Par amour

Les enfants, pourquoi avez-vous demandé à communier aujourd’hui pour la première fois ? Vous pourriez répondre : « par obéissance à Jésus », puisqu’il a dit à ses disciples, lors de son dernier repas avec eux : « faites ceci en mémoire de moi ». Vous pourriez répondre : « pour progresser dans la foi », puisque le corps de Jésus est une nourriture qui donne de la force pour avancer. Vous pourriez répondre de beaucoup d’autres manières encore, qui seraient toutes justifiées. Mais je crois que la raison principale pour laquelle nous devons communier chaque dimanche, nous les chrétiens, c’est l’amour. L’amour de Jésus, l’amour de l’Église, et l’amour du monde.

 

Tout d’abord, nous sommes invités à communier par amour de Jésus. Lors de son dernier repas avec ses disciples, il a dit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure ». Quelle promesse extraordinaire ! Dieu, que le ciel et la terre ne peuvent contenir, vient demeurer en nous ! Et lorsqu’il y est, nous n’avons plus rien à craindre : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix… Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé ». Lorsque le Seigneur demeure en nous, il apporte sa paix, que rien ne peut troubler. « Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie, tout passe, Dieu ne change pas » écrit sainte Thérèse d’Avila dans un de ses poèmes. En plus de sa paix, le Christ nous apporte sa lumière : « L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ». Tant de personnes autour de nous sont en quête de paix et de vérité, et ne les trouvent pas ! Mais au-delà de ces biens si importants, le Seigneur nous en offre un plus précieux encore : son amour. « Mon Père l’aimera ». Comment ne pas aimer en retour celui qui nous donne tout cela, parce qu’il se donne lui-même ?

Certains chrétiens participent ou non à la messe en fonction du prêtre ou en fonction de l’animatrice de chant. Certes, le célébrant joue un rôle important, il représente Jésus et c’est pourquoi il doit bien préparer ses homélies et l’ensemble de la liturgie, et plus profondément se convertir sans cesse. Certes, l’animatrice de chant est importante parce que la musique aide les croyants à se tourner vers le Seigneur, et c’est pourquoi elle et la chorale (s’il y en a une) doivent bien se préparer. Tant mieux si l’on peut participer à une messe avec un prêtre et une animatrice de chants que l’on aime bien. Mais c’est parfois impossible, notamment dans certaines régions. Dans ces cas-là, le fait de participer à la messe fait encore plus plaisir à Jésus parce qu’on lui montre qu’on vient vraiment pour lui. Et on peut toujours profiter de la messe en priant, en  écoutant bien les lectures, la prière eucharistique…

 

Deuxièmement, Jésus nous invite à communier chaque dimanche par amour de l’Église. Certains disent aimer Dieu et Jésus, mais pas l’Église. Ils oublient qu’elle est le Corps du Christ. Souvenez-vous de ce que Jésus a dit à Paul sur le chemin de Damas : « Saul, pourquoi me persécutes-tu ? », alors qu’il persécutait ses disciples. Sainte Jeanne d’Arc , lors de son procès, a dit à ses juges : « le Christ et l’Eglise, c’est tout un ». Parce qu’elle vit au milieu du monde, l’Eglise a toujours été confrontée à de multiples défis. Souvenons-nous des premiers temps, lorsque certains chrétiens voulurent obliger les convertis du paganisme à la circoncision. Il fallut toute la sagesse des chefs, soutenus par l’Esprit Saint, pour rejeter cette idée : « L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous » cette obligation (1° lect.). Lorsque l’Eglise affronte des tempêtes, comme ces derniers temps, ce n’est pas le moment de quitter le navire, mais plutôt d’écoper et de se serrer les coudes pour qu’il ne chavire pas. Et pour aimer l’Eglise, malgré les péchés de ses membres, il faut non seulement nous souvenir de nos propres péchés, mais aussi admirer tous les chefs d’œuvre qui sont réalisés en son sein, souvent de façon discrète. Souvenons-nous  de Jean Vanier, qui a tant fait pour les personnes handicapées, et dont l’amour pour eux était intimement lié à son amour pour Jésus.

Nous ne venons pas au Saint Esprit comme dans un supermarché où chacun peut se servir comme il le souhaite, mais comme dans une famille où nous sommes solidaires les uns des autres. Imaginez une famille où il n’y a pas de repas commun, mais où chacun vient se servir dans le frigo et au micro-ondes lorsqu’il en a envie. Venir à l’église à tout moment de la semaine et de la journée pour prier ou déposer un cierge, c’est très bien, mais ça ne remplace pas la messe dominicale où nous nous rassemblons tous. Nous y sommes unis par la prière, mais aussi par le geste de paix, et ensuite par les échanges que nous pouvons avoir sur le parvis, que ce soit avec ou sans un verre dans la main.

 

Troisièmement, Jésus nous invite à communier chaque dimanche par amour du monde. Beaucoup d’hommes et les femmes autour de nous souffrent, se sentent seules, perdues, désespérées… Notre mission est de les servir et de leur annoncer la Bonne Nouvelle. Témoignons en particulier de notre Espérance, notamment en nous nourrissant du livre de l’Apocalypse, qui nous donne de contempler « la Ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu : elle avait en elle la gloire de Dieu ; son éclat était celui d’une pierre très précieuse…  La ville n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine : son luminaire, c’est l’Agneau » (2° lect.).

La communion implique une responsabilité. Ainsi, finalement, nous communions par amour de Jésus, par amour de l’Eglise, mais aussi par amour du monde, que nous voulons transformer pour que tous les hommes puissent vivre heureux et être sauvés. C’est le sens de l’envoi, à la fin de la messe : « allez dans la paix du Christ ». Allez témoigner de la Bonne nouvelle auprès de vos frères, et servez-les comme le Christ nous a servis ! A la suite de Mère Teresa, les missionnaires de la Charité placent au cœur de leurs journées la messe et l’adoration du Saint Sacrement. Ainsi fortifiées, elles peuvent aller servir les pauvres dans des conditions qui pourraient sembler insupportables à d’autres.

 

Ainsi, les enfants, entendez bien l’appel de Jésus aussi souvent que vous le pourrez, et obéissez-y non par contrainte, mais par amour : de Jésus lui-même, de l’Eglise et du monde. Prenez exemple sur les saints, et en particulier sur Tarcisius qui avait à peu près votre âge. Au temps de l’Empire Romain, quand les chrétiens étaient persécutés,  il a offert sa vie par amour de Jésus et de ses frères chrétiens. Alors qu’il était parti pour donner l’eucharistie à ceux qui étaient emprisonnés, et que les gardes de la prison voulaient l’obliger à lâcher l’hostie consacrée qu’il tenait sur son cœur, au point de finir par le lapider, il a tenu bon jusqu’à la mort, tout en pardonnant à ses bourreaux. C’est un bel exemple d’amour de Jésus, de l’Eglise, et du monde… Pour conclure, lorsque vous le pourrez, n’hésitez pas à prendre des temps d’adoration de Jésus présent dans le Saint Sacrement, soit dans le tabernacle, soit exposé à nos regards. C’est ainsi que vous comprendrez vraiment le sens du mot « eucharistie » : action de grâce. « Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu’ils te rendent grâce tous ensemble » (ps.) ! Seigneur, MERCI de tout ce que tu fais pour nous !