L’évangile de saint Marc

Du fils de Dieu au fils de l’homme

I Introduction – « le commencement »

Nous voulons donc commencer l’évangile de saint Marc. La première expression de ce texte est « commencement de l’évangile » où deux mots significatifs se trouvent – commencement et évangile -. Qu’entendons-nous par « commencement » ? Qu’entendons-nous par « évangile » ?

D’abord un mot sur « évangile » : Certes Marc devient un pionnier inédit pour introduire un nouveau genre à la littérature universelle. Bien entendu le terme « évangile » existait à cette époque dans la langue grecque pour être traduit « la bonne nouvelle » à être annoncée ; cette nouvelle correspondrait toujours à une naissance d’un fils de roi – effectivement « un fils de Dieu » – ou à une victoire de la guerre. Évidemment, pour Marc, son évangile annonce donc la bonne nouvelle suivante : « Jésus est le Fils de Dieu » qui a une victoire glorieuse sur la mort. Ainsi Marc prend sa plume pour lancer une littérature atypique. Alors l’évangile est un genre littéraire qui annonce la foi personnelle de l’auteur en écriture autour de la biographie de Jésus. Alors Marc nous présente la vie de Jésus de Nazareth mort sur la croix mais aussi celle du Christ toujours vivant dans sa communauté ; l’évangile est une biographie d’une personne toujours vivante ainsi il n’y aura jamais la fin pour cette biographie. En ce lien, l’auteur ne s’intéresse pas à tous les détails historiques de Jésus mais il choisit certains détails parmi les détails – disponibles en littérature orale ou écrite – ceux qui vont aider à approfondir sa foi en Jésus vivant. Donc, l’évangile de Marc regroupe les fragments historiques de Jésus et y insère une structure logique pour inviter les lecteurs à découvrir la véritable identité de Jésus.

Nous avons 4 évangiles canoniques – Matthieu, Marc, Luc et Jean – et plusieurs évangiles apocryphes – les évangiles apocryphes sont les récits de la vie de Jésus qui ne sont pas reconnus par la tradition chrétienne ; parmi les dizaines d’évangiles apocryphes, les plus connus sont celui de l’apôtre Thomas et celui de l’apôtre Jacques -.

La singularité des 4 évangiles canoniques est le récit identique de la passion de Jésus. Selon les érudits, la première écriture sur Jésus est sa passion, sa crucifixion et sa mort. Inévitablement les évangélistes invitent les lecteurs à proclamer leur foi en Jésus crucifié et ressuscité. Bien entendu, c’est l’écriture paulinienne qui va approfondir la théologie du Messie crucifié. Donc les miracles de Jésus, les enseignements de Jésus et les détails biographiques de Jésus, etc. présentés par les évangélistes orientent toujours les lecteurs vers ce mystère pascal.

Alors, nous revenons à notre sujet du commencement de l’évangile de Marc où nous avons deux parties ; la première partie concerne notre introduction à ce texte – comment allons-nous commencer cet évangile ? ; et la deuxième partie concerne l’introduction de Marc lui-même : comment Marc commence son évangile ?

  1. Notre Introduction :

Nous introduisons donc l’évangile de Marc par trois questions. La première question est « qui est l’auteur de ce texte ? ». La deuxième question est « Quand cet évangile a-t-il été écrit ? » Et la troisième question est « à qui s’adresse-t-il ce texte ? ». Nous essayons de trouver les réponses à ces trois questions en restant fidèle au texte.

 

Qui est ce Marc, l’auteur du deuxième évangile ?

Certains érudits proposent que « le jeune homme », arrêté au jardin de Gethsémani qui s’enfuit tout nu « Or, un jeune homme suivait Jésus ; il n’avait pour tout vêtement qu’un drap. On essaya de l’arrêter. Mais lui, lâchant le drap, s’enfuit tout nu(14,51-52) » ; ou bien que l’homme indiqué un peu plus tôt par Jésus, « porteur d’une cruche d’eau » dans les rues de Jérusalem est Marc lui-même. « Il envoie deux de ses disciples en leur disant : « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire : ‘Le Maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?’ Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. » Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque (14,13-16). »

Ainsi ils veulent affirmer un lien apostolique entre Jésus et Marc. Cela est certainement possible pour renforcer le témoin oculaire de cet Évangile, mais difficile à prouver.

Alors notre tradition chrétienne depuis le premier siècle attribue l’évangile de Marc à Jean Marc, un compagnon de l’apôtre Pierre[1]. Bien entendu le nom de l’auteur est absent dans le texte lui-même. Aucune indication concernant son auteur ne se trouve dans les manuscrits. C’est intéressant de noter que les autres évangiles non plus ne présentent aucune mention directe de leur auteur. Cela pourrait être volontaire. Donc, Marc, l’auteur supposé, n’intervient jamais en « je » dans son récit. L’intérêt principal de cet évangéliste est de donner accès à l’évangile de Jésus-Christ (1,1) et non pas de se présenter comme un auteur. L’identification de celui qui a mis l’évangile par écrit ne semble pas être important, parce qu’elle était évidente pour les premiers destinataires.

Le titre « Évangile selon Marc » a été ajouté plus tard, quand les premiers chrétiens ont commencé à utiliser les évangiles pour leurs célébrations liturgiques. Les premières attestations manuscrites des titres « Selon Marc » ou « Évangile selon Marc » remontent au plus tôt à la fin du deuxième siècle. Ce sont les copistes de cet évangile qui l’ont attribué à Marc comme l’auteur. Même si nous n’avons pas d’attestations directes nous avons des écritures des pères de l’église pour le confirmer. Par exemple, Papias[2], évêque de Hiérapolis en Phrygie (Asie Mineure – La Turquie d’aujourd’hui) vers 120-130 dont le texte ‘Interprétations des paroles du Seigneur’ est perdu aujourd’hui mais dont le texte est cité par Eusèbe de Césarée (vers 265 – 340), un évêque, théologien et historien chrétien, considéré comme l’un des principaux historiens de l’antiquité chrétienne connu pour son œuvre « Histoire ecclésiastique », qui retrace les débuts du christianisme jusqu’à son époque. Il cite Papias dans cette œuvre :

 

« Et voici ce que disait le presbytre (Jean) : Marc, qui était l’interprète de Pierre, a écrit avec exactitude, mais pourtant sans ordre, tout ce dont il se souvenait de ce qui avait été ou fait par le Seigneur. Car il n’avait pas entendu ni accompagné le Seigneur ; mais plus tard, comme je l’ai dit, il a accompagné Pierre. Celui-ci donnait ses enseignements selon les besoins, mais sans faire une composition d’ensemble des paroles du Seigneur. De la sorte, Marc n’a pas commis d’erreur en écrivant certaines choses comme il se souvenait. Il n’a eu en effet qu’un seul dessein, celui de ne rien laisser de côté de ce qu’il avait entendu et de ne tromper en rien dans ce qu’il rapportait. Voilà ce que Papias rapporte donc de Marc » (Histoire Ecclésiastique 3, 39, 15)

 

Donc, l’attribution de l’évangile à un Marc est relativement facile à admettre, mais la question est quel Marc[3].

Trois sources bibliques du Nouveau Testament (Saint Luc, Saint Pierre et Saint Paul) font une allusion à un certain « Marc » : Actes des Apôtres / (1P 5,12-13) / Phil v. 24, Col 4, 10-11 & 2Tim 4,11.

Luc : D’abord, il pourrait s’agir de Jean Marc connu par les Actes des apôtres. Selon Luc, Marc est fils d’une certaine Marie chez qui les chrétiens de Jérusalem se réunissaient pour prier : (Actes 12,12) « Pierre se repéra et gagna la maison, la mère de Jean surnommé Marc ; il y avait là une assez nombreuse assistance en prière ». Luc mentionne aussi que Jean, surnommé Marc, a suivi Paul et Barnabé à leur retour d’Antioche à Jérusalem (Actes 12, 25) « Quant à Barnabas et Saul, ils repartirent, une fois assuré leur service en faveur de Jérusalem ; ils emmenaient avec eux Jean, surnommé Marc ». Jean Marc était le compagnon de Paul et Barnabas lors de leur mission à Chypre, mais les a quittés à Pergé en Pamphylie (Actes 13,13) « Paul et ceux qui l’accompagnaient s’embarquèrent à Paphos et arrivèrent à Pergé en Pamphylie. Mais Jean-Marc les abandonna pour s’en retourner à Jérusalem. » Furieux de sa décision de les quitter, Paul a refusé de le reprendre comme compagnon de mission mais Barnabas voulait que Jean Marc les accompagne. (Actes 15, 34-37) « Barnabé voulait emmener aussi Jean appelé Marc. Mais Paul n’était pas d’avis d’emmener cet homme, qui les avait quittés à partir de la Pamphylie et ne les avait plus accompagnés dans leur tâche. L’exaspération devint telle qu’ils se séparèrent l’un de l’autre. Barnabé emmena Marc et s’embarqua pour Chypre. Paul, lui, choisit pour compagnon Silas et s’en alla, remis par les frères à la grâce du Seigneur. » Donc nous constatons un désaccord entre Paul et Barnabé sur ce sujet de reprendre Jean Marc comme compagnon et par conséquent Barnabas a pris Marc et Silas a accompagné Paul. Cette séparation a-t-elle été probablement motivée par le fait que Marc se sentait plus proche de Pierre que de Paul dans l’affaire d’Antioche rapportée en Galates 2 concernant l’application de la loi juive aux chrétiens d’origine non-juive, en particulier la question de la circoncision. Pourtant c’est une hypothèse.

Pierre : Ensuite, « Marc, mon fils » est associé aux salutations envoyées de Rome par Pierre (1Pierre 5,13) : « La communauté des élus qui est à Babylone vous salue, ainsi que Marc, mon fils ».

Paul : Enfin, on trouve encore Marc cité parmi les collaborateurs de Paul dans la lettre à Philémon v. 23-24 « Eparphras, mon compagnon de captivité en Jésus Christ, te salue, ainsi que Marc, Aristarque, Démas et Luc, mes collaborateurs ». En addition, dans la lettre aux Colossiens 4,10 Marc est présenté comme le cousin de Barnabé : « Vous avez les salutations d’Aristarque qui est en prison avec moi, ainsi que de Marc, le cousin de Barnabas ». De plus, dans 2Timothée 4, 11, nous lisons « Luc seul est avec moi. Prends Marc et amène-le avec toi, car il m’est précieux pour le ministère ».

Tous ces témoignages réunis offrent une image assez riche et cohérente de celui qui allait devenir le premier auteur connu d’un récit unifié sur Jésus. Donc, « Jean surnommé Marc », un juif, originaire de Jérusalem, a eu contact tout jeune avec le mouvement chrétien, encore à la maison, auprès de sa mère Marie. Il a connu l’apôtre Pierre et Barnabé son cousin. Celui-ci l’a entraîné avec Paul à partir en mission à Chypre et en Pamphylie. Il a connu Silvain, originaire aussi de Jérusalem. Il a fréquenté presque tous les centres importants des premiers chrétiens : Antioche, Éphèse, Rome…

Maintenant, nous arrivons à déduire certains détails de l’auteur à partir du texte-même : premièrement, l’évangile de Marc est rédigé dans un grec plus simple et plus direct par rapport à celui de Luc ou de Matthieu. Cela peut indiquer que l’auteur n’était pas un grand lettré dans la langue grecque, mais plutôt quelqu’un issu d’un milieu modeste ou de la classe populaire.

Deuxièmement, son usage fréquent de « et aussitôt » donne un rythme rapide et dynamique au récit. Cela reflète peut-être une volonté de transmettre rapidement l’urgence et l’importance du message de Jésus.

Troisièmement, son accent sur ‘le secret messianique’ suggère que l’auteur désire « une attente pascale » au lecteur : la véritable identité de Jésus comme le Messie et le Fils de Dieu, ne soit pleinement comprise qu’après sa mort et sa résurrection.

Quatrièmement, l’auteur fait souvent référence à la Galilée, ce qui peut suggérer que l’auteur connaissait bien cette région.

Cinquièmement l’auteur semble avoir une connaissance des événements autour de la destruction du temple de Jérusalem en 70 ; cela indique que l’auteur a vécu à cette époque.

Sixièmement, ses explications de certaines coutumes juives et des termes araméens nous suggèrent que l’auteur est un Juif et est conscient de certaines expressions clés en araméen – la langue vernaculaire parlée par Jésus et ses contemporains en Palestine.

Septièmement, l’auteur donne de l’importance à Pierre ; cela indique que cet évangile vient d’une tradition pétrinienne.

Donc on peut constater à partir du texte-lui-même que l’auteur de l’évangile de Marc était probablement un Juif, Chrétien qui a eu aussi une tradition hellénistique, proche de Rome, proche de Pierre, ainsi locuteur de langue grecque (qui parlait et écrivait principalement en grec).

 

Quand l’évangile a-t-il été écrit ? Entre 65 – 70 AD

Les nombreux exégètes depuis la fin du 19ème siècle acceptent l’hypothèse de priorité historique de Marc sur les autres évangiles. Ainsi Marc a été écrit en premier parmi les évangiles synoptiques et il a été utilisé comme source par Matthieu et Luc. L’évangile de Marc est généralement daté entre 64 et 70 AD.

Cette datation repose tout d’abord sur des preuves internes, c’est-à-dire des indices contenus dans le texte lui-même. Matthieu et Luc ont connu les événements de la guerre juive de 66-70 et son aboutissement avec la prise de Jérusalem par les Romains en 70 (Luc 21,20 et Mt 22,7)[4], mais il n’y a pas d’indices clairs d’une telle connaissance en Marc. Pourtant chez Marc (13,1-2) Jésus prédit la destruction du Temple de Jérusalem « il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée ». Cette prophétie est souvent interprétée à la lumière de la destruction réelle du Temple par les Romains en 70 AD. Il est possible que Marc ait écrit son évangile après cet événement, ou du moins pendant une période où la menace contre Jérusalem était imminente – la révolte juive a commencé en 66 AD -. En effet, le chapitre 13 de Marc parfois appelé le « Discours apocalyptique », parle de catastrophes, de guerres et de persécutions à venir. Ce discours semble faire écho à la situation critique des années 60 AD, période marquée par des conflits, notamment la révolte juive (66-70) et par les persécutions des chrétiens sous Néron (64).

Ensuite, certaines paraboles (2,19-22 et surtout 12,1-12)[5] reproduisent en profondeur un schéma identique : le temple est détruit, en réponse à l’acte destructeur accompli sur Jésus, et la communauté vit maintenant l’au-delà de ces deux événements (encore une succession analogue à la mort de Jésus en 15, 37-39)[6]. Bien que Marc parle de la destruction du temple de manière prophétique, il ne donne pas de détails concrets sur sa destruction réelle, ce qui laisse penser que l’évangile pourrait avoir été écrit juste avant ou peu après cet événement. Si Marc avait écrit plusieurs décennies plus tard, il aurait probablement inclus des détails plus spécifiques sur cet événement marquant.

Enfin, sur la base de ces indices internes, il est probable que l’Évangile de Marc a été rédigé entre 64 et 70 soit peu avant, soit juste après la destruction du temple de Jérusalem. Cette période coïncide avec les tensions politiques, sociales et religieuses autour de la révolte juive et les persécutions des chrétiens sous Néron, des éléments qui semblent avoir influencé le ton et les préoccupations de l’époque de l’auteur.

 

  • Où et à qui cet évangile a été écrit ? À Rome et Aux Chrétiens non-juifs

Selon les critiques externes, Marc a écrit son récit à Rome. C’est ce que répètent en chœur les Pères de l’église (Eusèbe, st. Jérôme, Clément et Origène), depuis Papias – ce que l’on a cité avant -. Selon les critiques internes aussi, l’évangile de Marc aurait probablement été rédigé à Rome, bien que certains chercheurs proposent d’autres lieux possibles comme le sud de la Syrie ou la Galilée ou la Transjordanie (la Décapole) ou l’Alexandrie (Ces régions sont évoquées en raison de leur importance aux premiers siècles du christianisme). Également, l’évangile de Marc serait destiné à une audience de chrétiens non-juifs, principalement des païens convertis au christianisme.

Voici les arguments en faveur de Rome comme lieu de rédaction : Tout d’abord, nous avons déjà dit que Marc aurait écrit son évangile à partir des enseignements de Pierre ; et comme Pierre a été actif à Rome et y est mort, cela suggère que Marc a pu écrire son évangile là-bas.

Deuxièmement, Marc semble s’adresser à des non-juifs, probablement helléno-chrétiens d’origine et explique certaines pratiques juives ; donc son audience correspond à un public romain ou païen. Plusieurs éléments permettent de penser que Marc s’adressait à des lecteurs qui ne connaissaient pas bien les traditions juives. Alors il prend souvent le soin d’expliquer les pratiques juives ; ce qui laisse penser que son public n’était pas familier avec elles, par exemple Marc 7,3-4[7] explique le rite de la purification des Juifs. Il fait aussi attention à traduire pour ses lecteurs les mots araméens mis dans la bouche de Jésus en grecque : Boanèrges (3,7), talitha koum (5,41), korban (7,11), ephphatha (7,34), abba (14,36), Eloi (15,34). Cette traduction suggère que le public ne parlait probablement pas cette langue.

Troisièmement, en faveur de cette origine romaine, on évoque parfois 15,21 (et ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs.) où Simon de Cyrène est mentionné comme père d’Alexandre et de Rufus. Cela pourrait indiquer que les destinataires de l’évangile connaissaient ces derniers.

Quatrièmement, pour dire que l’Évangile de Marc a été écrit pour les chrétiens à Rome ou dans l’Empire romain, certains spécialistes lancent l’argument suivant : Marc montre une certaine sensibilité aux autorités romaines et leur explique également des concepts et des termes locaux ; certains mots latins sont employés dans quelques expressions et dans les nombreuses tournures peu grecques et aussi l’utilisation des monnaies romaines.

Enfin, un argument nouveau a été apporté : celui de l’accord entre la langue de Marc et le grec parlé parmi les étrangers à Rome au premier siècle. Ainsi, Marc écrit principalement pour des non-juifs, des chrétiens persécutés, probablement de Rome ou d’ailleurs dans l’Empire romain.

 

Pour conclure, il n’existe pas de preuve absolument certaine que la composition de l’évangile ait eu lieu à Rome. Mais il y a bien quelques bons arguments et surtout une remarquable convergence de différents types d’arguments. Certains proviennent de la tradition patristique ; d’autres de la critique interne du texte. Alors, l’auteur essaie de rejoindre son audience qui manifestement comprend le latin parlé à Rome ; en outre, le vécu des persécutions dont le texte de Marc garde la trace, n’est historiquement vérifié que pour les chrétiens de Rome en l’an 64.

  1. L’introduction de Marc

Maintenant, nous allons voir comment Marc va introduire son évangile. Pour cela, nous allons étudier les premiers versets de Marc (1, 1-13) c’est-à-dire son prologue. Voici le prologue :

01 COMMENCEMENT DE L’ÉVANGILE de Jésus, Christ, Fils de Dieu. 02 Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. 03 Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. 04 Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. 05 Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés. 06 Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. 07 Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. 08 Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » 09 En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. 10 Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. 11 Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » 12 Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert 13 et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.

 

D’après ce prologue, nous constatons que Marc commence son évangile par une fusion des commencements – nous en énumérons une dizaine.

Un commencement brutal

Tout d’abord, Marc nous surprend par un commencement brutal dans son prologue, c’est-à-dire qu’il ne commence ni par la naissance de Jésus comme Luc et Matthieu ou ni par la genèse comme Jean. Marc le commence par sa foi personnelle en « Jésus, Christ, Fils de Dieu ». Cela veut dire que cet évangile est écrit pour inviter les lecteurs à avoir foi en Jésus qui est le Christ aujourd’hui. On peut dire que Marc commence par son ego – ego dans un sens positif, son ego est rempli de Jésus – il commence en proclamant sa foi en Jésus. Ainsi, Marc révèle son but principal : son évangile n’est pas écrit pour avoir une connaissance scientifique sur Jésus mais pour découvrir l’identité messianique de Jésus et pour avoir confiance en lui.

Donc Marc commence avec Jésus adulte et Jean-Baptiste adulte, mais il a fait précéder cela de 3 petits versets qui sont assez extraordinaires : « Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, fils de Dieu, comme il est écrit dans le prophète Isaïe : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. » Ainsi, pour introduire Jean et Jésus, Marc réduit toute l’histoire du salut dans une citation simple qui embrasse toutes les périodes catastrophiques de la première alliance – l’Exode de Moïse, l’exil à Babylone (Isaïe) et le post-exil (Malachie) -.

Non seulement le commencement est brutal, mais aussi, son récit et sa fin révèlent une vitesse littéraire. Marc n’a pas le temps de raconter tous les détails ; il est pressé. Par exemple, il va utiliser « aussitôt » couramment dans son récit (dans ce prologue nous voyons même cette expression deux fois) ; ce qui nous révèle d’un côté son empressement du temps messianique et de l’autre côté l’efficacité du pouvoir messianique.

Un commencement avant :

Donc, selon Marc, cet évangile a déjà commencé à l’ancien testament et il a de nouveau commencé historiquement avec Jésus, et cet évangile va se poursuivre après, avec la prédication qui est confirmée au chapitre 13 verset 10 « Mais il faut d’abord que l’Évangile soit proclamé à toutes les nations. » Donc il y a d’abord un commencement passé, ensuite un commencement avec Jésus, de plus un commencement présent avec les lecteurs et aussi il y aura des commencements dans l’avenir avec la proclamation de l’évangile.

Bien entendu, le commencement dans la bible n’est pas chronologique mais charismatique ; le commencement ouvre un nouveau temps de la grâce de Dieu dans l’histoire de l’humanité. Marc par son expression « commencement » annonce un nouveau temps messianique aux lecteurs.

 

Un commencement précis :

Marc dans son prologue même révèle vite au lecteur une identité totale de Jésus. Jésus est Christ, ça veut dire Messie, Fils de Dieu ; Jean-Baptiste lui est inférieur et donc il est supérieur à Jean Baptiste ; Jésus est le Fils de Dieu par une voix céleste, et il reçoit l’Esprit saint ; cet Esprit le pousse au désert pour avoir une expérience théophanique où il a eu un combat avec Satan dont il devient victorieux. Normalement, on pourrait arrêter l’évangile là. Ici le lecteur sait déjà tout et en même temps, il ne sait rien.

Un commencement prophétique :

Marc commence son évangile par Jean le Baptiste qui comprend une fusion des commencements prophétiques – au moins quatre. Nous avons déjà constaté que cet évangile a déjà commencé dans l’ancien testament, plus précisément chez les prophètes.

Tout d’abord, cette bonne nouvelle était annoncée au temps de Moïse (Exode 23,20 : Voici, j’envoie un ange devant toi, pour te garder en chemin et pour te faire arriver au lieu que j’ai préparé.) Ainsi Jean va précéder comme l’ange devant Jésus, le nouveau Moïse.

Ensuite cette bonne nouvelle s’enracine chez Isaïe plusieurs siècles avant Jésus que cite Marc lui-même. (Isaïe 40,3 : Une voix crie : Préparez au désert le chemin de l’Éternel, aplanissez dans les lieux arides une route pour notre Dieu.) Ainsi Jean devient la voix d’Isaïe, la voix de l’espérance qui proclame la fin de l’exil en Babylonie et invite le peuple à préparer un chemin pour le Seigneur au désert.

De plus, elle était reprise par le prophète Malachie (Malachie 3,1 : Voici, j’enverrai mon messager ; il préparera le chemin devant moi.) Ainsi Jean devient le messager pour annoncer l’arrivée du Christ.

Pourtant Marc prend Isaïe comme la source principale pour la prophétie de Jean car Isaïe s’accorde bien avec son thème : le serviteur souffrant (chapitre 53) qui sera réalisé chez Jean le Baptiste et chez le Christ.

Certes Moïse et Malachie sont en lien avec Isaïe : par Exode 23,20, Marc renforce le rôle de Jean-Baptiste comme l’ange du Seigneur avant Moïse, envoyé pour préparer un chemin pour la délivrance divine. Dans Malachie, le messager précède la venue du Seigneur pour juger et purifier, ce qui est lié à l’attente messianique ou eschatologique ; ainsi Jean devient le prophète eschatologique pour ouvrir le temps messianique.

Finalement, il ne faut pas oublier un quatrième prophète chez Jean, c’est le prophète Elie. Marc habille Jean avec les vêtements du prophète Elie[8]. N’oublions pas aussi la nourriture ascétique de Jean qui nous rappelle la punition de Yhwh au temps de Moïse concernant l’Égypte[9] et aussi la parole de Dieu comme nourriture (le miel) à Ézéchiel[10] à Babylone.

Commencement par la voix

Marc aussi commence par la voix. Toujours tout commence par la voix ; la vie commence par la voix ; la voix est le commencement de la littérature ; la voix s’incarne à l’écriture grâce à l’auteur ; la voix de Jésus, celle de Pierre et celle de la communauté s’incarnent grâce à l’écriture de Marc. Ensuite, la voix exprime les émotions mais l’écriture n’en exprime guère ; la voix est la vie et l’écriture est la mort ; la voix est en motion, la voix est dynamique mais l’écriture bien qu’elle n’exprime pas exactement la tonalité de l’auteur, est intouchable et éternelle.

Pour Marc, il y a une double voix – la voix humaine et la voix divine qui annoncent les passions – la passion humaine et la passion divine ; la douleur humaine et l’amour divin. La voix de Jean s’humilie devant la voix du Messie. La voix humaine est la voix du désert qui présente toute angoisse de l’humanité et la voix divine lui offre son salut ; la voix de Jean crie pour la liberté et la voix de Dieu exprime sa consolation. La voix de Jean comprend la voix de Moïse au désert pour condamner l’esclavage des rois ; elle résonne aussi la voix d’Elie au désert pour condamner la domination de la femme (la reine Jézabel) ; elle rejoint aussi la voix d’Isaïe au désert pour condamner toute forme de l’exil ; enfin elle proclame la voix de Malachie au désert pour condamner toute insulte au culte. Toutes ces angoisses seront guéries par l’amour de Dieu proclamé par la voix céleste qui introduit son Fils bien-aimé. Alors, l’angoisse humaine est toujours le début du salut. Ainsi Marc écrit ce qui se promenait en voix dans la communauté des premiers chrétiens.

Commencement au désert :

Le commencement est aussi le désert. Marc commence sa bonne nouvelle au désert ; ainsi symboliquement il conseille un désert aride à tout homme qui veut écouter sa bonne nouvelle ; dans ce prologue le mot « désert » est employé quatre fois ; cela montre l’importance du désert pour commencer le chemin du Messie. Marc propose une page vierge ou une table rase pour avoir un commencement nouveau destiné au lecteur qui doit vider son être pour y accueillir le Messie. L’évangile de Marc invite le lecteur à désapprendre tout son apprentissage surtout l’apprentissage concernant le Messie ; Marc va donner un nouveau regard au Christ ; il exige de nous de libérer toutes nos pensées concernant le Messie ; ainsi son évangile va tracer un nouveau chemin au « cœur-désert ». Marc prépare ses lecteurs à s’ouvrir à une nouvelle compréhension du Messie en Jésus qui sera un serviteur souffrant contraire à l’attente de son temps. Le lecteur doit se déposséder de toute sa richesse et de sa connaissance pour comprendre l’évangile de Marc. Il faut que le lecteur soit déserté ou abandonné à la main de Dieu.

  • Commencement par le baptême

Marc aussi commence son évangile par le baptême de Jean. Le baptême est toujours un nouveau commencement depuis le temps de Jésus. Déjà à cette époque, dans le judaïsme, le mikvé (étymologiquement une collection d’eau), un bain rituel, était observé pour l’ablution nécessaire aux rites de pureté. L’immersion totale du corps fait partie du processus de conversion des païens au judaïsme. Le verbe baptízein, dans son sens général, se trouve dans la littérature grecque depuis Platon mais la Bible hébraïque, ne l’emploie que quatre fois. Cependant ce n’est que dans le Deuxième Livre des Rois[11] qu’il se réfère implicitement à une purification rituelle. Bien entendu un sens spirituel de l’eau comme une nouvelle vie était rendu aux événements bibliques – le déluge de Noé, la traversée de la mer rouge, l’eau dans le temple chez Ézéchiel -. Mais c’est Jean le Baptiste qui commence un nouveau baptême pour accueillir le Christ – un baptême pour le pardon en confessant des péchés – qui sera radicalisé après le mystère pascal de Jésus Christ qui ouvre le baptême de l’Esprit saint pour les chrétiens.

Donc, à l’époque de Jésus, les juifs pratiquent des baptêmes, en particulier pour les prosélytes, des païens d’origine, qui désirent embrasser la foi juive. Ces personnes devaient recevoir un baptême d’eau tel que les chrétiens le reçoivent aujourd’hui. De la même façon en ce temps-là aussi, il y avait toute une catégorie de personnes qu’on appelle des mouvements baptistes (par exemple, la communauté des Esséniens), qui se trouvaient le long du Jourdain, et qui pratiquaient des rituels d’eau, des baptêmes d’eau où ils espéraient recevoir le pardon de leurs péchés. Ce bain est généralement perçu comme l’origine du baptême chrétien.

Marc nous rappelle trois baptêmes dans son commencement. Premièrement il rappelle le baptême du passé, le baptême du judaïsme – rite d’initiation – pour inclure une personne dans la religion ; deuxièmement il évoque le baptême du présent (temps de Jésus), le baptême de repentance que Jean performe au Jourdain et troisièmement le baptême à venir, celui de l’Esprit saint que les disciples de Jésus feront après sa mort et sa résurrection.

  • Commencement par la conversion :

Le but de l’évangile est de convertir au Christ. Donc dès le début, Marc invite le lecteur à une conversion en confessant ses péchés. Mais il y a une autre conversion importante que l’évangéliste Marc veut souligner – c’est la conversion du regard. En effet, la conversion ou la repentance indiquée par le mot grec « metanoia » dont le premier sens est changement de mentalité, d’intention. Ainsi le lecteur est invité au commencement de l’évangile à poser un regard différent vers Jésus, le Fis de Dieu. Ainsi il y a deux conversions – une conversion au Christ et une autre conversion vers le regard du Christ -.

Une fois que le lecteur aura lu l’évangile entier, il comprendra la véritable identité du Christ qui est totalement contraire l’attente messianique de cette époque et il sera prêt pour se convertir au Christ et pour recevoir le baptême pour devenir l’enfant de Dieu.

Commencement par Père-Fils-Esprit :

Marc commence son évangile aussi par la voix du ciel et par la descente de l’Esprit saint sur Jésus. Même si une foule des repentants se pressait auprès de Jean sur le bord du Jourdain pour recevoir le baptême, uniquement le baptême de Jésus est reconnu par Dieu. Les évangélistes Matthieu et Jean font une mention polémique au début du baptême de Jésus pour maintenir la gloire du Fils de Dieu en Jésus ; saint Luc dit simplement que Jésus priait après son baptême et l’Esprit saint descendait sur lui[12]. Mais l’évangile de Marc, qui nous présente Jésus sous son caractère de serviteur, fait la simple narration de l’acte accompli par Jean. Jésus perçoit que sa mission messianique est confirmée par le ciel. Marc nous dit : 10 Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. 11 Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »[13] Cette théophanie baptismale affirme que Jésus est le Fils bien-aimé de Dieu grâce à la voix du Père céleste et la présence de la colombe-Esprit saint. Ainsi, Jésus en tant que le Fils de Dieu va faire la volonté de son Père, toujours poussé par l’Esprit saint. La bonne nouvelle n’est pas une affaire de Jésus tout seul, mais celle du Dieu trinitaire.

Commencement par une retraite :

Même si Jésus est oint « Fils de Dieu » par la voix céleste lors de son baptême il n’ose pas commencer sa mission tout de suite. Mais « 12 Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert 13 et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient. » Donc Jésus commence sa vie messianique par une retraite spirituelle au désert où il est tenté par Satan mais il est fortifié par les anges et il devient victorieux. La retraite est toujours l’occasion de se purifier du mal et aussi de discerner la mission. Jésus a résisté toutes les tentations présentées par Satan et est resté fidèle à son Père ; également il a discerné la volonté de son Père pour sa mission messianique. Ainsi il sera tout prêt pour annoncer la bonne nouvelle au monde. Par cette retraite de 40 jours, Marc implicitement annonce aussi que Jésus est le nouveau Moïse au désert.

Conclusion

Pour conclure, nous disons que l’évangile de Marc a probablement été écrit par Jean surnommé Marc, trouvé dans le nouveau Testament. Il aurait reçu les détails biographiques de Jésus grâce à son accompagnement avec l’apôtre Simon Pierre et rédigé son texte dans un style modeste dans les années 60 AD à Rome. Son but était d’abord d’encourager les chrétiens hellénistiques persécutés à Rome ou à l’Empire romain, ensuite de révéler la véritable identité de Jésus le Messie et enfin d’inviter les lecteurs à avoir foi en Jésus, le Christ, Fils de Dieu. Alors, bien que son prologue aborde plusieurs thèmes de commencement le point principal est d’annoncer un changement chronologique avec le temps charismatique de Jésus, le Fils de Dieu. Ainsi les lecteurs seront prêts à découvrir la véritable identité du Christ, le Messie souffrant, aux textes suivants.

[1] Bien que la tradition attribue l’Évangile de Marc à Jean Marc, compagnon de Pierre, l’auteur véritable demeure inconnu et fait l’objet de débats parmi les spécialistes. Plus probablement, cet Évangile a été écrit par une personne issue d’une communauté chrétienne à une époque où les souvenirs des événements de la vie de Jésus étaient encore transmis oralement.

[2] Papias a rédigé 5 livres pour défendre le bien-fondé des écrits évangéliques. Il a recours à plusieurs traditions orales pour appuyer ses affirmations. Le souci de Papias est apologétique, mais malheureusement ses ouvrages sont perdus.

[3] Car, d’abord Marc est un nom commun dans l’empire romain. Ensuite, selon Papias, ce Marc ne fait pas partie des compagnons connus de Jésus, il n’aurait ni entendu Jésus ni n’aurait été son disciple. Enfin, la modestie de cette attribution plaide pour un fond de vérité. On a donc de bonnes raisons de croire que ce nom n’a pas été choisi pour des raisons apologétiques. Cependant, il faut tenir compte que Papias dénote un ton apologétique dans la ligne de la position chrétienne orthodoxe de début du IIème siècle qui réaffirmait fortement le lien des évangiles canoniques avec des disciples de Jésus en même temps qu’elle déniait l’origine apostolique des écrits gnostiques. Dans le témoignage de Papias, l’apostolicité de Marc est indirecte et passe par Pierre pour affirmer son authenticité.

[4] Luc 21,20-21: « Quand vous verrez Jérusalem encerclée par des armées, alors sachez que sa dévastation approche. Alors, ceux qui seront en Judée, qu’ils s’enfuient dans les montagnes ; ceux qui seront à l’intérieur de la ville, qu’ils s’en éloignent ; ceux qui seront à la campagne, qu’ils ne rentrent pas en ville »

Mathieu 22,7 : « Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et incendia leur ville. »

 

[5] Marc 2,19-22 : Jésus leur dit : « Les invités de la noce pourraient-ils jeûner, pendant que l’Époux est avec eux ? Tant qu’ils ont l’Époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors, ce jour-là, ils jeûneront. Personne ne raccommode un vieux vêtement avec une pièce d’étoffe neuve ; autrement le morceau neuf ajouté tire sur le vieux tissu et la déchirure s’agrandit. Ou encore, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; car alors, le vin fera éclater les outres, et l’on perd à la fois le vin et les outres. À vin nouveau, outres neuves. »

Marc 12,1-11 : Jésus se mit à leur parler en paraboles : « Un homme planta une vigne, il l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage. Le moment venu, il envoya un serviteur auprès des vignerons pour se faire remettre par eux ce qui lui revenait des fruits de la vigne. Mais les vignerons se saisirent du serviteur, le frappèrent, et le renvoyèrent les mains vides. De nouveau, il leur envoya un autre serviteur ; et celui-là, ils l’assommèrent et l’humilièrent. Il en envoya encore un autre, et celui-là, ils le tuèrent ; puis beaucoup d’autres serviteurs : ils frappèrent les uns et tuèrent les autres. Il lui restait encore quelqu’un : son fils bien-aimé. Il l’envoya vers eux en dernier, en se disant : “Ils respecteront mon fils.” Mais ces vignerons-là se dirent entre eux : “Voici l’héritier : allons-y ! tuons-le, et l’héritage va être à nous !” Ils se saisirent de lui, le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne. Que fera le maître de la vigne ? Il viendra, fera périr les vignerons, et donnera la vigne à d’autres. N’avez-vous pas lu ce passage de l’Écriture ? La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! »

[6] Marc 15,37-39 : Mais Jésus, poussant un grand cri, expira. Le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas. Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, déclara : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! »

[7] Marc 7,3-4 : Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, par attachement à la tradition des anciens ; et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de carafes et de plats.

[8] II Rois 1,8 : « ‘C’était un homme portant un vêtement de poils et une ceinture de cuir autour des reins.’ Il déclara : ‘C’est Élie de Tishbé.’ »

[9] Exode 10,13-14 : « Moïse étendit son bâton sur le pays d’Égypte, et le Seigneur fit lever sur le pays un vent d’est qui souffla tout ce jour-là et toute la nuit. Au matin, le vent d’est avait amené les sauterelles. Des nuées de sauterelles montèrent sur tout le pays d’Égypte et se posèrent sur l’ensemble du territoire. Jamais auparavant et jamais depuis lors, il n’y eut une telle masse de sauterelles. »

[10] Ézéchiel 3,1-3 : « Le Seigneur me dit : ‘Fils d’homme, ce qui est devant toi, mange-le, mange ce rouleau ! Puis, va ! Parle à la maison d’Israël.’ J’ouvris la bouche, il me fit manger le rouleau et il me dit : ‘Fils d’homme, remplis ton ventre, rassasie tes entrailles avec ce rouleau que je te donne.’ Je le mangeai, et dans ma bouche il fut doux comme du miel.

 

[11] II Rois 5,14 : « Il (Naaman) descendit jusqu’au Jourdain et s’y plongea sept fois, pour obéir à la parole de l’homme de Dieu ; alors sa chair redevint semblable à celle d’un petit enfant : il était purifié ! »

[12] Luc 3, 21-22 : « Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : ‘Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie.’ »

Matthieu 3, 14-15 : « Jean voulait l’en empêcher et disait : ‘C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi !’ Mais Jésus lui répondit : ‘Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice. » Alors Jean le laisse faire.’ »

Jean 1, 29-34 : « Le lendemain, voyant Jésus venir vers lui, Jean déclara : ‘Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. Et moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël.’ Alors Jean rendit ce témoignage : ‘J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.” Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »

[13] Cela nous rappelle la prière d’Isaïe : « Oh ! si tu fendais les cieux ! Si tu voulais descendre et que devant toi les montagnes se fondissent…? (64. 1) » Cette prière n’a pas été exaucée durant la période des rois de Juda, ni non plus durant les jours de la dispersion d’Israël. Dieu y répondra plus tard en fendant les cieux pour le jugement eschatologique. Mais, ici, il fend les cieux pour montrer sa grâce dans le don de Jésus. Sur lui le regard divin peut se reposer avec une pleine satisfaction et sur lui aussi peut descendre le Saint Esprit. Sur les disciples, l’Esprit descendra sous la forme de langues de feu, car il y a nécessité de purification (Actes 2. 3). Sur Jésus, l’Esprit descend comme une colombe, car tout en lui est pureté parfaite.