Une petite vidéo introductive : https://youtu.be/zmLfUyJMqdY
La piété dans la Bible : La piété
La piété
Alors que la crainte établit la juste distance entre l’homme et Dieu, dans un esprit de respect et d’adoration, la piété crée de l’intimité et de la tendresse. Un enfant doit apprendre à respecter ses parents, mais il doit aussi pouvoir se blottir dans leurs bras pour recevoir des câlins. L’homme est un être religieux. S’il n’a pas de dévotion envers Dieu, il en aura pour des idoles (souvenons-nous du veau d’or dans le désert[i] ): des objets ou d’autres êtres humains. C’est ainsi que le supermarché, le stade et la salle de concert sont devenus les temples des temps modernes. Le black Friday ou le premier jour des soldes, on assiste à des scènes d’hystérie qui laissent pantois. Et les jours de matchs ou de concerts, les spectateurs peuvent entrer « en transe » en vénérant leurs stars préférées.
Charles de Foucauld, qui « adorait » la fête et la vie facile, fut bouleversé en voyant les musulmans prier, lorsqu’il partit au Maroc pour combattre avec l’armée. Ce fut le début de sa conversion.
Certains personnages bibliques ont fait preuve d’une piété admirable. Dans l’Ancien testament, songeons à Moïse qui parlait à Dieu « face à face », comme on parle à un ami[ii]. Ou à Elie, à qui Dieu s’adressa dans la brise légère[iii]. Ou encore au roi David, à qui on attribue tous les psaumes, tant il aimait prier le Seigneur… Dans l’évangile, souvenons-nous des femmes qui versèrent un parfum précieux sur les pieds ou la tête de Jésus[iv] et du disciple que Jésus aimait, qui reposa sa tête sur son cœur lors de la dernière Cène[v].
Le meilleur exemple de piété nous est donné par le Christ lui-même, dont le cœur était continuellement tourné vers son Père. Il passait des nuits entières à le prier mais il lui arrivait aussi d’exprimer des prières jaculatoires, celles qui jaillissent du cœur, comme celle-ci que Matthieu et Luc nous ont rapportée : « Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint, et il dit : “Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père. Personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père ; et personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. ”»[vi] Ou encore celle-ci, rapportée par Jean avant qu’il ne ressuscite Lazare : « Jésus leva les yeux au ciel et dit : “Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé.” »[vii]
Tournons-nous vers les saints. Un certain nombre d’entre eux ont connu des extases tant leur ferveur dans la prière était grande. Thérèse d’Avila les redoutait car elle craignait d’être trompée par le démon. Philippe Néri les redoutait lui aussi tellement lorsqu’il célébrait la messe (qui pouvait durer des heures) qu’il avait décidé de mettre un chat sur un couffin au bord de l’autel afin de le distraire ! Cependant, la piété ne s’accompagne pas toujours d’extases, mais parfois de sécheresse. Pensons à la petite Thérèse, qui avait l’impression qu’un mur la séparait du ciel durant les 18 derniers mois de sa vie. Ou encore de Mère Teresa, qui connut cette sécheresse pendant 40 ans ! Que la prière soit fervente ou sèche, peu importe, l’essentiel est de se mettre à l’écoute du Seigneur. Jean-Paul II ne prenait aucune grande décision sans avoir d’abord pris le temps de la prière.
Demandons au Seigneur de nous aider à devenir plus pieux, c’est-à-dire à tourner toujours plus notre cœur vers Lui. Il nous exhorte à « prier sans relâche »[viii], en nous rappelant que lorsque nous prions, c’est l’Esprit Saint qui est à l’œuvre en nous. Il « vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. »[ix] L’Esprit est donc le sujet de la prière, mais aussi son « objet » : « Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »[x]
Le don de piété est intimement lié à la vertu de justice, car il revient à donner à Dieu et à son prochain l’amour qui leur est dû. Car on ne peut se tourner vers Dieu sans se tourner vers son prochain. C’est pourquoi le don de piété s’exprime non seulement par l’adoration du Seigneur, mais aussi par la vénération des saints, l’affection mutuelle et le service de celui qui a besoin de moi.
Il est également associé à la béatitude des doux « qui recevront la terre en héritage. »[xi] Cette terre, c’est le cœur du Seigneur, sur lequel ils peuvent demeurer comme le disciple que Jésus aimait !
P. Arnaud
[i] Ex 32,1-29
[ii] Ex 33,11
[iii] 1R19,8-13
[iv] Jn 12
[v] Jn 13,23
[vi] Lc 10,21 22
[vii] Jn 11,41 42
[viii] 1 Th 5,17
[ix] Rm 8,26
[x] Lc 11,13
[xi] Mt 5,5