Chers paroissiens,

L’été est un temps propice pour le repos. Re poser le corps, l’esprit, l’âme… Nous en avons tous besoin car nous sommes des créatures fragiles, pas des super-héros de la mythologie ou du cinéma.  Mais par expérience, nous savons que nous ne trouvons pas toujours ce repos que nous désirons. Nous le confondons parfois avec le laisser-aller, l’oisiveté, le divertissement… Le vrai repos nous est donné par le Seigneur.  Il nous appelle : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11,28)

Pour le recevoir, deux conditions sont posées. La première est l’humilité : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (v.25) Jésus lui-même est le tout-petit par excellence, qui se présente comme « doux et humble de cœur » (v.29). Et il nous a prévenu que le Royaume est à ceux qui ressemblent aux enfants (Mt 19,14). Pendant cet été, sachons nous émerveiller comme eux, avec des cœurs doux et humbles !

La seconde condition du repos est la charité : « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples… et vous trouverez le repos pour votre âme » (v.29). Le joug du Christ, ce sont ses commandements, qui non seulement ne sont pas lourds (« mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger ») (v.30), mais aussi nous rendent plus libres.

Le mot vacances vient de « vacuo », vider en latin. Demandons au Seigneur de nous vider de nos peurs, de nos soucis, et nos désirs superficiels afin qu’Il puisse nous remplir de Lui-même, de son Amour, de sa Joie, de sa Paix… Bonnes vacances et bel été !

P. Arnaud

 

Le renard et le petit prince « apprivoisés » !

 

Pour beaucoup -mais pas tous- voici le temps des vacances. Ce temps nous est donné pour nous re-poser. Il s’agit évidemment de refaire nos forces, mais en nous posant face à ce que l’on a fait, à ce que l’on fait. Ce quotidien qui s’impose à moi me façonne : qu’est-ce que je deviens ? Si ce temps de repos nous permettait de relire ce que nous avons vécu, non pour ressasser, mais pour découvrir ce que nous avons tissé. Le tisserand , sur son métier, ne voit que l’envers de son œuvre et les fils qui s’enchevêtrent. Il lui faut s’arrêter pour observer la tapisserie à l’endroit. Si le temps des vacances nous permettait de regarder notre vie à l’endroit, d’y contempler l’œuvre de Dieu.

Le temps n’est pas un objet à gagner et à posséder. Il est un don à recevoir. Par nature en effet, le temps est destiné à la rencontre. Il nous est donné pour entrer en relation et tisser des liens. Les vacances sont un moment privilégié qui nous est donné pour revivifier de l’intérieur nos relations en famille, entre amis. Mais faut-il encore que nous recevions ce temps comme un don qui nous est fait pour être partagé, et non comme un bien à consommer.

Pour les chrétiens le temps des vacances n’est pas sans évoquer le septième jour de la création où « Dieu ayant achevé l’œuvre qu’il avait faite, se re-posa », non pour abandonner son œuvre à elle-même mais pour la faire exister. Le septième jour fait partie intégrante de l’acte créateur. Si nous nous mettons à distance de notre quotidien, ce n’est pas pour le fuir mais pour mieux l’habiter. Celui qui donne du temps à la prière apprend à vivre le temps comme reçu, et… « maîtrise » mieux son temps ! Si le temps m’est donné, c’est pour aimer. Apprenons à remercier pour le cadeau -le « présent »!- qui nous est fait : nous retrouverons la saveur du présent. Il faut évidemment pour cela se donner un peu de temps, mais « si Dieu a créé le temps, il y en a forcément assez »… pour travailler et pour se reposer, pour remercier et pour aimer !

Nous connaissons le dialogue que le Petit prince engage avec le marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif ! Tout cela pour faire des économies de temps : « On épargne cinquante trois minutes par semaine », dit le marchand. « Et que fait-on de ces cinquante-trois minutes ? », demande le petit prince. « On fait ce que l’on veut… », rétorque le marchand. « Moi, se dit le petit prince, si j’avais cinquante trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine… » (A. de Saint-Exupéry, XXIII). Ce petit dialogue n’a pas perdu de sa pertinence.

Sans même nous en rendre compte, nous pouvons nous satisfaire de ces mille et un expédients qui nous font oublier la véritable soif qui nous habite, sans jamais l’étancher. Au point même que, drogués par une vie trépidante, nous pouvons avoir peur de briser le rythme et redouter le silence.
Que vais-je faire de ces « cinquante trois minutes » qui me sont accordées ? Vers quelle Source vais-je me laisser conduire ? Ce temps, il sera gagné si je le donne (sans pour autant me laisser manger !) à ma famille, aux amis, à ceux que je vais rencontrer… Il sera gagné si je le rends au Seigneur dans le silence, dans la prière… Prendre le temps d’une « halte spirituelle » sur mon lieu de vacances, d’un séjour dans une abbaye, d’un pèlerinage,… Les propositions ne manquent pas… Mais peut-être ai-je peur de m’arrêter ?

Si les vacances étaient vraiment ce septième jour, ou au lieu de « faire », nous nous laissions créer, nous laissions le Seigneur faire en nous son œuvre, et qu’avec Lui, -en regardant notre vie, tout ce que nous avons fait,- nous disions que « cela était très bon » ! (cf. Gen 1, 31)

Bonnes vacances ! si tu as la chance d’en bénéficier. Toutefois n’oublie pas celles et ceux qui ne peuvent pas en prendre, ni tous ceux et celles qui travaillent pour que tes vacances soient aussi agréables que possible.

« C’est Dieu qui vient nous aimer : laissons-le faire! » (Madeleine Delbrêl)

Yves Boivineau, évêque émérite d’Annecy