Dimanche 28 juin, le père Thomas Duthilleul a célébré chez nous sa première messe. Ce fut un moment d’émotion et de joie. Voici son homélie.

Frères et sœurs, nous venons d’entendre les derniers mots du grand discours par lequel Jésus envoie ses apôtres en mission. Et nous avons entendu cette parole : « qui vous accueille m’accueille et qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé ». Entendons ces mots prononcés aujourd’hui par le Christ à nos oreilles : « qui vous accueille m’accueille ».
L’enjeu de la mission c’est qu’en NOUS accueillant, les hommes de notre monde accueillent le Christ lui-même. Notre rôle missionnaire de chrétiens, c’est que les gens en nous rencontrant, en nous accueillant, aient l’occasion de rencontrer le Christ.
Et « qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé » : en recevant le Christ nous faisons la connaissance du Père, parce que Jésus est l’amour du Père rendu visible à tous. De même en nous voyant, en nous recevant, nous chrétiens, les hommes et les femmes de notre monde doivent pouvoir toucher le mystère de Dieu.
L’été dernier je suis parti en pèlerinage au Mont saint Michel avec un ami. Nous avons suivi les instructions de Jésus au début du discours : ne prenez rien pour la route, ni réserve de nourriture, ni argent… et nous avons demandé ces choses au long de notre route, au fur et à mesure de nos besoins. Je peux vous dire que quelque chose s’illuminait à chaque fois que nous étions accueillis par quelqu’un pour une nuit ou pour un repas. Nous étions des mendiants de Dieu, et ceux qui nous accueillaient étaient vraiment visités par Dieu. Ils n’ont pas perdu leur récompense.

Encore faut-il, frères et sœurs, correspondre à celui que nous représentons pour les hommes. Qui parmi nous peut dire : « je suis DIGNE de représenter le Christ ? » Jésus lui-même nous avertit : « celui qui aime son père ou sa mère, son fils ou sa fille, plus que moi n’est pas digne de moi. Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. »
Nos frères les hommes reconnaîtront en nous le Christ à la mesure de notre amour pour le Christ. Cet amour dépasse-t-il la mesure immense, viscérale de l’amour d’un fils pour ses parents, d’un père ou d’une mère pour son enfant ? Cet amour dépasse-t-il la crainte que nous avons de notre propre mort ? Est-ce seulement possible ?

Il y a un endroit, frères et sœurs, où Jésus lui-même nous donne un amour plus puissant que l’amour filial ou paternel, un endroit où nous recevons du Christ un amour plus fort que la mort. Cet endroit c’est l’eucharistie. L’eucharistie crée entre Jésus et nous un lien d’amour qui n’est pas à mesure humaine, mais divine. Aussi fort que nous aimions quelqu’un nous ne pouvons jamais le manger… Mais dans l’eucharistie, Dieu entre en nous, et nous devenons Lui. Alors, en vertu de ce lien indestructible, nous allons où va le Christ. Même à la Croix, même jusqu’à perdre notre vie en le suivant, parce que quelque chose de lui vit en nous, quelque chose de plus précieux que notre propre vie.
Alors nous sommes dignes de le représenter à la face du monde, alors en nous laissant accueillir, le Christ lui-même sera accueilli. Et l’ayant accueilli peut-être une fois sur cette terre, les hommes et les femmes que nous aurons rencontrés pourront le reconnaître au dernier jour et être accueilli par lui pour l’éternité, le recevoir lui comme éternelle récompense.

Frères et sœurs, si j’ai été ordonné prêtre hier avec six de mes frères, c’est pour vivre de cette amitié indéfectible avec le Christ et pour nourrir en vous ce lien d’amour qui nous relie à lui. Vous en serez nourris par sa parole et par ses sacrements, surtout l’eucharistie que nous célébrons maintenant.
Goûtons cet amour qui vaut mieux que la vie, recevons cet amour plus fort que la mort, soyons le Christ pour le monde.