Vous connaissez le slogan « Small is beautiful ». Issu d’un livre à succès paru juste après le premier choc pétrolier, il a fait de nombreux adeptes depuis, dans un monde gagné par la tentation du gigantisme. Aujourd’hui, je me permets de dériver ce slogan en « Small is powerfull ». Le coronavirus est minuscule, invisible à nos yeux, et pourtant il « domine » le monde depuis près d’un an. Mais nous savons que son règne aura une fin, et que tôt ou tard, il ne constituera plus une menace (pas comme aujourd’hui, en tout cas).

Il y a 2000 ans a eu lieu une naissance tellement importante qu’elle constitue le centre du temps, comme en témoigne notre calendrier occidental. Le Fils de Dieu s’est fait homme, « la Parole s’est faite chair » (Jn 1,14). Dans la crèche, il n’est qu’un petit enfant qui ne parle pas encore, et pourtant il va changer le monde. Non à la manière d’Alexandre, de César ou de Napoléon, mais avec comme seule arme sa Parole créatrice. Si le monde n’est pas encore devenu celui où « le loup habitera avec l’agneau » (Is 11,6), c’est parce que les puissants de ce monde – et nous-mêmes parfois – refusons de l’écouter.

Alors, en ces fêtes de Noël qui commencent, tendons l’oreille vers celui qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6). Nous aussi sommes petits, l’Eglise ne pèse pas grand-chose sur l’échiquier international (« le Vatican, combien de divisions ? » demandait Staline) et pourtant, notre pouvoir est immense. Dans la première moitié du vingtième siècle, qui aurait pensé qu’un modeste avocat indien comme Gandhi pourrait faire plier l’empire britannique, le plus puissant de l’époque ? Dans la seconde moitié du même siècle, qui aurait pensé qu’un autre modeste avocat sud-africain comme Nelson Mandela pourrait mettre fin au système injuste de l’apartheid ? Ce que ces hommes – non chrétiens pourtant – sont parvenus à réaliser pour leur nation, nous pouvons l’accomplir pour notre quartier, notre nation, et même au-delà. Plus nous, les chrétiens, serons unis les uns aux autres, à l’écoute de notre Maître, plus nous pourrons transformer notre monde. Faisons de notre cœur une crèche où le Fils de Dieu pourra demeurer toujours, et nous pourrons alors répandre partout sa lumière. Joyeux Noël à tous !

P. Arnaud