« En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé.» (Is. 53, 4-5)

(Crédit photos : Bruno Parnaudeau)

Sans distance, la représentation de George Desvallières nous plonge au cœur de la scène. Nous sommes près de Jésus dont le corps habite l’espace. Il vient de tomber pour la deuxième fois. Toujours plus dans les ténèbres, Il est seul, la foule semble l’avoir abandonné, les rencontres bienveillantes prennent fin. Il s’écroule sous le poids de la fatigue, privé de force.

  1. Desvallières, peintre de la Passion, porte son attention sur la dimension profondément humaine de Jésus, le révélant à la limite de l’impuissance et mettant en lumière son Incarnation. Les deux bras tendus, ses mains appuyées sur le sol dans un effort désespéré, Jésus s’arcboute. Il lui faut résister pour ne pas être écrasé par la croix que sa tête et son épaule retiennent. Son regard implorant est tendu vers le ciel, vers son Père, ainsi au plus bas, il donne la direction où l’homme doit aller.

Entre les bras de la croix, se profile à l’horizon une ville blanche, à peine esquissée. Jérusalem ? G. Desvallières n’a pas situé exactement le lieu. Mais il en donne le moment : un pont traverse toute la toile, ce dernier suggère un passage entre deux rives. Avec cette image, l’artiste évoque la Pâque (1), la fête du passage qui est proche. Pour Jésus, celle-ci vérifiera pleinement son nom puisqu’elle signifie son retour à son Père : «Avant le jour de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.» (Jn 13, 1)

 

Martine

 

(1) Pâque, hébreu Pessa’h, latin Pascha, c’est-à-dire passage.