« Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (2 Cor 12,9)

(Crédit photos : Bruno Parnaudeau)

La tradition enseigne que Jésus est tombé plusieurs fois sur ce chemin de douleur. Ce tableau présente une facture différente des autres. Moins de couleurs, moins de détails, il est considéré comme inachevé. L’est-il vraiment ? Que veut nous dire l’artiste ? Techniquement, pour représenter cette chute de Jésus, G. Desvallières s’est inspiré des recherches récentes de la photographie portant sur la décomposition du mouvement et sa représentation (1). Ainsi peut-être ne s’agit-il pas de trois personnages différents qui se suivent mais d’un seul, Jésus. Il se présente au débouché du tunnel, à peine visible, puis, après avoir trébuché en haut des marches, tombe sur le sol, entraîné par le poids de la croix qui glisse par-dessus son épaule. C’est la fatigue et la souffrance plus encore que la charge qui firent trébucher le Maître une première fois, en l’entraînant vers toujours plus d’abaissement, dont il n’est pas toujours facile de percevoir la grandeur. La sobriété de la représentation rend l’instant encore plus poignant.

Cette chute, que l’artiste met en image, vient rappeler que notre faiblesse est susceptible de provoquer un enchaînement analogue. D’abord, on ne distingue pas toujours l’origine de cette faiblesse, le peintre la matérialise par la première silhouette à peine identifiable ; puis cette faiblesse se précise, et c’est l’image du déséquilibre en haut des marches ; enfin la chute, le glissement vers la faute peut survenir. Mais, l’espoir est toujours présent, représenté par la grande feuille verte à l’extrémité de la liane qui s’accroche à la pierre d’angle.

Martine

 

(1) L’invention de cette technique, la chronophotographie, date de 1878 par le britannique Eadweard Muybridge.