L’impressionnante croix qui se dresse au-dessus du maître-autel fusionne deux concepts de représentations, d’une part une représentation de la Trinité sous forme d’un trône de gloire, d’autre part une représentation traditionnelle de la crucifixion avec Marie et Jean au pied de la croix.
Le trône de gloire propose, dans l’iconographie chrétienne, une représentation verticale de la Trinité : Dieu le Père soutient les bras de la croix du Fils, la colombe du Saint-Esprit se situant généralement entre le Père et le Fils. Mais sa place est variable ; il arrive qu’elle soit située au-dessus de la tête du Père ou, comme ici, sous les pieds du Fils, cette dernière présentation reflétant d’ailleurs l’ordre du Credo. Il émane de ce trône de grâce une puissance dû au traitement massif de l’ensemble et à la représentation de Dieu le Père : visage impassible et impénétrable, il soutient de ses mains puissantes d’ouvrier, de créateur, la croix de son Fils. Le traitement du Christ est beaucoup plus fin et laisse une plus grande place à l’émotion ; les muscles saillants, les côtes soulignées, les clous apparents donnent à méditer sur la souffrance. La colombe du Saint-Esprit est, quant à elle, traitée avec un réalisme stylisé : elle fond littéralement sur l’autel, sur les prêtres, sur les fidèles, accomplissant avec force et concentration sa mission de messager.
La crucifixion proprement dite est d’une facture beaucoup plus classique. Le Christ, tête penchée, s’affaisse légèrement ; il a rendu l’âme. Au pied de la croix, Marie se tient debout, mains ouvertes dans le geste de l’orante et regarde en direction de son fils, tandis que Jean, en habit quasiment monastique, la regarde, elle qui lui a été confiée par le Christ. Il présente un livre ouvert, son Evangile: la tradition qui fait de Jean le disciple et de Jean l’évangéliste un seul et même personnage est ainsi respectée.
La croix, le tabernacle et le retable composent un ensemble imposant qui ferme le presbyterium et qui concentre l’attention sur l’autel où se déroule l’Eucharistie.
L’artiste : Jean Dunand
Chantal Pain
Crédit photographique Bruno Parnaudeau