Pourri gâté !

Si je suis aujourd’hui au séminaire, c’est que le Seigneur m’a comblé des bienfaits. Je distingue trois gros cadeaux :

  1. Le Père m’a prêté la vie
  2. Le Fils m’a révélé son amour
  3. L’Esprit-Saint m’a éclairé sur mes incohérences.

1. Le Père m’a prêté la vie

Le Père m’a prêté la vie, et ce, dans une famille catholique, où ma mère était très attentive à la transmission de la foi. J’ai suivi le mouvement sans trop poser de question, mais appréciant les nombreuses propositions qu’elle me faisait : la messe dominicale, la confession, le chapelet des familles…

2. Le Fils m’a révélé son amour

Nous étions allé à Paray le Monial (en Bourgogne) quelques étés de suite, et il s’organise là-bas de grands rassemblements familiaux, organisés par la communauté de l’Emmanuel. Adolescent, ma mère m’y envoie en éclaireur pour une session musique, et je me retrouve un peu perdu, voire complètement mal à l’aise, avec d’autres jeunes instrumentistes.

Un soir, lors d’une veillée sous une grande tente, un prêtre parcours l’assemblée avec le Saint Sacrement. Lors qu’il me béni avec l’ostensoir, je ressens un grand amour pour moi, très rassurant. Ému, j’en sors avec la plusieurs certitudes : que Dieu existe, et qu’il m’aime, moi, personnellement ! Et aussi qu’il aime tous les hommes et toutes les femmes. Naît alors logiquement le désir de partager cette heureuse nouvelle… mais comment faire ?

3. L’Esprit-Saint a mis en lumière mes incohérences

Les années passent, et suivant l’exemple de mes camarades, je donne la priorité à la fête, à la séduction… et petit à petit, ces sujets deviennent mes préoccupations principales. Je continue malgré tout d’aller à la messe, mais ne me considère pas concerné par toutes les préconisations morales de l’Église. Les études passées, je commence à travailler, et comble mon temps libre de fêtes, de relations, de films et de séries…

Vers 27 ans, ma mère me propose comme cadeau d’anniversaire de faire une retraite fondamentale en foyer de charité : cinq jours en silence. Elle fait ça régulièrement depuis des années et m’en avait dit beaucoup de bien : j’accepte. C’est au cours de cette retraite que je réalise une incohérence trop grande entre ma vie quotidienne et la certitude, toujours présente, de l’amour de Dieu : j’ai menti à la fille avec qui je chemine ! Je décide alors de faire la vérité en rentrant, et en relisant ma vie, je réalise que c’est le début pour moi d’un désir de cohérence entre ma foi et mon quotidien : j’essaye d’aller à la messe en semaine, de mettre en place une prière quotidienne.

Après une rupture assez difficile, une petite retraite au monastère de Solesmes est l’occasion de soulever la question de la vocation, que je réalise ne jamais m’être réellement posée. Je pars travailler à Singapour, et ce nouveau cadre est l’occasion de rencontrer de nouveaux amis avec lesquels je prie, un père spi qui m’accompagne, et un temps propice à la réflexion.

J’ai la sensation de piétiner, mais mine de rien, la prière trouve une place de plus en plus importante dans ma vie, et lors d’un nouveau passage à Paray le Monial, il me semble tout à fait naturel de répondre à une proposition pour ceux qui se posent des questions vocationnelles, et commence ainsi le Cycle Curée d’Ars : des weekends en silence avec d’autres garçons qui se posent la même question. Rapidement, il me semble clair que je peux prendre une année complète de discernement : l’année Saint Joseph, à Namur. Arrivé là bas, je ressens un choc : c’est le passage du rythme parisien, effréné, à une vie beaucoup plus calme, tournée vers le Seigneur. Après le choc, une nouvelle surprise : je sens que c’est ce qui me convient, ce que je cherche depuis que je me suis senti aimé : enfin j’ai l’impression de rendre un peu de ce que j’ai reçu.

Alors je suis rentré au séminaire, et me voilà en troisième année. Après l’apprentissage de la prière, j’ai du apprendre à étudier, à réfléchir, à philosopher, à partager… et c’est une joie !