VISITE PASTORALE : du 15 au 20 novembre 2022

Mgr François Gonon, Geneviève Rossignol, Laurent Dartiguenave

 RETOUR SUR LA VISITE PASTORALE

 

Quatre atouts

 

            1/ Une grande richesse de propositions pastorales

            2/ Une belle équipe sacerdotale (et diaconale) et des laïcs très engagés

            3/ Un pôle caritatif développé

            4/ La proximité de l’école du Saint Esprit et des centres de loisir

           

Deux points d’attention

Le vieillissement de la communauté paroissiale

La dimension proprement missionnaire

 

 

I/ Un vaste territoire vivant et attachant, socialement mixé, en constante évolution

 

Près de 40 000 habitants dans un quartier bien représentatif du 12ème arrondissement mêlant immeubles haussmanniens et logements sociaux. Une population marquée par une certaine mixité sociale, marquée aussi par le phénomène de boboïsation ! Pas mal de jeunes couples et jeunes familles présentes mais qui, compte tenu du prix de l’immobilier, quittent rapidement le quartier pour être remplacées par d’autres.

 

II/ Une implantation paroissiale en deux lieux distincts : l’église et la Durance

 

1/ L’église, construite dans les années 30, classée monument historique, donne sur l’avenue Daumesnil. Impressionnante, massive et sombre à première vue, l’église révèle rapidement une fois le grand escalier franchi et les portes poussées, un espace d’une beauté et une ambiance qui ouvrent à la prière. De belles décorations dont une belle peinture de Maurice Denis, qui mériteraient d’être mieux éclairées. Des chapelles touchantes, notamment celle de la mort de saint Joseph. Une équipe Art, Culture et Foi, en fait découvrir la beauté par des visites régulières.

Ouverte 7 jours sur 7 de 7 h 30 à 20 h 30, l’église reste un lieu de paix et de recueillement ouvert à tous. Un prêtre y accueille du lundi au samedi. Une équipe conviviale et fraternelle d’une vingtaine de laïcs bien formés, accueille aussi du lundi au samedi avec de larges créneaux. Le P. Christophe en est l’aumônier.

Outre les messes quotidiennes, l’adoration eucharistique est proposée dans l’église tous les mercredis et les premiers vendredis du mois et chaque jour à l’oratoire saint Jean-Paul II. Le chapelet quotidien, un groupe de louange deux fois par mois, les soirées fraternelles du Saint Esprit une fois par mois, ou encore la prière des frères proposée une fois par mois le dimanche matin, rythment et portent la vie paroissiale et sa fécondité pastorale.

 

Pas de parvis, mais le large trottoir de l’avenue Daumesnil permet aux paroissiens de se rencontrer à l’issue des messes. La crypte permet aussi d’accueillir. Sombre, elle aurait besoin d’être rafraichie ou décorée pour la rendre plus accueillante.

 

2/ La Maison paroissiale, la Durance au 8 rue de la Durance se veut « une maison d’Eglise ouverte à tous ». Elle accueille en effet jeunes – notamment un centre de loisirs – et moins jeunes. Des salles de différentes tailles, dont une grande, servent aussi directement aux activités paroissiales (caté, conseil, rencontres…). C’est un atout pour la paroisse mais un peu à distance de l’église.

  • Le lieu est-il suffisamment identifié et identifiable – à l’extérieur comme à l’intérieur – ?

3/ Le site internet est agréable, simple d’accès, convivial. Les images et références pourraient parfois être mieux actualisées. Le compte Face book et You tube sont une belle ouverture sur la vie paroissiale et plus largement la vie de l’Eglise. Seulement 50 FIP sont envoyées chaque semaine par mail. Une belle plaquette paroissiale est aussi disponible.

 

  • Pourquoi ne pas développer davantage le lien aux paroissiens via le site et les mails ?

 

III/ La proximité de l’Ecole du Saint Esprit et des centres de loisirs : un enjeu pastoral

 

1/ L’école du Saint Esprit

Une école partageant le même nom que la paroisse, une relative proximité géographique, une directrice, madame Cécile Mollier en place depuis 2 ans, très dynamique avec un réel désir de collaboration avec la paroisse et une réelle volonté de rédiger un projet éducatif et pastoral clair, la présence habituelle du P. Arnaud, le premier retour à l’église pour une célébration de Noël depuis les attentats de 2015, sont autant d’atouts à cultiver et développer. La présence à l’école de plus de 200 enfants et de plus de 150 familles habitant le quartier mais dont la plupart ne sont pas pratiquants, constitue une périphérie privilégiée à rejoindre.

 

  • Pourquoi pas repérer les paroissiens ayant leurs enfants à l’école pour en faire des relais ?
  • Pourquoi pas aider à la rédaction du projet éducatif et surtout pastoral de l’école, en travaillant le lien avec la paroisse (charte) ?
  • Ne faudrait-il pas mieux communiquer à l’école les propositions de la paroisse pour les familles et les enfants, notamment en relançant une messe des familles adaptée à des enfants et des parents non pratiquants.
  • Bien préciser la question des enfants de l’école qui se préparent aux sacrements : à l’école, à la paroisse ?

 

2/ Les centres de loisir de la Camilienne et de la Durance

 

La Durance. La Maison paroissiale de la Durance accueille un centre de loisir pour les enfants de 5 à 11 ans le mercredi et les soirs en semaine. Le directeur, Loïc, y joue un rôle important.

 

La Camilienne. Patronage fondé à la fin du XXème, la Camilienne est toujours active et reconnue dans le quartier, notamment par la mairie. Si la situation financière a été bien assainie, elle reste toutefois fragile. Proposant de nombreuses activités culturelles, artistiques et sportives (2000 adhérents), elle accueille aussi dans son centre de loisirs près de 300 enfants du quartier de toutes origines sociales, culturelles et religieuses. Semblant assumer son identité chrétienne, la manière de vivre sa foi se veut ouverte et accueillante. L’accent est mis sur la dimension interreligieuse et sur la capacité à éveiller à la spiritualité dans le respect de chacun, ce qui semble se vivre en effet de manière paisible.

Depuis le début des années 2000, la collaboration avec la paroisse s’est améliorée et un certain nombre d’éléments positifs sont à souligner : la présence du curé aux conseils d’administration ; la présence régulière du P. Simon comme aumônier aussi bien auprès de l’équipe d’animation que des enfants ; une équipe d’éducateurs bien formés mais pour la plupart non pratiquants. La présence de la directrice, Virginie, employée aussi à la FACEL et d’Olivier Maunand, qui ont plus à cœur d’honorer la dimension chrétienne sont aussi des atouts.

La Camilienne constitue un lieu seuil. Ces enfants et leurs familles, dont la plupart sont à distance de l’Eglise, constituent là aussi une périphérie privilégiée.

  • Jusqu’où l’identité chrétienne est-elle assumée ? La plaquette 2022-2023 de la Camilienne ne comporte aucune référence à la foi chrétienne.
  • Comment l’accueil de tous s’articule-t-il avec l’annonce de la foi et la formation à la vie chrétienne ?

 

IV/ Une assemblée dominicale socialement mixée, priante, plutôt vieillissante

 

Les quatre messes dominicales, malgré la baisse due au covid, rassemblent autour de 700 messalisants (-20%). Si les messes du samedi soir et du dimanche 9 h 00 sont plus sobres, les messes dominicales de 11 h 00 (la grand-messe) et de 19 h 00 sont plus liturgiquement soignées. Le choix a été fait de ne pas donner de caractère particulier à la messe du dimanche soir. Les assemblées paraissent socialement et mixées. Les familles avec enfants et les jeunes sont peu représentés alors qu’ils le sont dans le quartier. La messe dominicale de 11 h 00 propose une liturgie de la Parole pour les enfants (une dizaine), mais pas de garderie.

Un écran sur la gauche du chœur permet de projeter les paroles des chants pendant les messes. Une belle initiative.

Deux sacristains (dont un salarié), des équipes d’animation liturgique et de décoration florale tout comme des servants et servantes d’autel se mettent au service de la liturgie pour la rendre plus belle et priante. L’organiste y contribue aussi avec un grand sens de la liturgie et de l’adaptation aux célébrants.

  • L’accueil au début et à la fin des messes ne pourrait-il pas être plus développé et plus repérable, notamment en début d’année pastorale, pour les nouveaux ?
  • La mixité sociale et culturelle de l’assemblée est un atout. Comment mieux s’accueillir et se rencontrer mutuellement ?
  • Il n’y a plus de messe des familles depuis le Covid. Ne serait-il pas opportun d’en relancer une ? L’enjeu est aussi important pour les enfants que pour les parents.

 

V/ Une paroisse qui accompagne les étapes de la vie chrétienne et engendre des catéchumènes

1/ Le baptême des petits enfants : entre 50 et 80 préparations par an, un dimanche matin.

  • Ne faudrait-il pas proposer un parcours de préparation plus « catéchuménal » pour ces parents probablement peu pratiquants, peut être non baptisés ou confirmés ?

2/ L’éveil à la foi et le catéchisme. Comme dans beaucoup de paroisses, les chiffres des enfants catéchisés sont en baisse. L’éveil à la foi est proposé un dimanche par mois durant la messe de 11 h 00. Les parents y sont les bienvenus. Le catéchisme proposé le mardi ou le mercredi à la Durance, à partir du parcours Nathanaël, réunit, sous la houlette de 6 animatrices généreuses mais âgées et du P. Arnaud, une quarantaine d’enfants du CE 2 ou CM2. Notons une catéchèse spécialisée pour les enfants porteurs d’un handicap.

  • Comment être encore plus proactif pour rejoindre les parents, notamment ceux de l’Ecole du Saint Esprit et leur proposer une formation à la foi ?
  • Comment impliquer plus de jeunes parents pour l’animation de la catéchèse ?

 

3/ L’aumônerie réunit une vingtaine (trentaine ?) de collégiens et lycéens les mercredi et samedi à la Durance autour de Loïc et du P. Simon de Violet. Un groupe scout de France est aussi présent, sans beaucoup de liens avec la vie sacramentelle de la paroisse.

 

4/ Les jeunes étudiants et jeunes pros :

Les groupes Elisée (18-25 ans) et Elie (25-30 ans).  Notamment une belle sortie à saint Benoit sur Loire. L’idée est d’unifier les deux groupes en profitant d’une préparation commune aux JMJ.

  • Quelle place dans la vie paroissiale et sacramentelle, notamment la messe ?

5/ La préparation au mariage : le diacre (Ludovic) et son épouse, assistés d’un autre couple, préparent une trentaine de couples selon un parcours exigeant : un dimanche entier, 4 soirées à la paroisse, un dîner chez un des deux couples accompagnateurs, rencontre avec l’un des prêtres).

  • Ne faudrait-il pas prendre davantage soin de couples mariés, en relançant des repas ou des rencontres, notamment des équipes tandem pour les faire avancer dans la foi ?

6/ Le catéchuménat des adultes : sous la houlette d’Antoine et Régine entourés d’une belle équipe d’accompagnateurs, une quinzaine d’adultes – dont des jeunes et des personnes issues de l’Islam – se préparent au baptême et à la confirmation : une rencontre par mois, un WE de récollection et bien sur un suivi personnalisé.

  • Comment encore mieux soigner le néophytat ?

 

7/ L’accompagnement des funérailles est particulièrement soigné et développé et constitue un authentique lieu missionnaire

  • Comment mieux penser l’articulation entre ces différentes propositions en anticipant des processus et des ponts pour engendrer des disciples missionnaires ?
  • Après la disparition du parcours Alpha, quels sont les lieux missionnaires pour proposer une première annonce de la foi ?

 

VI/ Une paroisse attentive à ceux qui sont dans le besoin (à l’intérieur comme à l’extérieur de la paroisse)

S’inscrivant en cela dans la tradition caritative des eudistes, la paroisse montre une réelle attention à ceux qui en ont besoin, aussi bien en interne qu’en externe, aussi bien auprès des jeunes que des plus âgés. La liste des propositions est impressionnante : soutient scolaire (Durance études), vestiaires, accueil de l’APA et d’Aux Captifs la libération dans le clocher, accueil de 4 ou 5 personnes de la rue dans le cadre d’Hiver Solidaire, les Conférences saint Vincent de Paul et saint Jean Eudes (jeunes) pour visiter les personnes seules ou pour organiser des maraudes, le goûter solidaire, le groupe de la Sainte famille, le soutien administratif, Amitié espérance, le groupe des veuves, le MCR, Foi et lumière, réveillon de Noël…

  • L’APA est-elle investie dans la vie paroissiale ?
  • Y-a-t-il une instance de coordination de toutes ces activités (pôle caritatif) ?

 

VII/ Le défi de la connaissance mutuelle et de la communion : le Forum du Saint Esprit et les soirées fraternelles

Face à cette richesse de propositions pastorale (une soixantaine de groupes !), le défi est celui de la connaissance mutuelle et de l’ouverture aux autres, pour éviter le risque de fonctionnement en silos. Comme l’exprime bien l’axe paroissial choisi, l’enjeu est d’aller à la rencontre de l’Autre et des autres. De multiples propositions permettent cette meilleure connaissance mutuelle.

Dans la ligne des traditionnelles sorties paroissiales (un samedi en septembre) liées au dimanche de rentrée, la paroisse a organisé cette année – une première ! – le Forum du Saint Esprit. Moment convivial permettant de mieux découvrir la richesse de ce qui se vit et de créer des liens fraternels. Piloté par une belle équipe ce Forum a été un succès même s’il y avait peu de personnes de l’extérieur. L’idée est de l’organiser une année sur deux, en alternance avec les sorties paroissiales.

Suite à Alpha qui n’attirait plus suffisamment de personnes de la périphérie, il a été décidé de proposer des soirées fraternelles. L’idée est de permettre aux bénévoles investis dans différents groupes de se retrouver une fois par mois pour un temps de louange, d’enseignement, de groupes de partage et d’adoration. Une trentaine de personnes y participent. L’assemblée plutôt âgée, est heureusement stimulée par la présence de quelques jeunes pros.

  • Peut-être faudrait-il laisser aux jeunes plus de responsabilités dans l’animation ?

Il faut aussi mentionner la kermesse de Noël et les pèlerinages paroissiaux annuels. L’année dernière une quarantaine de paroissiens sont partis avec le P. Arnaud à Assise. Cette année une trentaine de paroissiens se préparent à partir en février pèlerinage à… Plusieurs paroissiens nous ont partagé combien le pèlerinage en Terre Sainte avait été un moment fort pour la paroisse.

 

VIII/ Une gouvernance honorant la complémentarité des états de vie

Toutes ces propositions pastorales sont rendues possible grâce à l’engagement actif et heureux des ministres, des laïcs salariés et de nombreux bénévoles souvent âgés. Nous avons remarqué dans la plupart des équipes rencontrées, une joie véritable à se rencontrer, un souci de la formation et une place réelle donnée à la Parole de Dieu.

1/ Une équipe sacerdotale fraternelle et complémentaire sous la houlette attentionnée du curé

Le curé est aidé de deux vicaires, le P. Simon de Violet, jeune prêtre, et le P. Christophe Martin, 79 ans, discret, mais encore très actif ! Ludovic Peaucelle, diacre permanent, complète l’équipe ainsi que trois séminaristes. Chacun a un rôle bien clair avec des personnalités et des expériences complémentaires. Une belle fraternité transparait entre les prêtres. Une salle à manger-salon commune simple mais décorée avec goût ainsi que la présence appréciable d’une cuisinière favorisent les moments conviviaux.

Pour la gouvernance, le curé s’appuie sur différentes instances :

2/ Le conseil des prêtres. Composé du curé et de ses deux vicaires, il se réunit tous les jeudis matins pour la conduite opérationnelle de la paroisse. Il commence par un partage d’évangile.

 

3/ Le conseil pastoral. Composé d’une douzaine de membres – hommes et femmes – de différents états de vie et d’âges variés, il se réunit deux fois par trimestre. Certains membres sont dans la paroisse depuis longtemps, d’autres sont plus récents. L’une des membres fait également partie du conseil économique. Le conseil pastoral se présente comme « ayant le souci de soutenir, d’accompagner et de coordonner les activités et les mouvements de la paroisse ». Il nous a semblé, en présence de personnalités et d’expériences diverses, que la parole était prise, donnée, reçue avec liberté.

  • Ne pourrait-il pas davantage être un lieu de réflexion et de discernement sur la vision et les priorités pastorales ?

 

4/ Le conseil économique

 

5/ Une équipe de quatre salariés : la secrétaire qui joue un rôle important pour la FIP et la gestion des salles, le sacristain, la cuisinière et un homme d’entretien.

 

6/ Des bénévoles nombreux, plutôt âgés, avec un noyau très investi. Près de 200 (ou 100 ?) bénévoles constituent un rouage essentiel. Beaucoup sont âgés et certains d’entre eux – très généreux – se retrouvent simultanément dans plusieurs équipes, ce qui donne l’impression qu’un nombre important d’activités est porté par un petit nombre de personnes. Beaucoup ont bien connu les eudistes partis en 2013 après plus de 80 ans de présence et malgré une transition réussie, les évoquent parfois avec nostalgie.

  • Comment appeler et laisser la place à des plus jeunes ou à d’autres profils, sans nostalgie ?

 

7/ Une démarche synodale bien suivie

Portés par une équipe de deux paroissiens dynamiques, la démarche synodale a mobilisé une centaine de personnes à travers une quinzaine de groupes rassemblant des personnes plutôt âgées. Une restitution de la synthèse paroissiale a été faite lors du Forum du Saint Esprit soulignant quatre dimensions : l’importance de l’accueil ; la convivialité ; le fonctionnement de la paroisse ; l’attention aux périphéries.

 

Questions et ouvertures pastorales

  Compte tenu des enjeux et forces en présence quelles activités serait-il bon de continuer, faire différemment, arrêter, créer ?

  • Quelles sont vos priorités pastorales à 5 ans ?
  • Comment être plus attentifs à la « périphérie » (Ecole Saint Esprit, Camilienne) et à la « foule » (ceux qui frappent à la porte : parents qui demandent le baptême pour leur enfant, fiancés), famille des défunts ?
  • Comment susciter et former des disciples participants à la vie de l’Eglise, puis des disciples missionnaires ?
  • Quelle place pour les couples – notamment pour les jeunes couples – et les familles ?