L’action de l’Esprit-Saint dans ma vie courante est d’ordinaire très discrète de telle façon que si, moi, j’y suis sensible, d’autres personnes pourraient y voir seulement d’heureux concours de circonstances. J’ai cependant vécu, parfois, des événements plus particuliers.

 

Au cours du partage lors de la dernière Soirée fraternelle, j’ai ainsi relaté un événement datant du  14 juillet 1976 : je participais alors à une Route d’Assise de jeunes, d’une quinzaine de jours, accompagnée par des Pères franciscain et capucin ; nous avons séjourné à  Assise du 13 au 15 juillet. Le 14 juillet au matin, nous sommes allés visiter Saint-Damien, puis nous avons eu un temps libre avant le déjeuner champêtre sur place, durant lequel je suis allée me recueillir et méditer ; à un moment, dans une sorte de saisissement, j’ai compris en un instant que le christianisme était la religion de l’Incarnation et que telle était la voie que je devais suivre. Depuis ce moment-là, l’Incarnation m’a servi de boussole pour m’orienter dans la vie.

 

Il m’est, depuis, revenu à la mémoire un événement étonnant survenu ultérieurement. J’ai rejoint la chorale du Saint-Esprit en septembre 1984 ; celle-ci a « explosée en vol » à la fin du mois de juin 1987, à  la suite d’un conflit entre la chef de choeur et le Président (ce qui n’est pas rare dans cette configuration). La chef de choeur est partie exercer ses talents à Notre-Dame de Bercy, suivie par certains des choristes dont je faisais partie. Le curé qui nous a accueillis alors s’intéressait beaucoup à la liturgie mais nous avait posé la condition de venir également tous les dimanches à la messe ; tout allait donc pour le mieux jusqu’à que ce curé soit remplacé par un autre qui était alors atteint de troubles psychologiques qui ont, assez rapidement, affecté l’ensemble de la vie paroissiale. Nous nous sommes donc résolus, les uns après les autres, à quitter ND de Bercy ; j’ai alors réintégré le Saint-Esprit.

 

A un certain moment, il a été décidé par l’équipe pastorale de créer une chorale de jeunes (et non ouverte à  tous, afin d’éviter que d’anciens protagonistes du conflit, surtout l’ancien Président, ne reviennent pour semer la pagaille); aucun chef de choeur n’était prévu. J’avais passé l’âge d’en faire partie mais je me suis néanmoins rendue à la première répétition avec un petit clavier ; je les ai informés de mon âge canonique et leur ai proposé de les rejoindre et de mettre à leur disposition mon petit instrument, ce qu’ils ont très facilement accepté. Au fil des répétitions, il est vite apparu que Marie-Odile, fille du diacre permanent de l’époque, était plus à même que moi de se servir avec célérité de l’instrument : c’est donc elle qui est devenue notre accompagnatrice.

 

Un jour, lors d’une rencontre dans le quartier avec sa mère, cette dernière m’a dit qu’elle était heureuse de me voir car elle voulait me remercier. J’étais très étonnée mais elle m’a appris que son mari et elle-même s’inquiétaient au sujet de leur fille dont les problèmes venaient du fait que Marie-Odile n’avait aucune idée de ce qu’elle voulait faire plus tard ; mais, grâce à la chorale de jeunes et à l’instrument que je lui avais prêté, elle avait trouvé sa voie : elle désirait désormais étudier la musique. Ce qu’elle a fait, tout en devenant institutrice ; elle a commencé par enseigner la musique dans les écoles primaires parisiennes.

 

Lorsque nous avons refondé la chorale d’adultes à 4 (Valérie -soprane-, moi -alto-, Jean-François -ténor- et Bruno -Basse-), Jean-François a fait office de chef de choeur. Après son départ en banlieue, Marie-Odile a repris la direction de la chorale pendant quelques années avant qu’Anne ne prenne le relai. Elle s’est mariée et est allée habiter en banlieue ; l’année dernière, elle participait à la Basilique Notre-Dame du Perpétuel-Secours (Paris 11e) à un concert auquel je me suis rendue, donné par deux choeurs de chambre de Paris et  d’Ile-de-France chantant a cappella, ce qui est le plus difficile qu’il se puisse faire, sans baisser : Valérie Peny chantait dans l’un et Marie-Odile dans l’autre.

En conclusion, cet heureux développement a eu lieu complètement à mon insu et j’y vois l’action de l’Esprit-Saint dans nos vies.

Bernadette Pain