messe ! Pourquoi nous installons-nous sans attendre si nous arrivons pendant la liturgie de la Parole, alors que nous attendons silencieusement si nous arrivons pendant la consécration ? C’est aussi pour cela que l’autel et l’ambon sont comme une seule et même table, la table sur laquelle le Christ s’offre à nous. Nous devons les respecter de la même façon. L’autel n’est pas une table quelconque sur laquelle nous pourrions faire n’importe quoi. De même, l’ambon n’est pas un pupitre d’où nous pourrions dire les annonces ou n’importe quel discours ! L’ambon est comme l’estrade construite exprès pour que Esdras proclame la Parole de Dieu dans le Temple réhabilité. Ce respect pour la Parole, son acclamation, est aussi marquée par la procession de l’Evangéliaire, par l’encensement de l’Evangile, par le baiser de vénération donné sur l’Evangéliaire par le ministre à la fin de la proclamation.
Par la Parole, Dieu parle à notre assemblée ; nous sommes appelés tous ensemble à écouter sa parole, en Eglise, et non pas à la lire, chacun de notre côté. Car comme le signe de croix nous unit au tout début de notre célébration, l’écoute commune de la Parole nous unit tous autour de Dieu qui nous parle. La Parole de Dieu, donnée dans la Bible, nous unit aussi plus largement. Il n’est pas anodin que cette fête de la parole advienne juste après la journée mondiale de dialogue avec les juifs, et au cours de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Car avec nos frères et sœurs juifs et protestants, nous partageons cette Parole de Dieu. Nombre d’églises protestantes nord-américaines utilisent le même lectionnaire que nous, et chaque dimanche, nous écoutons la même parole qu’eux.
Mais il ne suffit pas d’écouter, même attentivement, la Parole de Dieu à chaque messe. Comme le Christ liait toujours acte et parole quand il exerçait sa miséricorde – ce que nous retrouvons dans chaque célébration sacramentelle-, la parole de Dieu doit remplir notre être et notre vie. « Ta Parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route » chante le psalmiste. A chaque écoute de la Parole, c’est l’irruption d’une parole toujours neuve dans ma vie. Cela m’invite à scruter la place de la Parole dans ma vie : est-ce que je l’écoute tous les jours ? Est-ce que nous l’écoutons vraiment à chaque fois que nous nous réunissons dans notre communauté ? Dans nos aumôneries ? Est-ce que nous l’écoutons véritablement lors de nos partages d’Evangile ? Est-ce que nous l’écoutons dans nos familles et dans nos foyers ? Et même, avons-nous toujours sur nous un Evangile, une Bible pour être toujours prêt à écouter le Seigneur dans nos moments de joie ou de peine, dans nos promenades ou au travail ? Cette Parole doit nous guider dans nos actions, dans nos engagements, non pas comme un code de la route, mais comme un appel à l’amour. Est-ce que nous la mettons en pratique ? Est-ce que nous la faisons notre ? est-ce que nous y cherchons notre inspiration ? Est-ce que nous la portons à nos frères et sœurs, comme nous y invite une des formules d’envoi dans le missel ?
Soyons toujours prêts à écouter la Parole de Dieu, et à entendre vraiment ce que Dieu nous dit, et non pas ce que nous aimerions qu’il nous dise. Prenons exemple sur Marie qui nous demande de faire tout ce que le Seigneur nous dira. Seigneur, gardons ta Parole dans nos cœurs, et laissons-nous illuminer par elle.