Ambroise à Constance son frère dans l’épiscopat.
Tu as reçu la charge du sacerdoce. Assis à la poupe du navire de l’Église, tu le gouvernes au milieu des flots. Tiens la barre de la foi, afin que les dures tempêtes de ce monde ne réussissent pas à te faire dévier. La mer est grande et vaste, mais ne crains rien, car c’est le Seigneur qui a établi le monde sur les mers et l’a fondé sur les fleuves.
Il n’est donc pas étonnant que, dans les remous du monde, l’Église du Seigneur demeure inébranlable, puisqu’elle est bâtie sur la pierre de l’Apôtre et qu’elle demeure sur sa fondation infrangible, malgré les assauts de la mer en furie. Les flots l’inondent sans pouvoir la secouer, et bien que les éléments de ce monde en s’entrechoquant fassent retentir souvent un grand vacarme, elle peut cependant offrir aux hommes en détresse un havre de salut parfaitement sûr. Cependant, si elle est ballottée par la mer, elle court avec les fleuves ; tu comprends qu’il s’agit de ces grands fleuves dont il est dit : Les fleuves ont élevé leur voix. Ce sont en effet des fleuves qui couleront de son sein ; il s’agit de celui qui recevra la boisson donnée par le Christ, et qui s’abreuvera de l’Esprit Saint. Ce sont donc ces fleuves, lorsqu’ils débordent de la grâce de l’Esprit, qui élèvent leur voix.
Il y a aussi un fleuve qui inonde les hommes de Dieu comme un torrent, un fleuve dont l’élan réjouit l’âme pacifique et tranquille. Celui qui bénéficie de ce fleuve abondant, comme Pierre et Paul, élève la voix ; et de même que les Apôtres, par leur voix sonore, ont répandu jusqu’aux extrémités de la terre la prédication évangélique, celui-là aussi se met à annoncer la Bonne Nouvelle du Seigneur Jésus.
Écoute donc la parole du Christ, pour que ta voix se répande. ~ Recueille l’eau du Christ, celle qui loue le Seigneur. Rassemble l’eau qui vient d’horizons divers, et que répandent les nuées, symbole des prophètes.
Celui qui recueille l’eau des montagnes, qui attire à lui ou qui boit l’eau des sources, la répand lui aussi, comme une nuée. Remplis donc de cette eau les profondeurs de ton esprit, pour que la terre s’en imprègne et soit irriguée par ses propres sources.
Donc celui qui lit et qui comprend beaucoup de choses se gorge d’eau et, une fois qu’il en est gorgé, il la déverse sur les autres ; c’est pourquoi l’Écriture dit : Si les nuées sont pleines de pluie, elles la déversent sur la terre.
Que tes discours soient donc abondants, qu’ils soient purs et transparents. Ainsi, dans ton enseignement moral, tu verseras dans les oreilles de tes auditeurs beaucoup de douceur, tu charmeras ton peuple par la grâce de tes paroles, et il te suivra volontiers là où tu le conduis. ~
Que tes paroles soient pleines de sagesse. Salomon dit en effet : Les armes de l’intelligence, ce sont les lèvres du sage. Et ailleurs : Que tes lèvres s’attachent à la science, c’est-à-dire : que le sens de tes discours soit évident, que leur signification soit claire, que ta parole et ton exposé n’aient pas besoin d’être appuyés par une affirmation extérieure, mais soient garantis par leurs propres armes. Que nulle parole privée de sens ne sorte de ta bouche pour se perdre dans le vide.