Voilà déjà plusieurs semaines que nous sommes privés de communier sacramentellement…
Face à l’habitude ou à la lassitude, je vous propose de relire les mots de Jean-Paul II méditant l’évangile du jour : les disciples d’Emmaüs.

Ces mots résonnent de façon particulière au temps de la pandémie. Ils sont donc une invitation forte à approfondir notre manière de communier. Certes, le jeûne forcé que le confinement nous impose, semble m’empêcher de vivre ce que le saint pape nous propose. Mais les circonstances seront-elles vraiment les plus fortes ? Ce ne serait manquer de foi, de cette foi qui nous dit que Dieu veut être présent. Même caché il l’est ! Les disciples demandent à un homme de rester avec eux, pour finalement le recevoir en eux ! Oui, nos communions spirituelles (même à distance) n’empêchent pas le Seigneur d’être en nous !

En ce Temps Pascal particulier où certains ont sans doute le cœur lourd, comme ces deux disciples, cette lecture devrait nous aider. En voici quelques extraits :

NB : en fin de texte vous retrouverez la prière pour une communion spirituelle proposée par le Pape

Reste avec nous seigneur ! Mane nobiscum Domine (7 oct. 2004)

  1. «Reste avec nous, Seigneur, le soir approche» (Lc 24,29). Telle fut l’invitation insistante que les deux disciples, faisant route vers Emmaüs le soir même du jour de la résurrection, adressèrent au Voyageur qui s’était joint à eux le long du chemin. Habités par de tristes pensées, ils n’imaginaient pas que cet inconnu était bien leur Maître, désormais ressuscité. Ils faisaient toutefois l’expérience d’un «désir ardent» et profond (cf. ibid. 32), tandis qu’il leur parlait, leur «expliquant» les Écritures. La lumière de la Parole faisait fondre la dureté de leur cœur et «ouvrait leurs yeux» (cf.ibid., 31). Entre les ombres du jour déclinant et l’obscurité qui envahissait leur esprit, ce Voyageur était un rayon de lumière qui ravivait en eux l’espérance et qui ouvrait leurs cœurs au désir de la pleine lumière. «Reste avec nous», supplièrent-ils. Et il accepta. D’ici peu, le visage de Jésus aurait disparu, mais le Maître «demeurerait» sous le voile du «pain rompu», devant lequel leurs yeux s’étaient ouverts.

Par ces mots le pape Jean Paul II signait son dernier texte de pape, pour faire entrer l’Eglise dans une année consacrée à l’Eucharistie (2004-2005). Les circonstances ont changé mais le besoin de l’Eucharistie reste total. Qu’est-ce que l’Eucharistie ?

Ch. II – L’EUCHARISTIE, MYSTÈRE LUMINEUX

«Il leur expliqua, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait» (Lc 24,27)

  • 11 – … Le Sacrement de l’Eucharistie est le«mysterium fidei» (mystère de Foi)par excellence. C’est donc précisément à travers le mystère de son enfouissement total que le Christ se fait mystère lumineux, grâce auquel le croyant est introduit dans la profondeur de la vie divine. Ce n’est pas sans une heureuse intuition que la célèbre icône de la Trinité, de Roublev, place de manière significative l’Eucharistie au centre de la vie trinitaire.

Mais n’oublions pas que le mystère de l’Eucharistie commence d’abord par une liturgie de la Parole, prélude au sacrifice de l’autel et la communion. C’est pourquoi Jésus marche longtemps en « leur expliquant, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait »

13 – … C’est le Christ lui-même qui parle lorsque, dans l’Église, on lit les Saintes Écritures.10

 

«Ils le reconnurent à la fraction du pain» (Lc 24,35)

  1. Il est significatif que les deux disciples d’Emmaüs, bien préparés par les paroles du Seigneur, l’aient reconnu, alors qu’ils étaient à table, au moment du geste simple de la «fraction du pain». Lorsque les esprits sont éclairés et que les cœurs sont ardents, les signes «parlent». …/… En effet, la tentation de réduire l’Eucharistie à ses dimensions personnelles est toujours présente en l’homme, alors qu’en réalité il revient à ce dernier de s’ouvrir aux dimensions du Mystère. «L’Eucharistie est un don trop grand pour pouvoir supporter des ambiguïtés et des réductions».12

Le pape nous aide à inverser notre regard. De celui qui cherche à tout maîtriser, l’Eucharistie nous appelle à nous laisser saisir. L’actualité nous dépossède de la maîtrise, mais seule propose vraiment une alternative.

  1. La dimension la plus évidente de l’Eucharistie est sans aucun doute celle du repas. L’Eucharistie est née au soir du Jeudi saint, dans le contexte du repas pascal. Elle porte donc, inscrit dans sa structure même, le sens de la convivialité : «Prenez, mangez… Puis, prenant la coupe, … il la leur donna, en disant : buvez-en tous…» (Mt  26,26.27). Cet aspect exprime bien la relation de communion que Dieu veut établir avec nous et que nous devons nous-mêmes développer les uns avec les autres.

«Je suis avec vous tous les jours» (Mt 28,20)

  1. Toutes ces dimensions de l’Eucharistie se rejoignent dans un aspect qui, plus que tous les autres, met notre foi à l’épreuve, à savoir celui du mystère de la présence «réelle». …/… Le Christ tout entier se rend substantiellement présent dans la réalité de son corps et de son sang.14 C’est pourquoi la foi nous demande de nous tenir devant l’Eucharistie avec la conscience que nous sommes devant le Christ lui-même. C’est sa présence même qui donne à toutes les autres dimensions — repas, mémorial de la Pâque, anticipation eschatologique — une signification qui va bien au-delà d’un pur symbolisme. L’Eucharistie est mystère de présence, par lequel se réalise de manière éminente la promesse de Jésus de rester avec nous jusqu’à la fin du monde.

Célébrer, adorer, contempler

L’Eucharistie, un grand mystère ! En voilà quelques mots clés :

  1. Célébrer de manière digne
  2. Le chant a un caractère sacré
  3. la catéchèse est mystagogique (elle explique le mystère)
  4. Elle appelle une attitude qui témoigne de la Présence Réelle
  5. Faire entrer dans le silence
  6. Faire du tabernacle un ‘pôle d’attraction’
  7. Rester longtemps pour réparer les négligences.
  8. Vivre la ferveur dans la procession eucharistique

Ch.IIIL’EUCHARISTIE, SOURCE ET ÉPIPHANIE DE COMMUNION

«Demeurez en moi, comme moi en vous» (Jn 15,4)

  1. Aux disciples d’Emmaüs qui demandaient à Jésus de rester «avec» eux, ce dernier répondit par un don beaucoup plus grand : il trouva le moyen de demeurer «en» eux par le sacrement de l’Eucharistie. Cf l’introduction.

Plus qu’une présence individuelle, la dimension ecclésiale résonne fort dans ce ‘demeurer en nous’. Difficile de distinguer la communion, de l’Eglise :

Un seul pain, un seul corps

20 – L’Église est le Corps du Christ : on chemine «avec le Christ» dans la mesure où on est en relation «avec son Corps». Le Christ pourvoit à la création et à la promotion de cette unité grâce à l’effusion de l’Esprit Saint.

  1. Si l’Eucharistie est source de l’unité ecclésiale, elle en est aussi la plus grande manifestation. L’Eucharistie est épiphanie de communion.

La Pâque est comme renouvelée à chaque messe, et en particulier celle du dimanche :

En effet, «c’est justement lors de la Messe dominicale que les chrétiens revivent avec une intensité particulière l’expérience faite par les Apôtres réunis le soir de Pâques, lorsque le Ressuscité se manifesta devant eux (cf. Jn 20,19).

Ch. IV – L’EUCHARISTIE, PRINCIPE ET PROJET DE «MISSION»

«À l’instant même, ils se levèrent» (Lc 24,33)

  1. Après avoir reconnu le Seigneur, les deux disciples d’Emmaüs «se levèrent à l’instant même» (cf. Lc24,33) pour communiquer ce qu’ils avaient vu et entendu. Lorsqu’on a fait une véritable expérience du Ressuscité, se nourrissant de son corps et de son sang, on ne peut garder pour soi seul la joie éprouvée. …/… Saint Paul le dit à sa manière : «Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne» (1Co11,26). L’Apôtre met en étroite relation le banquet et l’annonce : entrer en communion avec le Christ dans le mémorial de la Pâque signifie en même temps faire l’expérience de la nécessité de se faire missionnaires de l’événement actualisé dans ce rite.22 L’envoi à la fin de chaque Messe constitue une consigne qui pousse le chrétien à s’engager pour la diffusion de l’Évangile et pour l’animation chrétienne de la société.

Rendre grâce

  1. Un élément fondamental de ceprojetprovient de la signification même du mot «eucharistie»: action de grâce. En Jésus, dans son sacrifice, dans son «oui» inconditionnel à la volonté du Père, il y a le «oui», le «merci» et l’«amen» de l’humanité entière. L’Église est invitée à rappeler cette grande vérité aux hommes. Il est urgent que cela soit réalisé surtout dans notre culture sécularisée, qui est imprégnée de l’oubli de Dieu et qui favorise la vaine autosuffisance de l’homme.

Ces derniers mots résonnent de façon particulière au temps de la pandémie. Ils sont donc une invitation forte à approfondir ma manière de communier.


La Prière du Cardinal Rafael Merry del Val pour une Communion Spirituelle « Ô mon Jésus, dans l’attente du bonheur de la Communion sacramentelle, je veux Te posséder en esprit » :

« À Tes pieds, ô mon Jésus,
je me prosterne et je T’offre le repentir de mon cœur contrit
qui s’abîme dans son néant en Ta sainte Présence.
Je T’adore dans le Sacrement de ton Amour, l’Eucharistie.
Je désire Te recevoir dans la pauvre demeure que T’offre mon cœur ;
dans l’attente du bonheur de la Communion sacramentelle,
je veux Te posséder en esprit.
Viens à moi, ô mon Jésus, pour que je vienne à Toi.
Puisse ton Amour enflammer tout mon être pour la vie et pour la mort.
Je crois en Toi, j’espère en Toi, je T’aime ».

Ainsi soit-il.