Simon à la croisée des chemins d’André QUERTON – Les éditions du Pavillon

 

Il y a quelques semaines, alors que j’allais sortir de la boutique la Procure à côté de Saint-Lazare, mon regard a été accroché par la couverture rouge brun d’un petit livre dont le titre était « Simon à la croisée des chemins ». Attirée d’une manière irrésistible par lui,  je l’ai saisi, ai feuilleté quelques pages et ai compris qu’il était pour moi, qu’il m’attendait. J’ai lu et relu ce livre de 59 pages, il m’habite depuis.

 

Ce Simon de Cyrène est cet homme cité par trois évangiles qui, par l’intercession de la divine Providence, a été réquisitionné par le centurion romain pour aider Jésus à porter sa Croix. A partir de ce fait, le romancier a imaginé ce qu’a ressenti Simon durant ce bref moment partagé avec le Christ qui l’a fait grandir et ce qui a été transformé en lui. Simon dit de lui-même qu’il n’était qu’un passant et que c’est de mauvaise grâce qu’il s’est approché de cet homme mourant pour partager son fardeau. Pourtant, comme pour d’autres avant lui, par un simple regard de Jésus qui lui enjoignait « toi, viens », il s’est mis en marche, Jésus devant et lui derrière. Un dialogue silencieux s’installe entre les deux hommes alors qu’ils déambulent dans les rues criminelles de Jérusalem, liés l’un à  l’autre par la poutre de la Croix. Simon, partagé entre la compassion et la colère d’être contraint à venir en aide à un condamné à mort. Simon, baptisé par les larmes et le sang du Christ, dans l’intimité de sa souffrance : « J’entendais les soupirs du Galiléen, ses râles effrayants, ses cris de douleur ; je sentais les odeurs écœurantes de ce corps sale, de la sueur recuite, du sang, des souillures de sa robe. »

 

Dans cet océan de douleurs, Jésus continue, cependant, à agir silencieusement : « Je le soutenais donc mais d’une certaine manière puisque c’est lui qui ouvrait la marche, il me guidait (…). Il m’avait élu comme compagnon. »

 

Arrivés au Golgotha, Jésus regarde une seconde fois Simon : « Je compris qu’il me disait de rester. » Rester pour être le témoin d’une vérité annoncée par un païen : «  J’étais à côté de l’officier quand il murmura d’un ton très ferme : cet homme était un juste. »

 

La suite du roman relate la rencontre de Simon avec les disciples, lui leur racontant ce qu’il a vécu avec Jésus et eux lui parlant de la Bonne Nouvelle. Il décrit également avec une certaine tristesse le tissage ambiguë de leurs relations mêlées d’incompréhension et de jalousie.

 

Simon, resté humble dans sa conversion, conclut le roman ainsi : « Aujourd’hui, c’est le maître qui porte la poutre. Et je me laisse guider. J’ai été choisi mais je ne sais pas pour quoi. Je ne vois que son dos. Ses disciples l’ont revu. Moi je ne l’attends pas : il est là, lui aussi. C’est mon compagnon. Je l’ai soutenu. Il me soutient. Je le verrai. »

 

 

J’ai été très touchée par ce roman par son écriture simple mais percutante, prégnante. Il m’interpelle aussi dans ma vie de Chrétienne. Chaque jour, dans le regard de ceux que je croise qui souffrent, qui sont seuls, exilés, sans abri, n’est-ce pas Jésus ressuscité qui me murmure « toi, viens » pour l’aider à porter sa Croix ?

 

MHM