Une petite vidéo introductive: https://youtu.be/F9Tn84sp7IU

Quelques exemples de ce don dans la Bible:La sagesse

Présentation

Lorsque nous étions enfants, nos parents nous ont sans doute dit souvent : « sois sage! » afin que nous nous tenions tranquilles. Mais la sagesse est beaucoup plus qu’une forme de tranquillité. En hébreu biblique, « sagesse », hokma, désigne un savoir-faire. Par exemple, les artisans choisis pour bâtir le temple sont des sages. En grec, la sagesse, sophia, signifie aussi savoir (la philosophie est l’amour de la sagesse et du savoir). En latin, sapientia vient de sapere qui signifie à la fois savoir et goûter. Le sage n’est pas forcément celui qui connaît beaucoup de choses, mais celui qui est heureux de ce qu’il sait et sait en tirer profit.

 

Il en ressort que la sagesse est à la fois un savoir, un savoir-être et un savoir-faire. En donnant d’être à la fois contemplatif et actif, elle permet non seulement de connaître et goûter la réalité, mais aussi de vivre en harmonie avec elle et de la transformer. Bref, c’est le don suprême, qui nous unit à Dieu Lui-même. Il est le Sage par excellence parce qu’Il est maître de lui-même, omniscient et tout-puissant. Sa sagesse lui permet de gouverner le monde avec justice et charité. Le 7ème don de l’Esprit est en effet associé à la vertu la plus haute, la charité. Tous les autres dons conduisent à celui-ci.

 

La sagesse est l’apanage des rois, grâce à laquelle ils peuvent être artisans de paix (la 7ème béatitude, qui est associée au don de sagesse). Mais elle demande aussi l’esprit d’enfance. « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » (Mt 11,25) dit Jésus à son Père.

 

La 4ème prière eucharistique, dès ses premiers mots, met en lumière le lien entre sagesse, amour et royauté : « Père très saint, nous proclamons que tu es grand et que tu as créé toutes choses avec sagesse et par amour : tu as fait l’homme à ton image, et tu lui as confié l’univers, afin qu’en te servant, toi son Créateur, il règne sur la création. » 

 

Dans la bible, les écrits de sagesse occupent la 3ème grande partie de l’Ancient Testament, après la Loi (les 5 livres du Pentateuque) et les prophètes. Ils s’enracinent dans l’expérience humaine, c’est pourquoi beaucoup de ses maximes se trouvent également dans les civilisations païennes. Mais au fur et à mesure que Dieu s’est révélé, ils ont évolué, notamment en montrant que la vraie sagesse consiste en l’obéissance aux commandements de Dieu, qui ont été donnés à Israël.

 

La sagesse est tellement fondamentale que, sans elle, il est impossible d’être sauvé. C’est ce que Jésus nous enseigne à travers la parabole des dix vierges (Mt 25,1-12). Seules celles qualifiées de sages, parce qu’elles ont en réserve l’huile (symbole de l’Esprit Saint), pourront participer aux noces de l’Epoux.

 

Notre société manque terriblement de sagesse. Elle possède beaucoup de connaissances, mais celles-ci ne sont pas ordonnées dans une saine finalité, celle de la charité. Dame Folie y est plus écoutée qu’elle. « Dame Folie fait du tapage ; c’est une étourdie qui ne connaît rien. » (Pr 9,13)

 

La sagesse, pour nous, ne peut être qu’un don de Dieu, c’est pourquoi nous devons la demander au Seigneur dans notre prière, comme le fit Salomon à Gabaon :

« Dieu de mes pères et Seigneur de miséricorde, je suis ton serviteur, un homme frêle et qui dure peu, trop faible pour comprendre les préceptes et les lois.

Daigne me donner la Sagesse. Qu’elle travaille à mes côtés et m’apprenne ce qui te plaît.

Car elle sait tout, comprend tout, guidera mes actes avec prudence, me gardera par sa gloire. »

(1R3 & Sg 9)

 

Développement

La sagesse est le don ultime, qui nous fait participer à la vie même de Dieu, le seul Sage. « Elle est le rayonnement de la lumière éternelle, le miroir sans tache de l’activité de Dieu, l’image de sa bonté. » (Sg 7,26)

Il est associé à la vertu la plus haute, la charité. Tous les autres dons conduisent à celui-ci. En citant plusieurs de ses caractéristiques, la Sagesse énumère d’ailleurs plusieurs des dons de l’Esprit:

« Moi, la Sagesse, j’habite avec l’habileté, j’ai appris à connaître bien des finesses. – La crainte du Seigneur, c’est la haine du mal. Je hais l’orgueil, l’arrogance, le chemin du mal et la bouche perverse. À moi le conseil et l’efficacité ; c’est moi l’intelligence, à moi la vigueur ! Par moi, les rois agissent en rois et les souverains édictent ce qui est juste. » (Pr 8,12‑15)

En français, le mot a perdu de sa force. « Sois sage », dit-on à un enfant pour qu’il se tienne tranquille. En hébreu, hochmah a plus de profondeur, et indique un savoir-être et un savoir-faire. Les artisans choisis pour bâtir le temple sont des sages.

« Le Seigneur parla à Moïse. Il dit : Vois : j’ai appelé par son nom Beçalel, fils d’Ouri, fils de Hour, de la tribu de Juda. Je l’ai rempli de l’esprit de Dieu pour qu’il possède la sagesse, l’intelligence, la connaissance et le savoir-faire pour toutes sortes de travaux : la création artistique, le travail de l’or, de l’argent, du bronze, la taille des pierres précieuses, la sculpture sur bois et toutes sortes de travaux. Et c’est moi qui lui donne comme adjoint Oholiab, fils d’Ahisamak, de la tribu de Dane. C’est moi qui donne la sagesse à tout artisan habile, pour qu’il fasse tout ce que je t’ai ordonné.» (Ex 31,1‑6)

On est bien loin de la mentalité qui a prévalu longtemps en France et dans d’autres pays, et qui n’a pas totalement disparu, selon laquelle les métiers manuels étaient inférieurs aux métiers intellectuels. Chez les Juifs, le travail manuel est considéré comme noble. Saint Paul, après avoir commencé sa mission d’évangélisation, a continué à fabriquer de tentes, comme il le rappelle aux Corinthiens : « nous nous épuisons à travailler de nos mains.» (1 Co 4,12)

En latin, sapientia vient de sapere, qui signifie à la fois savoir et goûter (d’où notre mot saveur). Elle rend la vie semblable à un festin:

« La Sagesse a bâti sa maison, elle a taillé sept colonnes. Elle a tué ses bêtes, et préparé son vin, puis a dressé la table. Elle a envoyé ses servantes, elle appelle sur les hauteurs de la cité : “Vous, étourdis, passez par ici !” À qui manque de bon sens, elle dit : “Venez, mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé. Quittez l’étourderie et vous vivrez, prenez le chemin de l’intelligence.”  » (Pr 9,1‑6)

Le sage est donc celui qui possède un savoir qui n’est pas seulement théorique, lui  permettant de mener sa vie à la manière de Dieu. Ecoutons le pape François: « La sagesse consiste à voir avec les yeux de Dieu, entendre avec les oreilles de Dieu, aimer avec le cœur de Dieu… Le sage sait comment Dieu agit, il reconnaît quand une chose est de Dieu et quand elle ne l’est pas ».

 

Il peut être comparé à un ancien qui a acquis de l’expérience, mais aussi à un enfant qui joue et trouve ses délices parmi les hommes: « Et moi, je grandissais à ses côtés. Je faisais ses délices jour après jour, jouant devant lui à tout moment, jouant dans l’univers, sur sa terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes. » (Pr 8,30‑31)… Cet enfant est plein de confiance car il sait que « tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu. » (Rm 8,28)

 

La sagesse est le don qui sied par excellence au roi, qui doit gouverner son peuple. Et puisque Dieu seul possède la sagesse, il convient de lui demander d’y participer, comme Salomon le fit à Gabaon. « À Gabaon, pendant la nuit, le Seigneur lui apparut en songe. Dieu lui dit : “Demande ce que je dois te donner.” Salomon répondit : “Tu as traité ton serviteur David, mon père, avec une grande fidélité, lui qui a marché en ta présence dans la loyauté, la justice et la droiture de cœur envers toi. Tu lui as gardé cette grande fidélité, tu lui as donné un fils qui est assis maintenant sur son trône. Ainsi donc, Seigneur mon Dieu, c’est toi qui m’as fait roi, moi, ton serviteur, à la place de David, mon père ; or, je suis un tout jeune homme, ne sachant comment se comporter, et me voilà au milieu du peuple que tu as élu ; c’est un peuple nombreux, si nombreux qu’on ne peut ni l’évaluer ni le compter. Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ; sans cela, comment gouverner ton peuple, qui est si important ?” Cette demande de Salomon plut au Seigneur, qui lui dit : “Puisque c’est cela que tu as demandé, et non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis, mais puisque tu as demandé le discernement, l’art d’être attentif et de gouverner, je fais ce que tu as demandé : je te donne un cœur intelligent et sage, tel que personne n’en a eu avant toi et que personne n’en aura après toi. De plus, je te donne même ce que tu n’as pas demandé, la richesse et la gloire, si bien que pendant toute ta vie tu n’auras pas d’égal parmi les rois. » (1 R 3,5‑13).

C’est ainsi que le roi peut devenir artisan de paix (la 7ème béatitude, qui est associée au don de sagesse).

 

L’amour peut être égoïste, s’il n’est pas de Dieu. Un chat aime les souris, mais c’est pour les dévorer. La sagesse informe notre amour, le rendant semblable à celui de Dieu, qui est essentiellement agapè (don de soi) même s’il peut aussi revêtir la forme de l’eros (amour qui reçoit), comme le pape Benoît XVI l’a bien montré. Le véritable amour a été décrit par saint Paul: « L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. » (1 Co 13, 4‑7)

La 4ème prière eucharistique, dès ses premiers mots, met en lumière le lien entre sagesse, amour et royauté : « Père très saint, nous proclamons que tu es grand et que tu as créé toutes choses avec sagesse et par amour : tu as fait l’homme à ton image, et tu lui as confié l’univers, afin qu’en te servant, toi son Créateur, il règne sur la création. » 

 

Sans sagesse, l’Eglise pourrait ressembler à une organisation philanthropique.

 

Dans la bible, les écrits de sagesse occupent une place très importante, après la Loi (les 5 livres du Pentateuque) et les prophètes. Les psaumes en constituent la quintessence, et c’est pourquoi Jésus dit aux apôtres, le soir de la résurrection: « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. » (Lc 24,44)  Le cœur de la sagesse consiste en effet à se tourner continuellement vers Dieu, dans une prière continuelle où alternent la louange, les supplications, les actions de grâce… Souvenons-nous en particulier du psaume 118: « Je me règle sur chacun de tes préceptes, je hais tout chemin de mensonge. Quelle merveille, tes exigences, aussi mon âme les garde ! Déchiffrer ta parole illumine et les simples comprennent. » (v.128-130)

 

La sagesse biblique s’enracine dans l’expérience humaine, c’est pourquoi beaucoup de ses maximes se trouvent également dans les civilisations païennes. Certaines reflètent une mentalité qui devra être dépassée :

« Ni à ton fils ni à ta femme, ni à ton frère ni à ton ami, ne donne pouvoir sur toi durant ta vie. Ne fais don de tes biens à personne : tu pourrais t’en repentir et devoir les redemander. » (Si 33,20)

Mais elle va progresser petit à petit, notamment en comprenant que la vraie sagesse consiste en l’obéissance aux commandements de Dieu, qui ont été donnés à Israël.

« La Sagesse est apparue sur la terre, elle a vécu parmi les hommes. Elle est le livre des préceptes de Dieu, la Loi qui demeure éternellement : tous ceux qui l’observent vivront, ceux qui l’abandonnent mourront. » (Ba 3,38 – 4,1)

 

Pour participer à la sagesse divine, sommet de tous les dons, le premier d’entre eux est absolument nécessaire.

« La sagesse commence avec la crainte du Seigneur, connaître le Dieu saint, voilà l’intelligence ! » (Pr 9,10)

« Le Seigneur dit : Parce que ce peuple s’approche de moi en me glorifiant de la bouche et des lèvres, alors que son cœur est loin de moi, parce que la crainte qu’ils ont de moi n’est que précepte enseigné par les hommes, eh bien ! j’émerveillerai encore ce peuple par des merveilles de merveilles, et la sagesse de leurs sages se perdra et l’intelligence des intelligents disparaîtra. » (Is 29,13‑14)

Plus tard, Jésus s’est écrié: « En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Mt 11,25)

Et saint Paul renchérit : « Que personne ne s’y trompe : si quelqu’un parmi vous pense être un sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour devenir sage. Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. Il est écrit en effet : C’est lui qui prend les sages au piège de leur propre habileté. » (1 Co 3,18‑19)

 

L’Ancien Testament nous offre plusieurs figures de sagesse. La première est celle de Joseph, l’un des 12 fils de Jacob. Grâce à sa sagesse, qui se manifeste tant dans sa capacité à bien travailler qu’à interpréter les songes, il devient le bras droit de Pharaon. Grâce à elle aussi, il est capable d’élaborer un stratagème ingénieux afin de permettre à ses frères, qui l’ont vendu et ne l’ont pas reconnu lors de leur arrivée en Egypte, de parcourir le chemin de la repentance. Il peut alors leur dire: « Ne vous affligez pas, et ne soyez pas tourmentés de m’avoir vendu, car c’est pour vous conserver la vie que Dieu m’a envoyé ici avant vous. » (Gn 45,4‑5) Et plus tard : « Vous aviez voulu me faire du mal, Dieu a voulu le changer en bien, afin d’accomplir ce qui se réalise aujourd’hui : préserver la vie d’un peuple nombreux. » (Gn 50,20)

 

Une autre belle figure de sagesse est celle de Salomon, à qui tous les livres de sagesse sont attribués (comme on attribue ceux de la Loi à Moïse, et les psaumes à David). Elle lui a été donnée par Dieu parce qu’il la lui a demandée humblement, alors qu’il venait de succéder à son père (1R3). Elle a été si grande qu’elle a fait l’admiration des autres souverains, à commencer par la reine de Saba venue de son lointain pays afin d’éprouver sa renommée.

« La reine de Saba avait entendu parler de la renommée de Salomon, qui faisait honneur au nom du Seigneur. Elle vint donc pour le mettre à l’épreuve en lui proposant des énigmes. Elle arriva à Jérusalem avec une escorte imposante : des chameaux chargés d’aromates et d’une énorme quantité d’or et de pierres précieuses. Quand elle fut parvenue auprès de Salomon, elle lui exposa les questions qu’elle avait préparées, mais Salomon trouva réponse à tout et ne fut arrêté par aucune difficulté. Lorsque la reine de Saba vit toute la sagesse de Salomon, le palais qu’il avait construit, les plats servis à sa table, le logement de ses officiers, la tenue du service et l’habillement des serviteurs, ses sommeliers, les holocaustes qu’il offrait à la maison du Seigneur, elle en eut le souffle coupé, et elle dit au roi : “Ce que j’ai entendu dire dans mon pays sur toi et sur ta sagesse, c’était donc vrai ! Je ne voulais pas croire ce qu’on disait, avant de venir et de voir de mes yeux ; mais voilà qu’on ne m’en avait pas appris la moitié ! Tu surpasses en sagesse et en magnificence la renommée qui était venue jusqu’à moi. Heureux tes gens, heureux tes serviteurs que voici, eux qui se tiennent continuellement devant toi et qui entendent ta sagesse ! Béni soit le Seigneur ton Dieu, qui t’a montré sa bienveillance en te plaçant sur le trône d’Israël. Parce que le Seigneur aime Israël pour toujours, il t’a établi roi pour exercer le droit et la justice.” » (1 R 10, 1‑9)

Mais un don n’est pas un dû, et il peut être perdu par la faute de l’homme. C’est ainsi que Salomon perdit sa sagesse en épousant beaucoup de femmes étrangères: « Le roi Salomon aima de nombreuses femmes étrangères : outre la fille de Pharaon, des Moabites, des Ammonites, des Édomites, des Sidoniennes, des Hittites. Elles étaient de ces nations dont le Seigneur avait dit aux fils d’Israël : “Vous n’entrerez pas chez elles, et elles n’entreront pas chez vous : sûrement, elles détourneraient votre cœur vers leurs dieux.” Mais Salomon s’attacha à elles par amour. Il eut sept cents femmes de rang princier et trois cents concubines ; et ses femmes détournèrent son cœur. Salomon vieillissait ; ses femmes le détournèrent vers d’autres dieux, et son cœur n’était plus tout entier au Seigneur, comme l’avait été celui de son père David. Salomon prit part au culte d’Astarté, la déesse des Sidoniens, et à celui de Milcom, l’horrible idole des Ammonites. Il fit ce qui est mal aux yeux du Seigneur, et il ne lui obéit pas aussi parfaitement que son père David. » (1 R 11, 1‑6)

Son fils Roboam, qui lui succéda, manqua totalement de sagesse. Alors que le peuple demandait un allègement de sa servitude, rendue pesante à cause de tous les travaux imposés par Salomon, voici ce qu’il répondit : « Le roi répondit durement au peuple, en négligeant le conseil donné par les anciens. Il parla au peuple en suivant le conseil des jeunes gens : “Mon père a rendu lourd votre joug, je vais, moi, ajouter encore à votre joug. Mon père vous a corrigés avec des lanières ? Eh bien, moi, je vous corrigerai avec des fouets à pointes de fer !” » (1 R 12,13‑14) Résultat : il provoqua un schisme politique entre Juda au Sud et Israël au Nord, qui entraîna lui-même un schisme religieux.

 

Un autre personnage biblique plein de sagesse est Daniel. Elle se manifeste alors qu’il est encore un enfant, et qu’il fait partie des Hébreux captifs du roi de Babylone Nabuchodonosor. Alors que celui-ci interroge tous ses esclaves qui ont été mis au service de ses eunuques, il constate que lui et ses compagnons surclassent les autres enfants de leur âge. « Sur toutes les questions demandant sagesse et intelligence que le roi leur posait, il les trouvait dix fois supérieurs à tous les magiciens et mages de tout son royaume. » (Dn 1,20). C’est lui aussi qui, encore tout jeune, sauve d’une condamnation à mort injuste Susanne, une femme « très belle et qui craignait le Seigneur » (Dn 13,2) et que des anciens iniques avaient accusée d’adultère. Daniel manifestera de nombreuses fois sa sagesse auprès de Nabuchodonosor et de ses successeurs.

 

Le Christ lui-même est Sagesse de Dieu. « Pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. […] C’est grâce à Dieu, en effet, que vous êtes dans le Christ Jésus, lui qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification, rédemption. » (1 Co 1,24.30).

On le voit dès son enfance: « L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. » (Lc 2,40) Plus tard, au début de son ministère, ses concitoyens de Nazareth s’interrogent: « De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? » (Mc 6,1‑2)  Mais sa sagesse va s’exprimer au plus haut point sur la croix. « Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. » (1 Co 1,25)

 

La sagesse est tellement fondamentale que, sans elle, il est impossible d’être sauvé. C’est ce que Jésus nous enseigne à travers la parabole des dix vierges (Mt 25,1-12). Seules celles qualifiées de sages, parce qu’elles ont en réserve l’huile (symbole de l’Esprit Saint), pourront participer aux noces de l’Epoux.

 

Notre société manque terriblement de sagesse. Elle possède beaucoup de connaissances, nous l’avons vu, mais celles-ci ne sont pas ordonnées dans une saine finalité, celle de la charité. Dame Folie y est plus écoutée qu’elle. « Dame Folie fait du tapage ; c’est une étourdie qui ne connaît rien. » (Pr 9,13)

 

En plus de la folie, la sagesse a un autre ennemi: l’acédie. Ce vice capital (l’un des 7) que nous avons déjà évoqué à propos de la connaissance cherche à saper aussi bien l’Espérance que la Charité.

 

La sagesse nous donne de contempler Dieu et son œuvre. C’est le degré ultime de la prière: lectio, meditatio, oratio nous mènent à la contemplatio.

 

Et pour conclure, prions:

Dieu de mes pères et Seigneur de miséricorde, par ta parole tu fis l’univers,

Tu formas l’homme par ta Sagesse pour qu’il soit maître de tes créatures,

qu’il gouverne le monde avec justice et sainteté, qu’il rende, avec droiture, ses jugements.

Donne-moi la Sagesse, assise auprès de toi ; ne me retranche pas du nombre de tes enfants :

je suis ton serviteur, le fils de ta servante, + un homme frêle et qui dure peu, trop faible pour comprendre les préceptes et les lois.

Le plus accompli des enfants des hommes, s’il lui manque la Sagesse que tu donnes, sera compté pour rien. [

Tu m’as choisi pour régner sur ton peuple, pour gouverner tes fils et tes filles ;

tu m’as ordonné de bâtir un temple sur ta montagne sainte, un autel dans la ville où tu demeures, imitation de la demeure sainte que tu fondas dès l’origine.]

Or la Sagesse est avec toi, elle qui sait tes œuvres ; elle était là quand tu fis l’univers ; elle connaît ce qui plaît à tes yeux, ce qui est conforme à tes décrets.

Des cieux très saints, daigne l’envoyer, fais-la descendre du trône de ta gloire. Qu’elle travaille à mes côtés et m’apprenne ce qui te plaît.

Car elle sait tout, comprend tout, guidera mes actes avec prudence, me gardera par sa gloire.

(Sg 9, 1‑11)