«Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement. » (Ps 21, 19)

(Crédit photos : Bruno Parnaudeau)

Jésus est dépouillé de ses vêtements. On a arraché à Jésus sa tunique, son unique vêtement, dernier rempart de son intimité. G. Desvallières a choisi de représenter l’instant après le supplice.  Au centre du tableau, Jésus, la tête auréolée de lumière, se redresse, immense, il occupe toute la hauteur de la toile. Vu en contre-plongée* le Christ est proche de nous, ce qui lui confère une présence monumentale. A ses côtés, deux anges, éplorés devant pareille humiliation, se détournent, et se voilent la face accentuant ainsi l’isolement du Christ dans sa Passion.

L’artiste ne joue pas sur le pathos, mais reste dans la retenue : le corps de l’homme-Dieu habité de lumière, garde vigueur et puissance malgré les épreuves. Pas de sang, ni de plaies, mais de multiples zébrures sur une chair marquée par la souffrance de son corps flagellé et torturé. Tout son être s’est intériorisé derrière ses yeux creusés et cernés. Il s’élève, tendu vers son Père dans un appel, une supplication, une prière, non pour lui, mais pour la dignité discréditée de tous les innocents et surtout des plus petits, qui, comme lui sont dépouillés de tout et auxquels il s’est identifié.

 

Dans cette œuvre sans complaisance, G. Desvallières a placé sept fleurs des champs aux pieds de Jésus, des anémones des prés, très répandues en Israël. Par leur floraison précoce juste après l’hiver, elles sont gage d’une vie nouvelle et donc d’espérance. Mais elles mettent aussi en évidence l’opposition entre le caractère éphémère de l’homme sur Terre – nous ne faisons que passer tel une anémone fleurissant le matin et se fanant le soir même – et l’éternité de la Parole de Dieu :  « Car il est écrit : « Tous les humains sont comme l’herbe et toute leur gloire comme la fleur des champs ; l’herbe sèche et la fleur tombe, mais la parole du Seigneur demeure pour toujours. » Or, cette parole est celle de la Bonne Nouvelle qui vous a été annoncée ».1 Pierre 1, 24-25

 

Martine

 

* La contre-plongée désigne, en peinture comme en photographie, une représentation où l’on voit un personnage depuis un point de vue plus bas. G. Desvallières l’a utilisé dans cette scène en inclinant le corps du Christ sans doute pour retenir encore plus l’attention du spectateur .