Vaste programme que de donner une définition de l’intelligence !

Si l’on se réfère aux définitions des dictionnaires : « Faculté pour une personne de réfléchir, de comprendre ou de concevoir. » ou « Capacité intellectuelle dont chaque homme est plus ou moins dotée », expression de l’intelligence humaine où apparait une notion de relativité qui ne satisfait pas le chrétien.

En reprenant l’étymologie latine : « Intus legere ». C’est l’aptitude à « lire à l’intérieur », à voir les choses du dedans ; pour le chrétien, à entrer dans le mystère de Dieu par un acte de foi qui défie la logique humaine.

Le pape François en précisant : « C’est le don par lequel l’Esprit Saint introduit l’homme dans l’intimité de Dieu et le rend participant à son dessein d’amour. » (Catéchèse du 30/04/2014) nous propose une définition chrétienne plus aboutie. L’intelligence que nous donne l’Esprit ne nous rend pas seulement capable de comprendre la Parole de Dieu mais, en plus, d’en vivre par notre cœur. L’élan du cœur dépasse la connaissance rationnelle. « Bienheureux les cœurs purs, ils verront Dieu. » (Mt 5,8)

A titre personnel, comment ce don d’intelligence me permet de répondre à ces deux définitions du pape ?  Par deux engagements essentiels :

-1. Entrer dans l’intimité de Dieu c’est-à-dire approfondir le sens de sa Parole de manière continue parce que ce don d’intelligence doit être entretenu : Ceci, dans une démarche entreprise, depuis 15 ans, par des études à l’Institut Catholique de Paris, non pas dans une réflexion uniquement intellectuelle, mais dans une progression, voire un déplacement de ma foi et de la compréhension des mystères de Dieu.

-2. Cultiver la participation au dessein de Dieu c’est-à-dire répondre à la mission qu’il nous confie : Cela, dans la spiritualité Eudiste en tant qu’Associé Eudiste, depuis vingt ans, en essayant humblement de « Former Jésus en moi. » pour tenter de m’approcher de cette Parole, chère à saint Jean Eudes : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. » (Ga 2,20). Cette disposition de vie intérieure passe par la recherche de l’humilité, base de la spiritualité eudiste, quête permanente impossible à tenir sans ce don de l’intelligence. Les circonstances actuelles ont conforté ces deux engagements.

Ce confinement m’a permis de vivre cette intimité et cette humilité… mais aussi, par l’intelligence, d’inventer … pour garder les liens familiaux et amicaux, pour continuer à prier en communauté paroissiale, pour partager la fraternité eudiste mondiale, pour soutenir ceux touchés par la maladie ou le deuil.

En conclusion, « Esprits sans intelligence, cœurs lents à croire » (Lc 24,25), je pense que l’itinéraire des pèlerins d’Emmaüs est toujours le nôtre et que nous devons cultiver ce don :« Alors Il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre les Ecritures. » (Lc 24,45) et prier.  « Esprit Saint accorde-nous le don d’intelligence qui nous fait comprendre les vérités de la foi par les Ecritures, entrer dans leur sens par les sacrements et contempler leur harmonie intérieure dans la liturgie. »

Jean-Claude Bonnefis