L’imposant retable et le tabernacle du maître-autel proposent une illustration du début du chapitre 5 de l’Apocalypse de saint Jean.

La porte du tabernacle est ornée d’un agneau serti dans une mandorle. L’agneau se tient debout, les 4 pattes posées sur le livre aux 7 sceaux évoqué dans les premiers versets : 1Alors j’aperçus dans la main droite de Celui qui siège sur le trône un livre roulé, écrit au recto et au verso, et scellé de sept sceaux. (…) 6Alors j’aperçus, debout entre le trône aux quatre Vivants et les Vieillards, un Agneau comme égorgé portant sept cornes et sept yeux 7Et l’Agneau s’en vint prendre le livre dans la main droite de Celui qui siège sur le trône

Seul l’Agneau est digne d’ouvrir le livre aux 7 sceaux quand apparaîtra le signe de l’Homme.

L’agneau ne porte ni les 7 cornes, ni les 7 yeux décrits dans le texte. En revanche, il arbore un étendard. L’Apocalypse fait de l’agneau, symbole de douceur, un agneau vainqueur, doté des attributs de la puissance, de la royauté. L’agneau immolé devient l’agneau glorieux, vainqueur de la mort et du mal. Ici, il arbore l’étendard de la victoire, comme tout roi de la terre, mais c’est celui de la victoire sur la mort.

 

La vision de saint Jean se poursuit au verset 8 : les quatre Vivants se prosternèrent devant l’Agneau, ainsi que les vingt-quatre Vieillards tenant chacun une harpe et des coupes d’or pleines de parfum, les prières des saints.

Aux 4 coins de la porte du tabernacle figurent effectivement les 4 Vivants de la vision d’Ezéchiel, repris dans l’Apocalypse, dont Irénée de Lyon fait au IIe siècle les symboles des évangélistes : un visage humain (Matthieu), un lion (Marc), un taureau (Luc), un aigle (Jean).

De part et d’autre du tabernacle, le retable déploie en alternance les 12 coupes et les 12 harpes portées par les 24 Vieillards. Le nombre 24 est sujet à interprétations : il s’agit peut-être d’une représentation des 12 tribus d’Israël et des 12 Apôtres. Les Vieillards participent à la glorification de l’Agneau vainqueur vers qui montent la prière et la louange.

Le retable et le tabernacle sont surmontés, non pas des 7 chandeliers évoqués au chapitre 1 et traditionnellement associés à l’Apocalypse, mais de 6 chandeliers répartis au-dessus des coupes et des harpes, le 7ème chandelier étant remplacé par la croix qui domine le tabernacle. Le retable fonctionne verticalement entre la Crucifixion, le tabernacle où repose le Saint Sacrement et l’autel sur lequel s’accomplit le sacrifice eucharistique.

Le texte de l’Apocalypse nous semble souvent difficile d’accès, obscur, généralement synonyme de catastrophe, alors qu’il insiste sur l’espérance du Salut, le rassemblement autour de l’Eucharistie et du Christ, et la louange comme en témoigne le verset 13 : A Celui qui siège sur le trône, ainsi qu’à l’Agneau, la louange, l’honneur, la gloire et la puissance dans les siècles des siècles !

 

L’artiste : Jean Dunand

 

Chantal Pain

Crédit photographique Bruno Parnaudeau