Le Crucifix

Fresque :  «Les grands précurseurs de la Renaissance en art»

– Situation dans l’église : à côté du bureau de l’Accueil des prêtres dans l’église

– L’artiste : Émile Beaume (1888-1967)

Crédit photographique Bruno Parnaudeau

 

Au centre de la fresque, se dresse un imposant crucifix d’allure byzantine. L’artiste a sans doute voulu faire allusion, à la fois, à l’épisode de la rencontre de François avec le Christ de Saint-Damien, et, par son style, aux crucifix ombriens du 13e siècle

 

La rencontre de François avec le Christ est relatée par Thomas de Celano*. Il écrit « Il [François] passe un jour auprès de l’Eglise Saint Damien qui était quasiment en ruines et délaissée de tous. Comme, sous la conduite de l’Esprit, il y était entré pour prier, il se prosterne devant le crucifix… » L’appelant alors par son nom, le Christ s’adresse à lui « François, va, répare ma maison, qui, comme tu le vois, est toute entière en ruines. » Et pensant que le Crucifié lui demandait de restaurer ce bâtiment, il se mit immédiatement au travail.

 

Le crucifix peint par Emile Beaume n’est pas une copie de celui qui se trouvait à l’église Saint Damien** mais une évocation des crucifix ombriens, imprégnés de la spiritualité franciscaine. Le fresquiste représente le Christ de Douleur comme le firent les peintres du 13e siècle afin que les fidèles puissent s’identifier à leur Sauveur. Il donne à voir Son corps privé de vie. Lui imprimant une torsion, il le fait ainsi sortir de son immobilité ; arqué en raison de la souffrance, il lui donne une courbure dramatique. La tête repose sur l’épaule, les yeux sont fermés, les plaies aux mains et aux pieds saignent encore. Son corps exprime là une douleur très humaine. Des figures peu lisibles sur la fresque l’accompagnent. Or au 13e siècle, les scènes annexes étaient souvent reprises d’une oeuvre à l’autre. On peut donc voir ici, comme sur le Crucifix de Saint Damien, Marie et St Jean à la droite du Crucifié et deux saintes femmes avec le centurion à Sa gauche, sur la cimaise, Marie entre deux anges, et dans le clipeus, le Christ Rédempteur. Présent entre les pieds du Christ, le fondateur de l’ordre prie à genoux. Ainsi, par la diffusion de cette image dans les églises d’Ombrie, le crucifix portant le Christ de Douleur est présenté comme l’objet par excellence sur lequel prie et médite Saint François.

 

Martine

 

* Thomas de Celano « Vita Prima »  2,10. Th. de Celano est franciscain et premier hagiographe de Saint François.

** Le crucifix de Saint-Damien (13e siècle), oeuvre d’un artiste ombrien inconnu, est aujourd’hui dans la basilique Sainte-Claire d’Assise