« Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. » (Lc 23, 26)

(Crédit photos : Bruno Parnaudeau)

Dans l’histoire du salut apparaît un homme inconnu, Simon de Cyrène, homme providentiel. Il est contraint à porter la croix. Jésus aurait pu porter sa croix tout seul jusqu’au bout. Mais il a désiré être aidé par quelqu’un. Qui est ce passant ? Il nous est présenté comme un homme qui travaille la terre, mais surtout il est tout homme que nous rencontrons, il est l’humanité toute entière à qui s’adresse Jésus. Il a voulu qu’à travers Simon ce soit chacun de nous qui soit appelé à l’aider à porter sa Croix. Des rencontres providentielles créent des situations où la charité prend corps comme Simon, ou prochainement Véronique.

  1. Desvallières a cette conviction, c’est pourquoi il a resserré le cadre de la composition sur la rencontre de Jésus et de Simon de Cyrène. La foule a disparu. Le Christ, épuisé est affaissé contre un mur et Simon a pris la Croix, toute la Croix de Jésus sur ses épaules. En pleine lumière, les bras écartés aux dimensions de la traverse, il domine Jésus affaibli, dans l’ombre, comme pour le protéger. Ce zoom sur la scène proposée illustre la pensée de George Desvallières lorsqu’il parle des actes de bravoure des soldats «si la guerre est abominable parce qu’on s’y tue les uns les autres, elle est admirable parce qu’on y meurt les uns pour les autres » (1). Simon a montré ce courage. Porter la croix de Jésus a demandé une vraie force physique, et une force morale pour résister aux cris de la foule, à l’humiliation ; il a répondu sans restriction à l’amour. C’est la force de Jésus qui est passée en Simon, c’est Lui qui l’aide c’est peut-être pourquoi l’artiste a fait en sorte que Simon semble sortir de Jésus. Et c’est ce qu’Il demande, qu’à l’exemple de Simon nous empoignions les croix avec détermination et les portions à sa suite .

 

Martine

 

(1) G. Desvallières, « Correspondance  1914-1918. Une famille d’artistes pendant la guerre» George à sa femme Marguerite, novembre 1916