« Yves CONGAR 1904-1995 » d’Etienne FOUILLOUX
Edition Salvator 2020
L’historien spécialiste du catholicisme contemporain nous livre une magnifique biographie de ce théologien, un de ceux qui ont inspiré et préparé le Concile Vatican II.
Né à Sedan il a vécu la première guerre mondiale en terre occupée par ceux qu’il appelait « les boches ». Car, dès ces années, sur le conseil de sa mère, il a tenu un journal. Il a donc connu le froid et la faim. Il est animé par un grand patriotisme. C’est aussi en patriote que le lieutenant Congar a traversé la seconde guerre mondiale : baptême du feu, captivité, tentatives d’évasion… En tout cela l’historien nous fait percevoir la richesse de sa personnalité.
C’est bien sûr son œuvre de théologien qui retient l’attention. Prêtre, religieux dominicain, très tôt naît chez lui une vocation œcuménique nourrie notamment par sa connaissance du protestantisme allemand : « Congar estime que rien ne remplace la rencontre en vérité, non pas avec le protestantisme ou l’orthodoxie mais avec des protestants et des orthodoxes en chair et en os, représentatifs de l’évolution de leurs confessions du XX siècle ».
Dès 1932 il commence sa carrière de professeur de théologie. Il souhaite « la réinstauration d’une notion large, riche, vivante, pleine de sève biblique et traditionnelle de l’Eglise ». Comme théologien, il contribuera à la formation des prêtres et des laïcs par d’innombrables sessions ou conférences et retraites que l’historien relate fidèlement.
Dans l’enthousiasme missionnaire de l’après-guerre le Père Gongar confie : « Qui n’a pas vécu les années 46-47 du catholicisme français a manqué l’un des plus beaux moments de la vie de l’Eglise » Peu après, il est l’objet de la suspicion du Saint-Office qu’il vivra comme une injustice. (E. Fouilloux a d’ailleurs édité son « journal d’un théologien 1946-1956 » aux Editions du Cerf en 2000)
Puis vient la période du Concile où il sera, après des débuts prudents, un expert écouté et reconnu : « il se lance dans l’aventure conciliaire avec toute sa puissance de travail… Il s’estime en mission et au service d’un évènement qui le dépasse, inspiré par le Saint-Esprit ». Et l’auteur de détailler son rôle.
En près de 400 pages E. Fouilloux nous précise la place du Père Gongar dans l’Eglise du XXe siècle et comment il s’est dépensé pour la cause de l’unité des chrétiens, pour une meilleure compréhension du mystère de l’Eglise et pour y donner aux laïcs toute leur place.
En définitive il fut pleinement reconnu à la fois par l’Eglise qui fit de lui un cardinal et par le gouvernement français qui lui remit la croix d’officier de la Légion d’honneur.
P. Christophe