« Jésus Christ au fil des siècles » Michel FÉDOU Editions du Cerf 2019
Dans cet ouvrage de plus de 500 pages l’auteur nous livre une grande histoire de la christologie. Il récapitule ainsi « les mille et une représentations de Jésus dans l’histoire » du IIe siècle à nos jours. Nous ne pouvons qu’être impressionnés par « le travail accompli par quantité de chrétiens qui, de génération en génération, ont eu à cœur de scruter le témoignage des Ecritures sur le Christ ». (p.485).
Dans cette histoire chacun, en effet est comme l’héritier des époques précédentes :
L’époque patristique avec ses crises et ses débats a donné comme un socle aux recherches ultérieures avec les sept premiers conciles. La réflexion sur la personne du Christ ne s’est pas arrêtée pour autant.
Si le Moyen Age a la réputation d’une période obscure, la présentation lumineuse de la pensée de St Thomas d’Aquin pourrait changer notre regard ainsi que la redécouverte de bien d’autres théologiens.
Mais l’auteur tient compte aussi de l’apport des maîtres spirituels : les mystiques rhénans et, plus tard, Ignace, Thérèse d’Avila, St Jean de la Croix, Bérulle, St Jean-Eudes… D’autres écrivains trouvent leur place comme Pascal ou Dostoïevski.
Comme le sujet est bien délimité on continue à suivre la pensée de chaque époque sur le Christ passant par la Réforme protestante, la théologie du XVIIe siècle, les lumières et l’impact de l’humanisme athée.
L’ouvrage donne une large place à l’époque contemporaine : l’impact de la crise moderniste et les christologies aussi bien catholiques que protestantes ou orthodoxes dans la première moitié du XXe siècle.
Quant à la seconde moitié de ce siècle si proche de nous, l’auteur nous aide à prendre du recul pour repérer ses grandes lignes.
Il n’oublie pas les christologies en dehors de l’Europe, de l’Amérique latine, la christologie noire-américaine, les christologies féministes, la pensée africaine ou asiatique. Et il en conclut : « Une chose est sûre, en tout cas, la christologie européenne devra tenir compte de plus en plus des avancées de la réflexion christologique dans les autres continents ». (p.486). Il prévoit que cette pensée européenne devra se rendre plus attentive à « certains champs de réflexion spécifiques » dans le domaine éthique. Et l’auteur de citer la question des migrations en Europe, le contexte de l’incroyance, le dialogue avec les autres croyants… Un dernier exemple s’impose : celui des questions soulevées par les évolutions climatiques et les menaces qui pèsent sur notre « maison commune ». (p.487)
Nous citons pour terminer la belle conclusion de Michel FEDOU : (p.492) « Il est vrai que le Christ, quant à lui, n’a pas voulu retenir l’attention sur sa propre identité mais a toujours orienté vers Celui qu’il a appelé « Abba ». Mais c’est bien par lui, avec lui et en lui qu’il est donné de rendre gloire et honneur au Père des cieux. »